Principaux portails publics  |     | 

Changement climatique - Énergie - Environnement
Vingt eurodéputés dont Claude Turmes présentent un manifeste pour une coopération régionale dans les mers du Nord dans le contexte de l’Union de l’énergie
11-01-2016


north seaLe 11 janvier 2016, Claude Turmes et 19 autres eurodéputés, issus de dix pays bordant les mers du Nord de l’Europe et de cinq groupes politiques (PPE, S&D, ECR, ALDE et Les Verts), ont présenté à la Présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne (UE) un manifeste regroupant un ensemble de propositions pour faire des mers du Nord un espace exemplaire de coopération en matière énergétique, alors que cette question sera justement l’objet d’une réunion des hauts fonctionnaires européens chargés de l’énergie à Amsterdam le 4 février 2016. Ce rapport s’inscrit dans le cadre du projet d’Union de l’énergie présenté par la Commission européenne le 25 février 2015 qui vise à assurer la sécurité énergétique et réduire la dépendance énergétique de l’UE en poursuivant trois objectifs : la sécurité de l’approvisionnement, la durabilité et la compétitivité.

Intitulé "La coopération régionale dans l’Union de l’énergie – Les mers du Nord comme centrale électrique de l’Europe du Nord-ouest", le manifeste entend réaliser un espace de coopération transfrontalière entre États riverains des mers du Nord, notamment en matière d'éolien offshore, en vue de créer des emplois et une croissance durable. "Garantir le développement d’un système adéquat d’énergie tout en réduisant les coûts (des composants, opérationnels, de maintenance et des dispositifs de réseaux) dépendra d’une coopération étroite entre les Etats membres voisins des mers du Nord", peut-on lire dans le préambule du manifeste.

Créer des emplois et de la croissance, assurer la sécurité énergétique et le leadership technologique de l’UE

Pour ce faire, les auteurs appellent les décideurs politiques de leurs pays (Belgique, Danemark, France, Allemagne, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni) à s’appuyer sur les structures existantes (en particulier la NSCOGI, "North Seas Countries’ Offshore Grid Initiative", une coopération gouvernementale visant à développer les réseaux d’éolien offshore dans les mers du Nord), en coopération avec le secteur industriel, les partenaires sociaux et la Commission européenne, et à créer un processus politique de haut-niveau dans le but de faire de la coopération régionale dans les mers du Nord une vitrine pour l’Union de l’énergie.

Pour rappel, dans sa communication sur l’Etat de l’Union de l’énergie adoptée le 18 novembre 2015, la Commission européenne appelle elle aussi à créer un groupe de haut-niveau pour la coopération régionale en mer du Nord et davantage d’initiatives régionales dans les mers du Nord et en Méditerranée.

Dans ce contexte, les eurodéputés insistent sur le déploiement de fermes éoliennes offshore, les énergies renouvelables marines émergentes ainsi que sur l’achèvement d’un réseau électrique maillé qui serait l’épine dorsale de la coopération régionale dans les mers du Nord.

Le manifeste propose en outre un plan d’action pour concrétiser l’appel du Parlement européen, dans son rapport du 17 novembre 2015 sur la réalisation de l'objectif de 10 % d'interconnexion dans le secteur de l'électricité, à un soutien politique fort et à l’approbation du projet de réseau énergétique dans la région de la mer du Nord en vue de créer une "véritable Union de l'énergie".

Selon les auteurs, le développement d’une coopération régionale forte dans la région des mers du Nord permettra de créer des emplois et de la croissance au niveau local, de réduire les coûts et d’assurer la sécurité énergétique et le leadership technologique de l’UE dans l’éolien offshore et les autres sources d’énergies marines renouvelables qui émergent actuellement. Une telle coopération permettra à l’UE de mettre en œuvre et d’accomplir les engagements pris à la conférence de Paris sur le climat (COP21) fin 2015, où les 196 parties sont parvenues à un accord fixant, à partir de 2020, un cadre universel et contraignant visant à contenir la hausse mondiale des températures à 2°C.  

