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Justice, liberté, sécurité et immigration
Le Trierischer Volksfreund donne la parole à quatre eurodéputés luxembourgeois inquiets des conséquences que pourrait avoir une éventuelle suspension des accords de Schengen
05-02-2016


Alors que France Stratégie tentait d’évaluer dans une étude publiée la veille les conséquences économiques que pourrait avoir un abandon des accords de Schengen par les pays européens, l’éventualité d’une fin de Schengen ne cesse de revenir dans l’espace public européen.

Alors que nombreuses voix s’inquiètent contre la menace qui pèse sur les accords de Schengen, mis à mal par la réintroduction temporaire de contrôles aux frontières par plusieurs Etats membres (Allemagne, Autriche, Suède, Danemark et Norvège), la possibilité de prolonger le contrôle aux frontières intérieures a été évoquée  en décembre par les ministres européens de l’Intérieur réunis en Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI) à Bruxelles. Elle l’a de nouveau été en janvier à Amsterdam, où un grand nombre d’Etats membres, dont le Luxembourg, se sont exprimés en faveur de l’activation de l’article 26 du code frontières Schengen permettant aux Etats membres de réintroduire des contrôles aux frontières intérieures pour une durée de six mois renouvelable pour une durée maximale de deux ans. Le 2 février 2016, la Commission a aussi adopté un rapport d'évaluation sur la situation migratoire de la Grèce et la façon dont elle gère les frontières extérieures de l'UE, constatant de graves manquements au contrôle des frontières extérieures de la part de la Grèce. Ce rapport formule un certain nombre de recommandations à la Grèce, et stipule que si, trois mois après l'adoption des recommandations du Conseil, des manquements graves persistent et si les mesures prises s’avèrent insuffisantes pour y remédier correctement, la Commission peut déclencher l’application de la procédure prévue à l’article 26 du code frontières Schengen.

www.volksfreund.deC’est dans ce contexte que, dans un dossier publié dans son édition datée du 6 février 2016, la rédaction du Trierischer Volksfreund, quotidien de la région de Trèves, se penche elle aussi sur les conséquences de la crise des réfugiés sur le rétablissement des contrôles aux frontières au sein de l’espace Schengen, et ce notamment pour la Grande Région. Les journalistes du quotidien ont ainsi interrogé quatre eurodéputés de Rhénanie-Palatinat et quatre des six eurodéputés luxembourgeois.

Viviane Reding (PPE) constate qu’il existe "des problèmes pressants aux frontières extérieures de l’UE" et estime par conséquent qu’il faut "garder le contrôle sur qui entre où, quand et comment dans l’Union européenne". De son point de vue, la libre circulation au sein de l’UE va de pair avec le contrôle aux frontières extérieures  et c’est pour cette raison que des limitations temporaires de la libre-circulation ont été prévues. "Mais elles ne doivent devenir la règle", prévient-elle. "Si les frontières devaient être à nouveau contrôlées sur la durée, cela représenterait une énorme contrainte pour les frontaliers qui travaillent au Luxembourg", s’inquiète l’eurodéputée luxembourgeoise.

Charles Goerens (ALDE) met lui aussi l’accent sur les liens forts qui existent entre la Rhénanie-Palatinat et le Luxembourg, tant du point de vue de l’économie que de la mobilité des travailleurs. Et à ses yeux, "la fin des accords de Schengen par conséquent serait une pure catastrophe" qui aurait des "conséquences dévastatrices sur le marché intérieur européen". "Plus d’obstacles, plus de temps perdu, recul des ventes, ralentissement de la production, emplois menacés", telles sont les conséquences qui découlerait selon lui des "simples exigences populistes des destructeurs de l’Europe".

Claude Turmes (Verts/ALE), insiste lui aussi sur l’importance des accords de Schengen pour le quotidien de nombreux citoyens de la Grande Région et pour sa croissance économique. "Les Etats membres ne vont pas pouvoir résoudre le problème par la dissuasion et le repli, mais doivent enfin faire suivre leurs paroles d’actes", estime l’eurodéputé qui plaide pour "plus de solidarité dans la répartition des réfugiés en Europe". Il appelle à donner de plus de moyens non seulement pour assurer la survie des réfugiés, mais aussi pour leur permettre d’avoir une vie digne là où ils arrivent dans un premier temps , à savoir en Turquie, au Liban et en Jordanie.

Mady Delvaux-Stehres (S&D) se dit pour sa part "consternée et furieuse" de "la discussion qui est lancée sur une éventuelle suspension des accords de Schengen". "Quelqu’un croit-il sérieusement qu’une fermeture des frontières va résoudre le problème des réfugiés ? Ou qu’un pays est plus sûr tout seul qu’en coopérant avec les autres au sein de l’Union", s’insurge l’eurodéputée qui juge que tous les Etats membres  doivent mettre en œuvre les décisions sur les contrôles aux frontières extérieures, sur la répartition des réfugiés et sur les aides financières à la prise en charge des réfugiés.