Pour lui, le plan de la Commission de ce 23 janvier est "l’heure de vérité", car si rien n’est fait, "les émissions de gaz passeront de 27 à 42 milliards de tonnes et la température moyenne augmentera de 6 degrés. Les dommages engendrés par ce processus nous coûteraient dix fois plus que ce plan dont le président Barroso vient de dire qu’il nous reviendra à 3 euros par semaine par semaine."
Lux a qualifié l’état d’esprit du gouvernement luxembourgeois face à ce plan de "résolument positif".. Mais il reste des questions ouvertes dans un plan qui déclenchera de nombreuses contestations et discussions dans les Etats membres, au Conseil et au Parlement européen et qui, lorsqu’il sera en fin de compte finalisé, soit sous Présidence française ou sous Présidence tchèque, ne sera plus le même que celui qui a été rendu public le 23 janvier.
Pour Lucien Lux, le "timing" à court terme est le suivant : une présentation à la Commission de l’Environnement de la Chambre des députés le 12 février, une table-ronde avec les forces vives de la nation le 28 février, une première discussion au Conseil "Environnement" à Bruxelles le 3 mars, et une première discussion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement au Conseil européen des 12 et 13 mars.
Le plan a l’avantage de donner aux différentes économies, aussi bien celles liées par le protocole de Kyoto que celles qui ne sont pas liées par Kyoto, des sécurités de planification. L’objectif de réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 en cas de nouveau protocole global sur le changement climatique montre pour Lux à quel point il est crucial qu’un tel accord multilatéral puisse être un jour signé et mis en œuvre. L’autre objectif, l’augmentation à 20 % de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie, alors que le Luxembourg peut déjà afficher une part de 8,5 %, doit inciter à de nouveaux efforts, « à un exemplarité dans la lucidité. »
Une part de lucidité consiste pour le Luxembourg à soutenir l’introduction d’une taxe-carbone qui frappe les importations de pays tiers, une idée qui est aussi défendue par la France et pour laquelle la Commission préconise 2011 pour le début d’une discussion sur son éventuelle introduction.
Lux a ensuite abordé la question des implications du plan pour le Luxembourg.
L’européisation des obtentions de certificats d’émission par les industries qui sont couvertes par l’ETS est jugée de manière très positive.
Le Luxembourg devra d’autre part réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs non couverts par le système européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre (ETS) de 20 % d’ici 2020, ce qui lui impose le taux de réduction le plus élevé avec le Danemark et l’Irlande.
Ce taux est déduit du PIB par habitant très élevé du Luxembourg - 83 000 euros, obtenus par l’inclusion de la plus-value des frontaliers, et donc surestimé – ce que Lux conteste. A titre de comparaison, les voisins immédiats du Luxembourg sont autrement traités : la Belgique devra les réduire de 15 % la France et l’Allemagne de 14 %.
Autre élément : tout pays pourra recourir à concurrence de 3 % à des mécanismes de flexibilité dans ses efforts de réduction de 20 % des émissions à effet de serre dans le domaine des activités non couvertes par l’ETS, ce qui devrait couvrir pour la plupart des pays 1/3 des réductions.
Dans la mesure où les achats de carburants effectués au Luxembourg sont imputés au Luxembourg, et que ces exportations de carburants entrent dans le bilan CO2 du pays, ces 3 % sont insuffisants et ne couvrent que 1/6 des réductions. Or, le Luxembourg ne peut pas, avec des revenus de plus d’un milliard et demi d’euros liés à ce secteur, réduire aussi rapidement les émissions qui lui sont imputées dans ce secteur. Ces émissions constituent 43 % de ses émissions non couvertes par l’ETS. D’où pour Lucien Lux une réflexion plus globale sur l’avenir de ce secteur dont la croissance stagne, mais dont l’économie luxembourgeoise ne peut pas se passer du jour au lendemain.
"Appréciation politique générale"
En gros, la proposition de la Commission est pour le ministre de l’Environnement "un paquet courageux". Il implique de "grands efforts qu’il faudra livrer". Il faudra néanmoins tenir compte de la spécificité du secteur industriel luxembourgeois et des 43 % d’émissions non couvertes par l’ETS générées par le "Tanktourismus". L’augmentation de 11,5 % supplémentaires d’énergies renouvelables, le deuxième grand objectif à côté des réductions d’émissions, sera un "grand pas en avant". Lucien Lux est cependant d’avis que la question du bio-fuel doit être abordée avec circonspection et qu’il faudra, vu les risques de monocultures et de déforestations, faire attention au prix à long terme du bio-fuel.