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Opinion
Rapport national "Eurobaromètre standard 69": Pessimisme économique à long terme et hostilité à l’élargissement des résidents du Luxembourg
11-07-2008


Le rapport national sur le Luxembourg de l’Eurobaromètre standard 69 a été présenté le 11 juillet 2008 lors d’une conférence de presse tenue par Ernst Moutschen, chef de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg et Charles Margue de TNS Opinion & Social, l’entreprise qui a effectué le sondage d’opinion semestriel de la Commission à Luxembourg.

Europaforum.lu avait déjà publié le 24 juin 2008 deux contributions, l'une sur les premiers éléments paradoxaux de ce sondage et sur les questions de valeurs. Le rapport national vient compléter ce tableau.

Les résidents du Luxembourg satisfaits de leur vie

Parmi les éléments nouveaux présentés lors de la conférence de presse, il faut noter que les personnes sondées au Luxembourg sont à 95 % satisfaites de leur vie, contre 77 % en UE. % % ne sont pas satisfaites, contre 22 % en Europe. Le Luxembourg est précédé de manière marginale par le Danemark et les Pays-Bas et se situe au même niveau que la Suède et la Finlande. En cela, la situation n’a guère changé depuis les années 90. Ce taux de satisfaction a baissé en Belgique (87 %, - 3) et en France (78 %, -7). Au Portugal, pays d’où proviennent 15 % des résidents au Luxembourg, ce taux de satisfaction baisse constamment, passant de 62 % en 2006 à 55 % en 2007 et à 52 % en 2008. "Ce taux élevé d’insatisfaction explique du moins en partie la poursuite de l’immigration portugaise au Luxembourg", a expliqué Charles Margue.

Pessimisme économique 

Le sondage a été effectué dans un contexte bien particulier de crise des crédits et d’augmentation des prix, notamment ceux du pétrole et des aliments. Les Européens pensent à 32 % que les prochains 12 mois seront meilleurs et à 59  % que leur vie ne va pas changer.  33 %  des Luxembourgeois sont optimistes, et 54 % pensent que rien ne va changer au Luxembourg. "Une légère inversion de tendance" pour les sondeurs. Et ils soulignent : "Parmi nos voisins, seuls les Français sont plus optimistes que nous et pensent à 40 % que l’année prochaine sera meilleure que celle qui vient de s’écouler."

Pour ce qui est de la situation économique par contre, ils sont nettement plus pessimistes. 46 % (un plus significatif de 20 %) des Européens, 49 % des Luxembourgeois (un plus encore plus significatif de 31 %) croient que la situation économique sera moins bonne. Et le nombre des optimistes au Luxembourg est particulièrement bas avec 11 % contre 16 % en UE.

22 % des Européens (20 % des Luxembourgeois) pensent que la situation financière de leur ménage s’améliorera et 50 % ( 61 % pour le Luxembourg) qu’elle ne changera pas. Là aussi, le nombre des pessimistes qui a augmenté de 8 points.

Pessimisme général en matière d’emploi : en Europe, 39 % (+14 %) des répondants européens, 50 % (+19 %) des répondants luxembourgeois pensent que la situation sera moins bonne.

Les deux problèmes les plus importants auxquels les Européens pensent que leur pays doit faire face sont la hausse des prix et l’inflation et le chômage. Pour les Luxembourgeois, c’est également le chômage, mais en deuxième place, c’est très clairement, avec 37 %, le logement, suivi par les préoccupations autour du système éducatif et de l’emploi.

Le pouvoir d’achat

Pour 62 % des sondés au Luxembourg, le pouvoir d’achat s’est dégradé par rapport à celui d’il y a cinq années. Un quart de la population a des difficultés à payer les factures à la fin du mois, et trois quarts sont d’avis que la vie des enfants d’aujourd’hui sera plus difficile que celle de la génération antécédente. Les citoyens au Luxembourg estiment à seulement 13% qu’ils ont davantage de pouvoir d’achat qu’il y a cinq ans. Une majorité de 62 % des sondés au Luxembourg sont d’avis que, considérant leur pouvoir d’achat, leur situation s’est dégradée dans les cinq dernières années. La même tendance est observable au niveau européen, avec 19 % jugeant que leur situation s’est améliorée contre 5 2% jugeant qu’elle s’est dégradée.

Malgré le fait que les sondés au Luxembourg voient la hausse des prix comme le plus important problème auquel le Luxembourg doit faire face, 71 % n’ont pas de difficultés à payer leurs factures à la fin du mois. Au niveau européen, la moitié des sondés peuvent payer leurs factures sans problèmes. Le Grand-Duché se trouve donc sensiblement au dessus de la moyenne européenne et n’est dépassé que par la Suède (85 %), le Danemark (84 %), la Finlande (79 %) et les Pays-Bas (76 %).

