Le 2 août 2016, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a fait savoir dans un communiqué de presse qu'il souhaitait confier au Britannique Julian King le nouveau portefeuille de commissaire européen pour l'Union de la sécurité. Cette proposition de nomination de l'actuel ambassadeur britannique à Paris fait suite à la démission du commissaire représentant le Royaume-Uni, Jonathan Hill, à la suite du vote des Britanniques en faveur du Brexit. Elle doit encore être approuvée par le Parlement européen et recevoir le feu vert de l'ensemble des Etats membres de l'UE.
Spécialiste des questions de défense, Julian King, diplomate âgé de 51 ans, appuiera la mise en œuvre du programme européen en matière de sécurité que la Commission européenne avait adoptée le 28 avril 2015. Ce programme, qui couvre la période 2015-2020, se concentre sur trois actions principales : la lutte contre le terrorisme et la prévention de la radicalisation, la lutte contre la criminalité organisée et la lutte contre la cybercriminalité. Parmi ses actions principales figurent la création d'un centre européen de la lutte contre le terrorisme, qui aidera Europol à mieux soutenir les actions menées par les autorités répressives nationales contre les combattants terroristes étrangers, le renforcement de la coopération entre les autorités compétentes en Europe, la lutte contre le financement du terrorisme, les contenus extrémistes violents en ligne, une meilleure coopération avec les pays tiers clés pour lutter contre le trafic de migrants, ou encore le réexamen de la législation sur les armes à feu.
"Étant donné qu'il s'agit d'un nouveau portefeuille qui complète des portefeuilles existants, les responsabilités des autres commissaires restent inchangées", est-il précisé dans le communiqué de la Commission. Pour mener à bien cette mission, Julian travaillerait dans l'équipe de projet et sous la conduite de Frans Timmermans, Premier vice-président, chargé de l'amélioration de la réglementation, des relations interinstitutionnelles, de l'Etat de droit et de la Charte des droits fondamentaux. Son travail viendrait en appui et en complément à celui de Dimitris Avramopoulos, commissaire pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté.
Le commissaire pour l'Union de la sécurité serait assisté d'une "task force" composée d'experts de plusieurs directions générales de la Commission et supervisée par le directeur général des affaires intérieures. Cette task force comprendrait notamment des experts des directions générales des affaires intérieures (DG HOME), de la mobilité et des transports (DG MOVE), des réseaux de communication, du contenu et des technologies (DG CONNECT) ainsi que de l'énergie (DG ENER).
"Les attaques terroristes à répétition ont souligné l'importance et l'urgence de faire des progrès rapides vers une Union de la Sécurité opérationnelle et efficace", écrit Jean-Claude Juncker dans sa lettre de mission à Julian King. L'Union de la sécurité proposée par la Commission avait été décrite dans une communication du 20 avril 2016. Le nouveau commissaire aurait notamment pour mission d'identifier "où l'UE peut faire une réelle différence dans la lutte contre le terrorisme, dont la lutte contre le retour des combattants étrangers terroristes". Il devrait également œuvrer à améliorer le partage des informations et des moyens de services secrets, notamment par des initiatives de modernisation du Centre européen de contre-terrorisme et à travers "le développement de systèmes d'échanges d'informations efficaces et interopérables".
Cette proposition a suscité le jour même de sa publication quelques réactions. Pour le groupe Socialistes & démocrates, Gianni Pitella s'est satisfait du choix de Julian King et du fait que les politiques de sécurité et de migration restent séparés en deux portefeuilles distincts.
Guy Verhfostadt, leader du groupe ADLE, a, au contraire, remis en cause le choix d'un Britannique. Non seulement parce que le Royaume-Uni commencera bientôt le processus de quitter l'UE, mais, "surtout, parce que le pays a une clause dérogatoire ("opt out"), déjà ancienne, aux mesures prises par le Conseil Justice et Affaires intérieures, dans un domaine politique crucial pour qui veut sérieusement bâtir une capacité européenne contre le terrorisme. Il serait bizarre de donner un portefeuille aussi important à quelqu'un qui n'est pas incité à encourager l'intérêt européen en général ou plus spécifiquement à renforcer les capacités de sécurité", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"Nous nous réjouissons de la décision", a déclaré la Première ministre Britannique, Theresa May, dans un communiqué par lequel elle assure que le Royaume-Uni "continuera à remplir (ses) droits et (ses) obligations en tant qu'Etat membre jusqu'à ce que nous quittions l'Union européenne". "La sécurité est une question vitale pour l'ensemble des Etats membres. La coopération à travers l'UE peut contribuer à mieux tous nous protéger de l'éventail des menaces auxquelles nous sommes confrontés", a-t-elle également dit selon des propos rapportés par l'AFP.