Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis le 12 décembre 2016 à Bruxelles pour un Conseil Affaires étrangères présidé par Federica Mogherini. Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes, y représentait le Luxembourg.
Le Conseil a débuté par une discussion sur l'Afrique dans la perspective du prochain Sommet entre l'Afrique et l'UE qui se tiendra à l'automne 2017. Les ministres ont ainsi discuté des priorités dans les relations de l’UE avec l’Afrique à la lumière des défis qui s’annoncent. Le service de presse du Conseil rapporte qu’ils ont insisté sur le fait que l’engagement de l’UE reste capital pour prévenir les conflits, promouvoir la sécurité, traiter les causes de l’instabilité et gérer les flux migratoires. Si la coopération au développement reste un aspect clef de l’engagement de l’UE sur le continent, les ministres ont aussi souligné l’importance des relations économiques et de l’investissement, sans oublier la nécessité d’aider à créer des emplois, indique encore le Conseil. L’accent a aussi été mis sur la gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme.
Un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et européennes indique que Jean Asselborn a souligné au cours de cette discussion le dynamisme des populations et les opportunités que présentent les économies africaines, notant que "notre partenariat avec l’Afrique doit être un partenariat d’égal à égal et au bénéfice mutuel, en termes socio-économiques, politiques, culturels et humains".
Face aux défis sécuritaires qui menacent la paix et la prospérité, notamment les menaces terroristes, le ministre luxembourgeois a insisté sur l’importance de continuer à fournir aux partenaires africains un appui déterminé, en plaidant pour un "soutien flexible et adapté à la réalité sur le terrain, comme dans le Sahel où l’UE doit continuer à soutenir la coopération du G5, en s’appuyant sur la présence de missions civiles et militaire de l'UE au Sahel".
Jean Asselborn a insisté sur le fait que "la coopération au développement restera importante dans nos relations avec l’Afrique, et une attention accrue au respect de nos engagements en matière de quantité et de qualité de notre aide est indispensable", concluant que "la paix, la prospérité et le partenariat ne peuvent se réaliser que si l’état de droit et les droits de l’homme sont garantis".
Les ministres ont également évoqué la République démocratique du Congo, en faisant notamment le point sur les derniers développements intervenus dans ce pays. Les ministres ont mis à exécution la menace brandie en mai et en octobre dernier en adoptant à l’unanimité des sanctions ciblant sept personnes occupant des positions de responsabilité dans la chaîne de commandement des auteurs de violences qui font ainsi l’objet de mesures restrictives en matière de déplacements et d’un gel des avoirs, avec effet immédiat.
Une déclaration exprimant les "graves préoccupations" de l’UE et des Vingt-huit face à la situation politique a aussi été adoptée en même temps. "Le 19 décembre, date qui marque l'échéance constitutionnelle du mandat du Président Kabila, reste lourd d'incertitudes et de risques, après les récents épisodes de répression et de violations des droits fondamentaux", y indiquent les ministres qui estiment qu’un "nouveau gouvernement allant au-delà de cette date doit fonder sa légitimité sur un cadre politique défini de manière claire et inclusive, faute de quoi les relations avec l'Union européenne en seraient affectées".
Le Conseil y indique que des sanctions supplémentaires pourraient suivre en cas d’obstruction du processus politique ou de nouvelles violences. L’UE espère que ces sanctions seront dissuasives et de nature à inciter le président Kabila à organiser des élections inclusives dans les plus brefs délais.
"En vue de l’échéance du 19 décembre, l’UE appelle les Congolais à faire preuve de retenue et à privilégier la voie du dialogue en récusant toute violence", souligne la déclaration.
"D’ici au 19 décembre, nous craignons vraiment une escalade de la violence. Il faut à tout prix éviter cette violence et ça dépend beaucoup des décisions que le président en place sera amené à prendre dans les prochains jours, c'est-à-dire le respect de la Constitution, l’engagement à ne pas se représenter et tout faire pour organiser de nouvelles élections", avait expliqué le ministre français, Jean-Marc Ayrault. "Je crois qu’un gouvernement qui enfreint la Constitution agit contre son peuple", avait fait valoir Jean Asselborn
Au cours du déjeuner, les ministres se sont penchés sur l'évolution récente de la situation en Syrie. Les ministres ont fait le point sur les derniers développements intervenus sur le terrain, en particulier à Alep et ont procédé à un échange de vues sur la manière de soutenir les efforts que déploient les Nations unies pour faire revenir les parties au conflit à la table des négociations dans le cadre du processus politique mené à Genève. "En Syrie, notre priorité est la protection humanitaire", a indiqué Federica Mogherini qui a assuré que l’UE n’abandonnerait jamais les civils. Le 9 décembre, la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité avait menacé au nom de l’UE les alliés syriens du régime de nouvelles sanctions. "L'UE agira rapidement, conformément aux procédures établies, afin d'imposer de nouvelles mesures restrictives à l'encontre de la Syrie, ciblant les individus syriens et les entités qui soutiennent le régime tant que la répression se poursuivra", avait-elle prévenu. "Nous avons toujours dit qu’il n’existe pas de solution militaire. Or ce qui se prépare, c’est une solution militaire", a constaté Jean Asselborn, qui est cité dans le Tageblatt daté du 13 décembre 2016.
Dans la perspective du Conseil européen du 15 décembre, les ministres ont également discuté des migrations, en se concentrant sur la mise en œuvre des engagements de La Valette, avant de passer en revue les progrès accomplis en ce qui concerne l'approche fondée sur un cadre de partenariat et les pactes par pays.
La session du Conseil a été précédée de la signature de l'accord de dialogue politique et de coopération entre l'UE et Cuba.
À l'issue de la session du Conseil, les ministres ont eu une discussion informelle avec le Président colombien, Juan Manuel Santos, suivie de la signature de l'accord constitutif du Fonds fiduciaire de l'UE pour la Colombie. Ce Fonds, auquel participe le Luxembourg avec 18 autres pays de l’UE, va offrir le cadre à l’octroi d'un nouveau financement à l'appui du processus post-conflit en Colombie.