Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 7 mars 2016 pour faire le point sur la situation en Grèce, à Chypre, ainsi que pour faire le suivi de la mise en œuvre par les Etats membres de leurs projets de budgets.
En ce qui concerne la Grèce, les ministres ont donné leur feu vert à un retour dès le lendemain à Athènes des chefs de la missions des créanciers institutionnels de la Grèce afin de poursuivre les discussions sur la première revue du troisième programme d’aide à la Grèce.
Comme l’a souligné le commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, "les institutions ont travaillé intensément ces dernières semaines – entre elles et avec les autorités grecques - pour préparer ce retour", qu’il a salué comme "une décision encourageante", sans manquer toutefois de mettre l’accent sur le travail qu’il faut poursuivre sur cinq chantiers, à savoir l’établissement du fonds de privatisation et d’investissement, la réforme de l’impôt sur le revenu, la réforme des retraites, la création de l’agence indépendante des revenus et la gestion des prêts non-performants.
Les ministres ont par ailleurs ouvert la voie à une discussion sur la question de l'allègement de la dette publique grecque. Les discussions sur la dette publique grecque font "partie de la solution" aux efforts que le gouvernement grec doit fournir pour respecter ses engagements budgétaires, a ainsi déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. "Cette discussion sera à notre ordre du jour dans un avenir proche", a-t-il ajouté, rappelant la promesse que "si le gouvernement grec remplissait ses engagements, alors nous ferions le nécessaire pour rendre gérable [la dette publique, qui avoisine les 180 % du PIB]. Une discussion attendue "avec impatience" côté grec, ainsi que l’a confié le ministre grec Euclide Tsakalotos à l'issue de la réunion.
Selon Jeroen Dijsselbloem, des différences subsistent sur les efforts budgétaires qui restent à accomplir pour respecter la trajectoire devant aboutir à un excédent budgétaire primaire de 3,5 % du PIB d'ici à 2018, conformément à l'objectif fixé à l'été 2015. En outre, les réformes à accomplir doivent être "approfondies", a-t-il souligné.
Les ministres des Finances ont aussi fait le point sur la mise en œuvre du programme d’ajustement de Chypre qui va toucher à sa fin à la fin du mois de mars. Dans une déclaration, ils affichent leur soutien à la décision des autorités chypriotes de sortir du programme à l’issue des trois années qu’il aura duré sans avoir besoin de nouveau programme. "Chypre a mis en œuvre avec succès nombre de réformes prévues par le programme, y compris une consolidation budgétaire ambitieuse et des réformes structurelles du secteur financier, ce qui a permis au pays de regagner la confiance des investisseurs" et de se financer à nouveau sur les marchés, ont salué les ministres. Ils n’ont toutefois pas manqué de saluer l’engagement des autorités à soutenir l’élan des réformes. En tout, 30 % de l’enveloppe de 9 milliards d’euros prévue dans le cadre du programme seront restés inutilisés.
Les ministres ont fait le point sur le suivi de la mise en œuvre par les Etats membres de leurs projets de budget et des engagements qu’ils avaient pris à ce sujet en novembre 2015. En février dernier, ils s’étaient concentrés sur le cas du Portugal. Les ministres ont fait le point à la lumière des prévisions d’hiver de la Commission, relevant que les projets de budget de sept pays sont considérés comme "risquant de ne pas être en conformité avec les règles du Pacte de stabilité et de croissance", à savoir l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, la Lituanie, le Portugal et la Slovénie.
Le Luxembourg compte pour sa part parmi les quatre Etats membres, avec l’Allemagne, l’Estonie et la Slovaquie, qui sont en conformité avec les règles. Quant aux six autres Etats membres de la zone euro, ils sont considérés comme "conformes dans l’ensemble".
Les ministres de tous les pays se sont à nouveau engagés à veiller à respecter les règles du Pacte. Dans une déclaration dans laquelle ils détaillent leur analyse pour les sept pays jugés "à risque", les ministres se disent prêts à soutenir la Commission dans les démarches qu’elle va entreprendre pour garantir le respect du Pacte de stabilité et de croissance.