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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Politique étrangère et de défense
Le droit à la liberté d’expression est pour Jean Asselborn une valeur fondamentale de l’UE qui est "non-négociable"
10-04-2008


Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères luxembourgeois, a prononcé le 10 avril 2008 une allocution à l’occasion du Colloque international sur le thème "Sharia, Citoyenneté et Droits de l’homme" organisé par l’Université de Luxembourg

Alliance des civilisations contre choc des civilisations

Le ministre a évoqué dans ce contexte le débat soulevé par l’affaire des caricatures danoises et du récent film 'Fitna', signé par le député néerlandais Geert Wilders, et qui pose la question de la liberté d’expression et de la liberté de religion, ainsi que la question de la "diffamation religieuse".

Asselborn a nommé les valeurs fondamentales « sur lesquelles a été fondée l’Union européenne » : la tolérance, la non-discrimination, la liberté d’expression, la liberté de pensée, de conscience, de religion et de conviction.

Son gouvernement, a souligné le chef de la diplomatie, "a toujours soutenu les actions qui visent à promouvoir le dialogue et le respect d’autrui", des actions qui sont en fait de la diplomatie préventive. Asselborn s’est inscrit en faux contre l’idée d’une confrontation entre l’Islam et Occident. » Il ne faut pas confondre Islam et islamisme. L'islamisme cherche à instrumentaliser l’Islam pour couvrir une idéologie qui est celle de l’intolérance et du mépris de l’autre. Plaidons ensemble en faveur d’une conception ouverte et tolérante de toutes les religions ! », s’est-il exclamé.

L’alternative à la confrontation des civilisations, c’est l’Alliance des civilisations et d’autres initiatives similaires prises par l’UNESCO, le Conseil de l’Europe, l’OSCE ou encore la Fondation Anna Lindh dans le cadre du processus euro-méditerranéen. "C’est dans cet esprit que le Luxembourg a soutenu dès le début l’Alliance des civilisations et a rejoint le groupe des Amis de l’Alliance".

 "Diffamation religieuse"

Jean Asselborn a ensuite abordé la question de la "diffamation religieuse". "Le Luxembourg et ses partenaires de l’Union européenne estiment", a expliqué le ministre, "que le concept de diffamation des religions n’est pas à mettre en relation avec la question des droits de l’homme. En matière de droits de l’homme, le droit international assure la protection des individus dans l’exercice de leur liberté de religion ou de croyance, et non pas celle des religions ou des croyances en tant que telles."

Le concept de diffamation pourrait donc être utilisé, selon Asselborn, "pour justifier une limitation, voire même le déni de la jouissance des droits de l’homme par les individus, y inclus la liberté d’expression, sans faire de distinction entre la critique d’une religion en tant que telle, et la protection des individus contre la discrimination basée sur la religion ou la croyance." Or, le droit à la liberté d’expression est pour Jean Asselborn "non-négociable", tout comme l’est le principe de liberté de religion ou de croyance qui comprend le droit d’avoir une religion ou pas, et également le droit de changer de religion.

Liberté d’expression et responsabilité

Malgré cela, Jean Asselborn pense que des actions comme le film de Geert Wilders constituent  une offense et de ce fait un encouragement aux extrémistes de tout bord. Elles suscitent des tensions entre les cultures, polarisent les opinions et renforcent les stéréotypes. D’où sa conclusion : "Toute tentative visant à assimiler l’Islam au terrorisme, à la violence ou aux violations des droits de l’homme, doit être rejetée." Là-dessus, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont été on ne peut plus clairs  lors de leur réunion informelle fin mars. "La liberté d’expression s’accompagne donc d’une responsabilité inhérente à sa jouissance, celle notamment du respect de l’autre", a conclu le ministre. Rappelant que 2008 est l’année européenne du dialogue interculturel, Jean Asselborn a misé sur le dialogue pour combler les écarts de perception.