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Politique étrangère et de défense - Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn à la Chambre des députés : "Le Luxembourg saura jouer son rôle dans la politique étrangère européenne pour affirmer à sa manière sa place dans un monde globalisé"
13-11-2007


Le 13 novembre 2007, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a fait sa déclaration de politique étrangère devant la Chambre des Députés.

Le traité de Lisbonne

Il s’est déclaré soulagé qu’après l’accord de Lisbonne, les jalons pour la continuation du processus d’intégration aient enfin été posés et que dorénavant, l’Union européenne pouvait de nouveau affronter les défis européens et dans le monde : "la sécurité, le changement climatique, la pauvreté dans le monde, les migrations, le développement durable, des défis que nous ne pouvons qu’affronter ensemble".

Le ministre a ensuite passé en revue les innovations du traité de Lisbonne :

  • la personnalité juridique pour l’Union européenne
  • le passage au vote à la majorité qualifiée pour de nombreux domaines politiques, dont des questions relatives à l’espace de liberté, de sécurité et de justice et à la politique étrangère et de sécurité commune
  • le droit de pétition
  • le renforcement des droits des parlements nationaux dans les processus de décision européens
  • la valeur juridiquement contraignante de la Charte des droits fondamentaux
  • le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité qui préside le Conseil des Affaires étrangères et est vice-président de la Commission
  • la création d’un nouveau service européen de l'action extérieure
  • la création du poste de président permanent du Conseil européen
  • la clause sociale horizontale
  • le Luxembourg garde ses 6 députés au Parlement européen
  • le Luxembourg reste le siège des institutions européennes qui y sont établies auxquelles s’ajoute le Registre ferroviaire international

Soulignant que le Luxembourg avait besoin d’une Union européenne forte, Asselborn a exprimé son espoir que le traité de Lisbonne soit ratifié par les 27 Etats membres au cours du 1er semestre 2008.

L’Europe face à la globalisation

L’Europe pourra alors, selon lui, affronter les défis et les opportunités de la globalisation et contribuer à diffuser dans le monde nos normes sociales élevées, nos normes environnementales et notre conception de la protection de la propriété intellectuelle.

L’économie européenne se porte bien, selon Jean Asselborn, et les premiers résultats de la stratégie de Lisbonne commencent à se faire sentir : "une croissance solide, un marché du travail amélioré, de nouveaux accents en matière d’éducation et de recherche." Mais l’économie européenne n’est pas assez compétitive selon le ministre des Affaires étrangères. Il faut mieux former les jeunes, car il y a un manque de forces de travail hautement qualifiées qui freine la croissance européenne. Et la migration de la matière grise vers les Etats-Unis n’est pas encore enrayée. Donc : il faut aller dans la direction d’investir jusqu’à 3 % du PIB dans la recherche et l’innovation et d’attirer vers l’Europe des chercheurs du monde entier.

L’Europe devra également exploiter toutes les possibilités inhérentes à la notion de marché intérieur. Il y a eu l’harmonisation et la reconnaissance mutuelle des normes. "Le principe du pays d’origine est dans ce contexte l’un des facteurs essentiels du succès économique de notre pays", a déclaré Jean Asselborn, en rappelant dans ce contexte les discussions difficiles au Conseil Ecofin de ce 13 novembre. Pas question par contre de pousser la compétitivité en s’attaquant aux acquis sociaux des salariés qui ne seront prêts à s’engager pour des réformes nécessaires que s’ils ont confiance dans le système politique, économique et social. D’où l’engagement du Luxembourg au niveau européen pour un salaire minimum calculé en fonction du PIB de l’Etat membre et au nouveau international pour des normes sociales minimales.

Jean Asselborn a rappelé l’engagement de l’Union européenne pour le développement durable et son rôle important dans la mise en œuvre des protocoles de Kyoto et la continuation de ce processus, pour laquelle elle fera des propositions à Bali en décembre 2007.

Le ministre a mis en garde contre le danger que la privatisation des marchés du gaz et de l’électricité, dont le premier objectif est d’abord la rationalisation de l’approvisionnement et la baisse des prix, ne conduise pas à la constitution de situations monopolistiques au détriment des petits réseaux.

Les questions de l’énergie et de la politique extérieure étant de plus en plus liées, l’Union européenne s’est prononcée au printemps pour une diversification des ressources en énergie du continent et a rappelé le devoir de réciprocité en matière d’énergie à des Etats tiers.

Dossiers de politique étrangère

Selon Jean Asselborn, l’Union européenne est un des rares acteurs globaux capables de s’attaquer aux problèmes de politique étrangère et de sécurité. C’est pourquoi "il faut étendre le projet de paix 'Europe'."

Le ministre a ensuite passé en revue certaines questions sur lesquelles se concentre actuellement l’attention de la diplomatie européenne:

  • le Kosovo : la proposition de l’ancien président finlandais Ahtisaari de conférer au Kosovo le statut d’une indépendance sous surveillance internationale assortie d’une forte présence militaire et civile confiée à l’Union européenne qui garantirait la protection des minorités, notamment de la minorité serbe, a été refusée par la Serbie. "Les négociations de la dernière chance" s’y déroulent jusqu’au 10 décembre prochain. En cas d’échec de ces négociations et en cas de proclamation unilatérale de son indépendance, une grave menace pèse sur la stabilité des Balkans. Le Luxembourg, doit continuer, à l’instar des autres pays européens, à préparer sa participation à des missions dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense.
  • les Balkans en général : les négociations avec la Serbie sur un accord de stabilisation et d’association sont difficiles. Les tensions entre Serbes et Musulmans en Bosnie-Herzégovine bloquent le processus de réformes.
  • le Proche-Orient : L’Europe participe au Quartette. Elle aide financièrement les territoires occupés. Elle mène une mission PESD à Gaza. Elle contribue aux forces de la FINUL au Liban. Elle mène l’initiative UE3 par rapport à la politique nucléaire de l’Iran. Sur aucun de ces dossiers, les tensions sont près de baisser, sauf peut-être pour le conflit israélo-palestinien à la veille des négociations d’Annapolis. Ceci a conduit Jean Asselborn a défendre une politique étrangère qui ne profère pas des menaces de guerre pour atteindre ses objectifs
  • l’Afghanistan oùn il y ava selon Jean Asselborn "de notre sécurité et de nos principes"
  • le Pakistan qui doit retourner selon Asselborn vers la démocratie et un gouvernement civil ;
  • l’Afrique : l’Union européenne soutient des missions de paix au Soudan et s’engage directement, comme au Congo ou bientôt au Tchad. Elle cherche surtout à construire avec l’Afrique un partenariat qui sera le sujet du sommet Union européenne-Afrique des 8 et 9 décembre prochains à Lisbonne.

"Le Luxembourg saura continuer à prendre ses responsabilités et à jouer son rôle dans la politique étrangère européenne pour affirmer à sa manière sa place dans un monde globalisé", a conclu Jean Asselborn.