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Migration et asile
Les sections luxembourgeoises d’Amnesty International et de Médecins sans frontières appellent le gouvernement à défendre le droit d’asile
29-06-2016


Des réfugiés sur la route des Balkans - mars 2016 - Source: UNHCR/Daniel EtterAmnesty International Luxembourg (AIL) et MSF - Luxembourg ne sont pas d’accord avec le plan d’action présenté le 7 juin 2016 par la Commission qui vise à la création de partenariats de migration et une coopération renforcée avec les pays tiers pour mieux gérer les migrations. Les deux organisations ont appelé le 29 juin 2016 le gouvernement luxembourgeois "à rejeter tout accord qui risquerait d’alimenter des violations des droits humains ou instrumentaliserait l’aide humanitaire au profit du contrôle des frontières". Les deux associations ont également exhorté le Luxembourg "à dénoncer l’accord conclu entre l’UE et la Turquie avec lequel les États européens se sont déchargés de leur responsabilité d’accueillir ceux et celles fuyant les conflits et la persécution."

Pour AI et MSF, "ce nouveau plan d’action trouve son inspiration dans l’accord entre l’UE et la Turquie qui est utilisé comme modèle pour déléguer la responsabilité du contrôle des migrations à des pays tiers". Ils contestent que cette approche soit un succès et critiquent les États qui "refusent de voir le coût humain et les violations des droits humains qui en découlent". Ils évoquent les 8 000 personnes, hommes, femmes et enfants, y compris des centaines de mineurs non accompagnés, "qui sont bloqués sur les îles grecques, coincés dans des camps inadaptés, sans accès suffisant aux services de base, y compris la nourriture, le logement, l'eau, les soins médicaux et psychologiques ou des conseils juridiques que MSF et d'autres ONG tentent de leur fournir".

Alors que l'objectif principal de  l’UE est selon eux "de renvoyer les réfugiés vers la Turquie, le plus rapidement possible", AI estime que le système d’asile a des failles, et qu’y renvoyer des demandeurs d’asile est illégal. AI est convaincu "qu'il est erroné de penser que la Turquie soit à même de respecter les droits et de subvenir aux besoins de plus de trois millions de personnes réfugiées et en quête d'asile".

Pour AI, le paquet financier de l'accord UE-Turquie d’un milliard d'euros pour l'aide humanitaire est moins destiné à suppléer à des besoins en Turquie  qu’une "récompense pour les promesses de contrôle des frontières".

"L’UE est en train de conditionner l’aide humanitaire à des objectifs politiques dans le but de contrôler les flux migratoires. MSF rejette cette instrumentalisation de l’aide humanitaire", a déclaré Paul Delaunois, directeur général de MSF- Luxembourg.

Partant de là, AIL et MSF estiment que "l’accord entre l’UE et la Turquie représente une attaque sans précédent contre ce droit humain" en externalisant l'octroi de l’asile à la Turquie et en remettant ainsi en question l’obligation légale des États d’accorder l’asile aux personnes fuyant la persécution, telle que définie par la Convention de Genève.

Pour les deux associations, "au lieu d’encourager le partage des responsabilités face à une crise migratoire internationale, ce nouveau plan d’action envoie un mauvais signal à toute la communauté internationale".

AI et MSF appellent l’UE et ses États membres à changer radicalement leur politique envers les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants et d’abandonner leur politique de dissuasion. "Au lieu de cacher la souffrance au large des côtes, en dehors des frontières de l’Europe, les gouvernements européens et l’UE devraient accueillir les personnes de telle sorte qu’elles aient au moins une réelle opportunité de demander l’asile",  déclare David Pereira, Président d’AIL.

AIL et MSF demandent "la création de voies migratoires légales et sécurisées comme par exemple les réunifications familiales, les visas humanitaires, la simplification des demandes de visas ainsi que les programmes de réinstallation et relocalisation".

Les deux organisations appellent également le gouvernement luxembourgeois "à dénoncer publiquement l’accord entre l’UE et la Turquie et à ne pas soutenir des accords qui risqueraient d’alimenter des violations des droits humains et instrumentaliseraient l’aide humanitaire au profit du contrôle des frontières" et à "montrer un engagement fort en faveur de l’établissement de voies sûres et légales qui permettraient aux personnes en besoin de protection de rejoindre un lieu sûr".