La vie future des enfants

En demandant aux répondants de l’Union européenne s’ils estiment que la vie des enfants d’aujourd’hui sera plus difficile que pour ceux de leur propre génération, on constate une forte majorité d’opinions pessimistes. Le Luxembourg se montre plus pessimiste que la moyenne de l’Union européenne avec seulement 9 % des sondés affirmant que la vie des enfants d’aujourd’hui sera plus facile. Ainsi, le Grand-Duché se place en quatrième position parmi les plus pessimistes, dépassé que par l’Italie (7 %), la France (5 %) et l’Allemagne (4 %).

Taux de confiance dans le gouvernement en baisse, taux de confiance dans les institutions européennes stable

Les institutions nationales bénéficient au Luxembourg d’un taux de confiance assez positif par rapport à la moyenne européenne. Lee gouvernement recueille 55 % d’opinions positives, contre 65 % il y a 6 mois, mais la moyenne européenne n’est que de 32 % avec une tendance continuelle à la baisse. Il y a 6 mois, le gouvernement avait le taux de confiance le plus élevé en Europe. Il n’arrive plus qu’à la 7e place aujourd’hui.

La Chambre des députés reste plutôt stable dans l’opinion publique, avec 55 % d’opinions positives (-1%) et 34 % (+4) d’opinions négatives, le 5e meilleur score en Europe, alors que dans le reste de l’Union, les parlements nationaux enregistrent 58 % d’opinions négatives (+2 %).

Dans un tel contexte, l’Union européenne s’en tire plutôt bien, avec un taux de confiance de 50 % (+2) au niveau européen, et de 55 % (+1) au Luxembourg, et une image positive stable de 48 % (53 % au Luxembourg). Le Parlement européen affiche un taux de confiance de 52 % (59 % au Luxembourg) et la Commission européenne passe à 47 % (-3) en Europe et à 54 % (-1) au Luxembourg.

La perception de l’Union européenne

52 % (- 6) des Européens et 73 % des Luxembourgeois (- 9) pensent que faire partie de l’Union européenne est une bonne chose. 54 % (68 % au Luxembourg, en 12e position) pensent que leur pays a bénéficié de son appartenance à l’Union européenne. Même avec une tendance à la baisse, ces chiffres sont assez positifs.

Ceux qui pensent au Luxembourg que l’appartenance à l’Union européenne est bénéfique invoquent en premier lieu à 46 % (à 37 % en UE) l’amélioration de la coopération entre leur pays et l’autres pays, à 39 % (à 32 % en UE) la contribution de l’UE à la paix et à la sécurité, et à 38 % (à 30 % en UE) la contribution de l’UE à la croissance dans leur pays.   

Ceux qui pensent au Luxembourg que l’appartenance à l’Union européenne n’est pas bénéfique, pensent à 50 % que l’UE (28 % seulement en UE) met en danger l’emploi des habitants de leur pays, à 36 % (28 % en UE) qu’elle diminue le niveau de ses habitants, et à 33 % (26 % en UE) que des questions importantes pour les habitants sont mieux traitées au niveau du pays.  

La tendance à penser que les choses vont dans la mauvaise direction au niveau national est passée de 41 à 45 %, au Luxembourg de 25 à 30%. 32 % (-4) des Européens et 42 % (-6) des Luxembourgeois croient que les choses vont dans la bonne direction dans leur pays.

Au niveau européen, les Européens croient par contre à 42 % (+2) que les choses vont dans la bonne direction. Les Luxembourgeois vont également dans ce sens avec 39 % (+4). En gros, plus de confiance est mise, selon ces sondages, dans l’Europe, mais les Luxembourgeois sont plus nombreux que le reste des Européens (30 % contre 25 %) à être plus pessimistes quant au cours qu’ont pris les affaires européennes.

Quant à savoir ce que l’Union européenne représente personnellement pour les sondés, 57 % des Luxembourgeois ont répondu par « la liberté de voyager, d’étudier et de travailler en Europe » (39 % en UE), 44 % par l’euro (UR 35 %), un chiffre qui accuse un minus de 10 points par rapport à 2007. La paix représente avec 43 % de réponses luxembourgeoises et seulement 26 % de réponses dans l’UE une valeur significative. Mais les Luxembourgeois continuent aussi avec 34 % de leurs citations (seulement 15 % en UE) à associer UE et criminalité de manière frappante.

Les compétences de l’Union européenne selon les répondants au sondage

De quoi doivent s’occuper les gouvernements nationaux, et dans quel domaine les décisions devraient-elles être prises en commun au sein de l’Union européenne ?

