A la veille de la Journée mondiale de la Jeunesse, l'Office européen de statistiques, Eurostat, a diffusé des données concernant la situation professionnelle des jeunes Européens âgés de 15 à 29 ans, âge de passage net et significatif du monde de l'éducation à celui de l'emploi.
Il y a presque 90 millions de ces jeunes âgés de 15 à 29 ans dans l'UE. Ils "sont dans des situations très diverses, leur participation à l'éducation et à l'emploi variant considérablement selon les États membres et les tranches d'âge", note Eurostat.
A l'intérieur de cette catégorie d'âge, la grande majorité des 15-19 ans (78,5 %) résidant dans l'UE était scolarisée en 2015, tandis que 3,7 % seulement travaillaient. L'inverse était vrai pour les 25-29 ans: la plupart (58,5 %) d'entre eux travaillaient, tandis que 8,2 % d'entre eux suivaient uniquement leurs études. Entre ces deux tranches d'âge, les jeunes de 20 à 24 ans se répartissaient de façon relativement égale entre éducation et emploi (33 % chacun).
"Le pourcentage de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation (NEET) augmente considérablement avec l'âge", note encore Eurostat. La proportion de NEET, qui s'est établie en 2015 à 6,3 % pour la tranche des 15-19 ans, triple quasiment parmi les 20-24 ans pour s'élever à 17,3 % et atteint presque un jeune sur cinq (19,7 %) âgés de 25 à 29 ans.
S'intéressant de plus près à la proportion de NEET parmi les 20 à 24 ans, le communiqué de presse d'Eurostat révèlent que près de cinq millions de jeunes âgés de 20 à 24 ans (soit 17,3% de cette tranche d'âge en moyenne) ne travaillaient pas et ne suivaient ni études ni formation en 2015.
Leur part est la plus élevée en Italie (31,1 %) et en Grèce (26,1 %), suivies de la Croatie (24,2 %), la Roumanie (24,1 %) et la Bulgarie (24 %).
Le Luxembourg a la deuxième plus faible proportion (8,8 %), derrière les Pays-Bas (7,2%) et devant le Danemark, l'Allemagne et la Suède (9,3 % chacun). Ce constat pour le Luxembourg est à nuancer par les constatations faites dans le cadre du Semestre européen 2016. Dans son projet de rapport conjoint sur l'emploi, la Commission européenne a jugé qu’au Luxembourg, "le taux de jeunes relevant de la catégorie NEET a progressé (à partir de niveaux qui sont encore corrects)."
La proportion des jeunes âgés de 20 à 24 ans ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation est restée "relativement stable" dans l'UE dans son ensemble entre 2006 et 2015, en enregistrant une progression de 1 point de pourcentage (à 17,3 %). Toutefois, "d'importants changements sont intervenus au cours de la dernière décennie dans les États membres", fait remarquer Eurostat.
Dans dix d'entre eux, la proportion de NEET s'est réduite, les baisses les plus marquées ayant été enregistrées en Allemagne (de 15,2% en 2006 à 9,3% en 2015, soit -5,9 points de pourcentage - pp), en Bulgarie (-5,3 pp), en Suède (-3,4 pp) et en République tchèque (-2,9 pp). Le Luxembourg figure dans cette catégorie avec une réduction de 0, 6 point de pourcentage (de 9,4 % à 8,8 %).
Dans les dix-huit autres États, la situation s'est détériorée. La proportion de NEET âgés de 20 à 24 ans a augmenté notamment en Italie (de 21,6 % à 31,1 %, soit + 9,5 pp), en Grèce (+ 9,3 pp), en Espagne (+ 9 pp), à Chypre (+ 8,5 pp), en Irlande (+ 7,8 pp), en Croatie (+ 5,4 pp), en Roumanie (+ 5,2 pp) et au Portugal (+4,9 pp). En France, la part des NEET a progressé de 1,7 pp pour atteindre 18,1 %, et en Belgique de 1,2 pp à 17,5 %.
Le cas des NEET est particulièrement suivi dans la lutte contre le chômage des jeunes à l'échelle de l'UE, notamment à travers la mise en place de la Garantie pour la jeunesse. Dans son document, Eurostat renvoie d'ailleurs à une étude publiée par l'Eurofund le 4 juillet 2016 qui expliquait notamment que "les pays dans lesquels des systèmes de Garantie pour la Jeunesse sont bien développés, la part de désengagement à long terme pour des raisons de marché du travail est très peu élevée". Avec 12,5 % de chômeurs de longue durée parmi ses NEETS de 15-24 ans, le Luxembourg figurait parmi ces pays.
Le tableau de statistisques publié par Eurostat révèle par ailleurs une évolution singulière particulièrement observable au Luxembourg, pour ce qui est de la répartition des jeunes de 20-24 ans selon leur occupation durant la période allant de 2006 à 2015.
Ainsi, au Luxebourg, en 2006, 48,9 % de ces jeunes étaient exclusivement dans l'éducation, 37,6 % exclusivement dans l'emploi et 4,1 % dans l'éducation et l'emploi en même temps. Neuf ans plus tard, la part de ceux qui sont uniquement dans l'emploi a fortement baissé, pour atteindre 26,7 %, à la faveur d'une hausse considérable, de 13,1 points de pourcentage (pp) soit la plus forte observée dans l'UE, de jeunes à cheval entre emploi et éducation (17,2 % en 2015). Une évolution similaire des jeunes qui se trouvent à la fois dans l'éducation et l'emploi est constatée en France (+ 7,1 pp à 19,3 %) et en Allemagne (+ 5,8 pp à 30,1 %). La moyenne européenne évolue elle aussi positivement mais dans une moindre mesure (+ 1,5 pp, à 16,9 %), tandis que le phénomène ne s'observe pas en Belgique (- 0,9 pp à 5,2 %).