Lors du 18e Forum économique qui s’est tenu les 11 et 12 septembre 2008 à Krynica en Pologne, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, Nicolas Schmit, est intervenu comme orateur au cours d’une session spéciale dédiée à Bronislav Geremek. Geremek, ancien ministre des Affaires étrangères de la Pologne, député européen et détenteur du Prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, est décédé le 13 juillet 2008.
Lors de ce discours, Nicolas Schmit a témoigné de son admiration et de son amitié pour cet avocat fervent de l’Europe et de l’Union européenne que fut Bronislav Geremek. Le ministre luxembourgeois a estimé qu’avec Geremek, "l’Europe a perdu une personnalité extraordinaire, un historien qui a vécu à travers l’histoire européenne, depuis son savoir extraordinaire sur le Moyen Age jusqu’aux tragédies du 20e siècle et à la libération et à l’unification de l’Europe".. Pour cet homme politique extraordinaire, le projet d’unification européenne était avant tout "un projet d’une civilisation basée sur des valeurs".
Selon Nicolas Schmit, Bronislaw Geremek a cru dans l’Europe parce qu’il "était plus que personne d’autre familier avec nos racines européennes communes. C’est pourquoi Geremek a considéré la division de l’Europe comme étant très provisoire, une parenthèse dans l’histoire". Plus loin, le ministre luxembourgeois a mentionné le discours que Bronislaw Geremek avait tenu en décembre 2007 à l’occasion de l’adhésion des nouveaux Etats membres à l’espace Schengen à Schengen même. Geremek avait décrit le sentiment de liberté que les citoyens polonais, tchèques, hongrois,… ont découvert lorsqu’ils sont devenus bénéficiaires d’ « un des plus merveilleux droits que l’Europe a créés ». Pour le politique polonais, ce droit de libre circulation devrait être étendu à toutes les nations européennes, et surtout aux jeunes d’Europe.
"Avec Geremek, l’Europe a également perdu un de ses avocats les plus fervents", a regretté Nicolas Schmit, en ajoutant : "Geremek a eu la force de nous faire rêver de l’Europe, une Europe fondée sur la liberté et la solidarité ". A ses yeux, les pensées de Geremek ne devraient pas uniquement nous permettre de comprendre le passé, mais elles devraient également nous aider à mieux percevoir ce qui se passe aujourd’hui et ce qui pourrait arriver demain.
Son intervention fut également pour Schmit l’occasion pour commenter le conflit récent qui a opposé la Géorgie et la Russie : "L’histoire tourne vite aujourd’hui et certainement, les conseils, la guidance et la clairvoyance de Bronislaw Geremek seraient de grande utilité en ce moment critique ", a regretté le ministre. "Il nous a été récemment rappelé que la politique de la force n’est pas une catégorie de pensée ou d’action qui a disparu de notre continent. Mais cela ne devrait pas nous prévenir d’établir une relation d’interdépendance et de partenariat avec tous nos voisins et nos partenaires", a-t-il ajouté. Pour Geremek, qui était un avocat fervent du traité de Lisbonne, un partenariat au 21e siècle ne peut pas aller de pair avec un retour à la politique de la force du 19e et 20e siècle.
Nicolas Schmit a souligné que l’Union européenne doit absolument dialoguer avec ses partenaires, et ce également avec la Russie. Mais aux yeux du ministre, elle doit le faire d’une seule voix, car "notre monde d’aujourd’hui est beaucoup plus dangereux et l’équilibre politique est beaucoup plus fragile que d’aucuns ne veulent bien le croire."