Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis le 6 février 2017 à Bruxelles pour un Conseil Affaires étrangères présidé par Federica Mogherini. Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, y représentait le Luxembourg.
Les ministres se sont tout d’abord penchés sur la situation en Ukraine. Les ministres ont évalué les progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme de réformes en Ukraine au cours de l'année écoulée, ainsi que le soutien de l'UE à la mise en œuvre des accords de Minsk. Les ministres ont salué les importantes avancées faites par l’Ukraine dans son programme de réforme, et notamment en matière de développement socio-économique et de lutte contre la corruption. Mais ils ont aussi exprimé leur inquiétude au regard de la situation humanitaire qui résulte du regain de violence que connaît l’Est de l’Ukraine.
Le Conseil a ensuite discuté de la situation politique en Libye, plus d’un an après la formation du gouvernement d'entente nationale, tout comme de la situation économique et en matière de sécurité.
Dans leurs conclusions, les ministres réaffirment l’importance des "efforts déployés pour stabiliser la Libye" et affirment que "l'UE reste attachée à un règlement politique inclusif dans le cadre de l'accord politique libyen, et demeure résolue à appuyer le Conseil de la présidence et le gouvernement d'entente nationale, dirigés par le Premier ministre Fayez Sarraj et soutenus par les Nations unies". "Tous les acteurs libyens doivent mener, dans un esprit constructif, un véritable dialogue", expliquent encore les ministres, qui soulignent que "la Libye est maître du processus politique et qu'il importe que celui-ci soit ouvert à tous". Les ministres appellent aussi à une force armée unique. "Il importe de toute urgence de fédérer l’ensemble des forces armées sous le contrôle des autorités civiles légitimes, comme le prévoit l’accord politique libyen", déclarent les ministres, rappelant qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit.
Jean Asselborn a rappelé que "pour le Luxembourg, l’accord politique de Skhirat du 17 décembre 2015 demeure valable, mais il doit être mis en œuvre, notamment par un vote d’investiture du Parlement libyen à Tobrouk" et que "l’ensemble des milices non djihadistes doit former un corps unifié et obéir aux ordres d’une seule autorité, le gouvernement d’unité nationale", indique un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et européennes.
Les ministres ont également discuté des moyens de coopérer avec la Libye pour s'attaquer à la migration irrégulière le long de la route de la Méditerranée centrale.
Dans leurs conclusions, les ministres condamnent aussi "les violations des droits de l'Homme commises contre des migrants et demandent instamment aux autorités libyennes de redoubler d'efforts pour améliorer (leur) protection (...), en particulier dans les centres de détention". L'Union européenne, ajoute le texte, "appelle toutes les parties à garantir aux travailleurs humanitaires un accès sans entraves et sûr aux centres".
Alors que la situation humanitaire en Libye reste préoccupante avec 1,3 millions de personnes qui ont besoin d’une aide d’urgence, Jean Asselborn a réaffirmé le soutien du Grand-Duché aux efforts de la mission UNSMIL et de l’Envoyé spécial Martin Kobler afin que l’accord politique soit effectivement mis en œuvre, tout en déclarant que "le Luxembourg accueille favorablement que la communauté internationale essaie d’agir d’une manière plus cohérente et unifiée quant à la Libye, mais plus d’efforts doivent être faits au niveau régional où les acteurs continuent à poursuivre des objectifs différents".
Le Conseil s’est penché sur la situation en Égypte et l'avenir des relations entre l'UE et l'Égypte. Dans ce contexte, les ministres ont également abordé plus particulièrement les migrations, la lutte contre le terrorisme et le rôle de l'Égypte dans la région.
Le Conseil a examiné le processus de paix au Proche-Orient, dans le prolongement du débat que les ministres ont tenu en janvier et compte tenu des derniers événements. Les ministres ont réitéré leurs préoccupations quant aux nouvelles colonies annoncées par Israël et appelé les deux parties à éviter toute mesure qui pourrait conduite à une escalade du conflit.
"Israël a encore annoncé mercredi dernier la construction de 3.000 logements de colonisation en Cisjordanie occupée. Il s'agit de la quatrième annonce du genre en moins de deux semaines. La tendance est très inquiétante" ; a déclaré Jean Asselborn en expliquant qu’"en poursuivant la colonisation, le gouvernement israélien met directement en péril la perspective d'un règlement du conflit israélo-palestinien, la solution à deux Etats risquant même de devenir impossible". Appelant à des "conclusions substantielles" de l’UE en la matière, Jean Asselborn a conclu en rappelant le rôle spécial qui revient à l’UE, "afin de prévenir une nouvelle éruption de violence".