Les Européens et les Luxembourgeois sont très clairs sur les domaines suivants, où les décisions devraient être prises en commun au sein de l’Union européenne :

  • la lutte contre l’insécurité (58 % en UE, 70 % au Luxembourg) ;
  • la lutte contre le terrorisme (79 % en UE, 88 % au Luxembourg) ;
  • la défense et les affaires étrangères (64 % en UE, 74 % au Luxembourg) ; 
  • la protection de l’environnement, où 71 % sont pour que les décisions se prennent avec l’Union européenne (72 % au Luxembourg) ;
  • la recherche scientifique et technologique (70 % en l’UE, 90 au Luxembourg, avec ici une augmentation de 8 %) ;
  • le soutien aux régions en difficulté (62 % en UE, 85 % au Luxembourg) ;
  • l’énergie (61 % en UE, 70 % au Luxembourg) ;
  • la concurrence (55 % en UE, 63 % au Luxembourg), avec une tendance à la baisse.

D’autres domaines suscitent des doutes :

  • la lutte contre le chômage avec 57 % (65 % au Luxembourg) pour que les affaires soient menées par les gouvernements nationaux et 40 % (34 au Luxembourg) pour qu’elles soient abordées ensemble au sein de l’Union européenne ;l’immigration, où 58 % des Européens et 53 % des Luxembourgeois pensent que c’est avec l’Union européenne que la question devrait être abordée, mais 38 % en Europe et 45 % au Luxembourg ne pensent pas ainsi ;
  • l’agriculture ; pourtant la plus ancienne des politiques communes, avec 51 % pour des décisions au sein de l’Union européenne, et 44 % pour des décisions de la part des gouvernements nationaux (53 % et 43 % au Luxembourg) ;
  • la protection des consommateurs, avec 46 % pour le niveau national et 50 % pour le niveau européen (48 et 50 % pour le Luxembourg)
  • les transports, avec 48 % (41 % au Luxembourg) pour des décisions par les gouvernements nationaux et 48 % (57 % au Luxembourg) pour des décisions au sein de l’UE ;
  • l’économie avec 49 % (45 % au Luxembourg) pour des décisions par les gouvernements nationaux et 47 % (51 % au Luxembourg) pour des décisions au sein de l’UE ;
  • la lutte contre l’inflation avec 44 % (38 % au Luxembourg) pour des décisions par les gouvernements nationaux et 51 % (59 % au Luxembourg) pour des décisions au sein de l’UE .

Finalement, dans les domaines suivants, les Européens veulent que les gouvernements nationaux continuent à conduire les affaires :

  • les impôts (68 % en UE, 85 % au Luxembourg) ;
  • le système éducatif (66 % en UE, 72% au Luxembourg ;
  • les retraites (73 % en UE, 88 % au Luxembourg) ;
  • la santé, où priorité est donnée avec 64-65 % aux gouvernements nationaux ;
  • la sécurité sociale, avec 67 % en Union européenne et 74 % au Luxembourg avec une tendance à la hausse.  

Le Luxembourg et l’élargissement

Si les Luxembourgeois n’ont aucun problème à soutenir à 87 % (76 % en UE) une politique de sécurité et de défense commune, à 82 % l’union économique et monétaire avec l’euro (60 % en UE) ou à 73 % une politique étrangère commune (68 % en UE), ils ne sont que 33 % à soutenir l’élargissement dans les années à venir (cependant + 8 % par rapport à il y a un an) contre 47 % des autres Européens, et 59 % à s’y opposer (toutefois – 9 points par rapport à il y a un an) contre 39 % des autres Européens. Néanmoins, même si l’opposition des Luxembourgeois à l’élargissement a diminué en un an et que le soutien à l’élargissement a augmenté, le Luxembourg reste, avec la France 60 % contre) et l’Autriche 63 % contre), parmi les trois pays qui sont le plus opposés à l’élargissement.

52 % à 64 % (34 % à 51 % en UE) des Luxembourgeois s’opposent à l’entrée des pays des Balkans occidentaux dans l’Union européenne, 25 % à 38 % sont pour (34 % à 52 % en UE). 52 % (39 % en UE) ne croient pas que l’adhésion de ces pays à l’Union contribuerait à stabiliser cette partie de l’Europe, 40 % y croient (48 % en UE).   

75 % sont opposés à l’entrée de la Turquie (55 % en UE) et 18 % sont pour (31 % en UE). Même si ce pays respectait toutes les conditions établies par l’Union européenne, ils restent 64 % (45 % en UE) à s’opposer à son adhésion, contre 32 % à être pour (45 % en UE).

Une éventuelle adhésion de la Norvège, de la Suisse et de l’Islande serait par contre saluée par plus de 80 % des Luxembourgeois.        

Cette enquête "Eurobaromètre standard" se fonde sur des entretiens en face à face menés par TNS Opinion & Social. Au total, 30 170 personnes ont été interrogées entre le 25 mars et le 4 mai 2008, dont 501 au Luxembourg. Les enquêtes "Eurobaromètre standard" sont réalisées deux fois par an, au printemps et en automne.