L’éolien off-shore pour faire des mers du Nord la centrale électrique de l’Europe

Dans leur manifeste, les auteurs insistent sur "l’immense potentiel" des énergies éoliennes (on- et offshore) qu’ils voient comme l’un des gagnants dans la course vers une économie faible en carbone. En effet, de nombreux scénarios prévoient que la capacité totale de l’éolien, qui est aujourd’hui de 10 GW en Europe, passe à 70 GW et aille même jusqu’à 100 GW en 2030, rappellent les eurodéputés. Cela fera de l’éolien la quatrième source de production d’électricité et l’une des meilleures options pour arriver à la décarbonisation de l’économie, ajoutent-ils. Quelque 37 fermes d’éolien offshore sont actuellement opérationnelles dans les mers du Nord. Néanmoins, ce secteur est encore "immature" comparé à l’éolien onshore et devra réaliser une réduction significative de ses coûts et des progrès technologiques dans les prochaines années pour pouvoir réaliser ces scénarios.

Les auteurs rappellent également que les mers du Nord présentent le plus grand potentiel, en termes de capacité électrique installée, pour contribuer aux objectifs énergétiques et climatiques de l’UE à l’horizon 2030. En plus de contribuer à la création d’emplois, à la croissance et à l’innovation, les énergies renouvelables dans la mer du Nord stimuleront la sécurité énergétique, réduiront notre dépendance au gaz et au pétrole, tout en accélérant notre capacité à électriser le transport routier, disent les auteurs du rapport.  

Enfin, les eurodéputés précisent que les progrès réalisés dans les mers du Nord profiteront à l’Europe entière et permettront d’accélérer le développement de l’éolien dans les autres régions côtières de l’UE, notamment dans la mer Baltique, la mer Noire, la Méditerranée, et sur la côte atlantique ibérique.

L’interconnexion et les smart grids

Le manifeste se veut un appel à développer les interconnexions puisque selon ses auteurs, plus un marché est interconnecté, plus les prix de gros sont bas, comme c’est le cas sur le marché scandinave (Nord Pool), alors que le Royaume-Uni et l’Irlande sont de mauvais élèves avec respectivement 6 % et 9 % d’interconnexion et des prix de gros de 27€/MWh supérieurs à ceux du Nord Pool. Les auteurs insistent sur le fait que davantage d’interconnexion bénéficiera à tous les Etats membres de la région de des mers du Nord, puisque cela permettra de réduire les coûts causés par l’engorgement.

Un plan d’action en sept étapes

Pour mener à bien cette stratégie, les eurodéputés proposent une série de sept recommandations :

  • Etablir un groupe de haut niveau regroupant les ministres de l’Energie et la Commission européenne, tout en garantissant l’implication des députés européens et nationaux. En parallèle, l’UE devra convoquer des réunions régulières avec toutes les parties prenantes ;
  • Etablir un plan de développement du réseau sur 20 ans en vue de prendre en considération le rôle des énergies marines renouvelables émergentes ;
  • Créer un véhicule financier spécial relié à l’EFSI (le Fonds européen pour les investissements stratégiques, principal élément du plan Juncker pour l’investissement) pour l’éolien offshore et l’infrastructure du câble en vue de réduire les coûts en capitaux ;
  • Réduire la bureaucratie dans les Etats membres en se concentrant sur des normes communes en matière de santé et de sécurité ;
  • Aligner ou au moins mieux coordonner les agendas des Etats membres en ce qui concerne les appels d’offres pour l’éolien offshore ;
  • Exposer les besoins techniques et administratifs dans les Etats membres pour créer un espace commercial de l’électricité dans les mers du Nord ;
  • Soutenir la mise en place d’un centre paneuropéen de test des turbines, en vue de réduire les risques technologiques et les coûts pour la chaîne de distribution.