Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 26 janvier 2017 pour un Eurogroupe qui s’est tenu à Bruxelles sous la présidence de Jeroen Dijsselbloem. Pierre Gramegna y représentait le Luxembourg.
Les ministres ont fait le point sur les progrès accomplis jusqu'à présent dans le cadre de la deuxième évaluation, actuellement en cours, du programme d'ajustement économique de la Grèce, en s'appuyant sur les informations actualisées communiquées par les institutions européennes participant à l'exercice.
Jeroen Dijsselbloem a évoqué avec satisfaction le fait que "l’économie grecque affiche une reprise plus rapide qu’escompté" et a salué "les dynamiques fortes sur le plan budgétaire, avec des recettes meilleures qu’attendu", ce qui fait que la Grèce devrait pouvoir dépasser son objectif budgétaire pour 2016.
Cet optimisme, partagé par le commissaire Pierre Moscovici, a aussi porté sur la perspective de parvenir rapidement à un accord entre les autorités grecques et les institutions à accélérer les négociations afin de s’entendre sur un paquet de réformes politiques qui permettra de conclure cette deuxième évaluation. Ces réformes devraient porter notamment sur le marché du travail et le marché des produits, ainsi que sur le secteur énergétique. Il s’agit aussi de parvenir à trouver un accord sur la stratégie budgétaire de la Grèce à moyen terme, c’est-à-dire pour les années 2018 et au-delà.
Les ministres se sont aussi penchés sur la mise en œuvre des mesures d'allègement de la dette à court terme, que l'Eurogroupe a avalisées lors de sa réunion du 5 décembre 2016 et qui ont été adoptées formellement par l’ESM et l’EFSF le 23 janvier dernier. Comme l’a souligné Klaus Regling, directeur de l’ESM, l’objectif de ces mesures est d’améliorer les conditions de la dette pour la Grèce, ce qui va contribuer à terme au retour de la Grèce sur les marchés financiers. Il n’a pas manqué de souligner aussi que le succès de ce programme dépend de la mise en œuvre des réformes décidées, et, de ce point de vue, il a mis l’accent sur l’importance de la conclusion de la seconde évaluation.
Les ministres ont par ailleurs été informés sur les résultats respectifs de la sixième mission de surveillance post-programme en Irlande et de la cinquième mission de surveillance post-programme au Portugal. Les deux missions se sont déroulées entre la fin novembre et le début du mois de décembre 2016.
L'objectif de la surveillance post-programme est d'établir s'il existe un risque susceptible d'altérer la capacité de l'État membre concerné à rembourser les prêts qu'il s'est vu accorder au titre d'un programme d'assistance financière. La surveillance se poursuit jusqu'à ce que 75 % au moins du montant de l'assistance reçue aient été remboursés.
Ces deux missions ont permis de conclure que l’Irlande et le Portugal sont tous deux en mesure de mesure de rembourser les prêts dont chacun des deux pays a bénéficié dans le cadre de leurs programmes d’aide respectifs.
Pierre Moscovici a mis en exergue la "solide croissance" dont l’Irlande a continué de profiter cette année en dépit des incertitudes occasionnées par le référendum britannique sur le Brexit. Des incertitudes qui appellent selon lui à poursuivre l’approche prudente choisie par le gouvernement en matière budgétaire.
Dans le cas du Portugal, le commissaire a noté une croissance certes plus modérée, mais plus nette qu’escomptée au deuxième semestre 2016, tandis que le marché du travail continue de s’améliorer. Pierre Moscovici a rappelé que la procédure de déficit excessif avait été suspendue et il a plaidé pour poursuivre une stratégie budgétaire prudente, pour agir de façon à réduire la dette des entreprises et pour continuer les réformes visant à améliorer la compétitivité. Jeroen Dijsselbloem a pour sa part noté l’existence de risques importants à moyen terme en soulignant qu’il n’y a "pas de place pour la complaisance". Un appel visiblement entendu par le gouvernement portugais, dont le président de l’Eurogroupe a relevé qu’il était "conscient de ces défis et prêt à y faire face".
L'Eurogroupe a eu un échange de vues sur la présentation, par le Fonds monétaire international, des résultats de la mission intérimaire que celui-ci a effectuée dans le cadre des consultations menées avec la zone euro au titre de l'article IV. Une analyse partagée par les ministres quant aux perspectives économiques de la zone euro et aux défis politiques auquel l’Union monétaire doit faire face.
Le FMI mène chaque année des consultations de ce type avec tous ses membres, qu'il s'agisse d'un pays ou d'une union monétaire, y compris la zone euro, conformément à l'article IV de ses Statuts. Le rapport final issu des consultations devrait être prêt en juin.
Comme l’a relevé Jeroen Dijsselbloem, la croissance de la zone euro se consolide et se répand dans un plus grand nombre de pays, puisque pour la première fois depuis la crise, tous les Etats membres de la zone euro affichent des prévisions de croissance positive. Mais les risques existent, a souligné le président de l’Eurogroupe en évoquant des risques intérieurs liés à une possible instabilité politique, et à des risques extérieurs liés au nouveau gouvernement américain et au Brexit. Il a insisté à ce sujet sur l’importance de "réaffirmer notre soutien continu en faveur du libre-échange dans le monde et en faveur de l’approfondissement du marché intérieur".
L'Eurogroupe a examiné le projet de recommandation du Conseil concernant la politique économique de la zone euro pour 2017. Ils se sont entendus sur le fait que les recommandations pour la zone euro en 2017 doivent porter essentiellement sur la croissance et la création d'emplois, les politiques budgétaires et l'achèvement de l'union bancaire. Le projet de recommandation devait être approuvé par le Conseil Ecofin le lendemain.
L'Eurogroupe a eu enfin une discussion sur les plans budgétaires actualisés de l'Espagne et de la Lituanie, sur la base des avis de la Commission européenne, publiés le 17 janvier 2017.
Les projets de plans budgétaires des deux pays ont été présentés en octobre dernier sur la base d'un scénario de politiques inchangées, car les gouvernements de ces pays ne disposaient pas alors des pleins pouvoirs budgétaires en raison des processus électoraux nationaux qui étaient en cours. Par conséquent, ces deux pays ont dû présenter un plan actualisé après la formation de leur nouveau gouvernement respectif.
A l’issue de leur discussion, les ministres ont soutenu les avis de la Commission, selon laquelle le plan budgétaire de l’Espagne est globalement conforme au pacte de stabilité, tandis que le plan budgétaire de la Lituanie présente un risque de non-conformité avec ces règles.
Pierre Moscovici a relevé que, dans le cas de l'Espagne, "c'est la première fois que la Commission a conclu que le projet de plan budgétaire est globalement conforme", ce qu’il a salué comme "une bonne nouvelle et une avancée".
Pour la Lituanie, Pierre Moscovici a évoqué "une économie qui a des finances publiques assez saines en réalité" et a souligné que l’analyse "pourra changer à "globalement conforme" si les reformes importantes du système des retraites et du marché du travail sont effectivement mises en œuvre, ce qui ouvre la voie à la flexibilité budgétaire demandée pour cette année".