D’entrée, le président du LSAP, Alex Bodry a tenu à rappeler l’importance que son parti attache au scrutin européen. "Lors des élections européennes", a-t-il expliqué, "les citoyens décident de la composition du Parlement européen". Vu le pouvoir croissant que celui-ci a acquis depuis 30 ans, Alex Bodry a souligné qu’"il n’est plus le club de discussions d’autrefois, mais il est devenu un important organe de décision de l’Union européenne". Les élections européennes ne seraient donc pas de deuxième choix, mais de la même importance politique pour le LSAP que les législatives, parce qu’elles influencent les politiques européennes, tant que les politiques au Luxembourg.
Alex Bodry a alors abordé les rumeurs qui ont circulé le jour même sur RTL autour d’un éventuel éclat lors du congrès européen du LSAP. René Kollwelter, candidat socialiste pour les européennes, avait en effet critiqué que Robert Goebbels avait été désigné tête de liste par le comité directeur du LSAP à huis clos et sans la consultation du parti. Du parti socialiste étaient alors partis des reproches que René Kollwelter devait encore une importante somme d’argent au parti. Le président du LSAP a déclaré que "Robert Goebbels est la bonne personne pour être tête de liste et toutes les questions ont été réglées lors d’un entretien amical".
"Le 7 juin 2009 va déterminer les directions dans lesquelles se dirigent l’Europe et le Luxembourg", a ajouté le président du LSAP en soulignant que "ces élections représentent une énorme chance de poser les jalons pour une Europe plus progressive, pour faire de l’Homme le centre des préoccupations et pour construire une société plus juste et plus sûre." Alex Bodry a déclaré qu’il fallait davantage et non pas moins d’Europe dans ces temps de crise, et que l’issue de cette crisse ne peut être qu’internationale, et donc européenne.
Alex Bodry a ensuite abordé les priorités de son parti – et du Parti socialiste européen (PSE) - pour les élections européennes, qui sont l’économie, une Europe plus sociale, le changement climatique, l’égalité des sexes, la politique d’immigration et le renforcement du rôle de l’Europe comme partenaire pour la sécurité et la paix mondiale. En dressant le bilan des cinq ans passés, lors desquelles les partis conservateurs étaient majoritaires au Parlement européen, Alex Bodry a constaté que le mauvais contrôle du marché a causé des dégâts et qu’il faudra désormais "travailler de façon proactive et réformer l’économie pour créer une Europe sociale et capable d’agir". Il a ajouté : "L’ensemble de nos candidats sont prêts à défendre les intérêts du Luxembourg au Parlement européen."
Le président du LSAP a également plaidé pour le maintien des principes de la proportionnalité et de la subsidiarité, ainsi que pour une harmonisation entre les processus de l’élargissement et de l’approfondissement de l’Union européenne. Dans ce contexte, il a dénoncé que l’UE soit le bouc émissaire pour tous les malheurs. "On ne peut plus dire que ‘ce sont ceux de Bruxelles’, parce que tout se décide en accord avec les Etats membres", a-t-il expliqué. "Pour cette raison, il est important que les socialistes aient du poids au Parlement européen pour pouvoir s’imposer en tant que majorité progressive dans les questions sociales."
"Notre objectif est de doubler le nombre de nos représentants au Parlement européen", a déclaré Alex Bodry en ajoutant que "concernant les intentions de nos candidats, nous jouons cartes sur table et nous ne confondons pas les élections européennes avec des élections de la Commission. La tête de liste du CSV, par contre, pense à tout, sauf a siéger au Parlement européen. La tête de liste du DP, pour sa part, aspire à un mandant de ministre au Luxembourg, et l’ADR, qui se veut le parti le plus transparent et le plus démocratique, opère avec des doubles candidatures dans la seule perspective de recueillir un maximum de voix. Ce n’est pas un parti social mais c’est un parti opportuniste sans principes, qui soutient les réactionnaires et les nationalistes au Parlement européen. Il ne doit pas être élu." Et de conclure : "Pour une Europe plus forte : les socialistes !"
Invité d’honneur, le chef du groupe socialiste au Parlement européen, Martin Schulz, s’est chargé de livrer les arguments qui doivent convaincre des électeurs à renforcer la gauche au niveau européen. "L’Union européenne ne doit pas être une fin en soi, mais elle doit redevenir une union de stabilité sociale", a-t-il déclaré. "Le 7 juin devra témoigner de la faillite du néolibéralisme qui a envahi l’Europe ces deux dernières décennies. Il faudra donner un carton rouge aux spéculateurs qui ont perdu l’argent de millions de personnes, en votant rouge." Il a ajouté : "Leur banqueroute financière devra être suivie d’une banqueroute politique", en s’étonnant des déclarations social-démocrates que les partis conservateurs européens font par pur opportunisme. "Angela Merkel sera bientôt accueillie au SPD", a-t-il déclaré non sans ironie, "et les conservateurs peuvent chanter l’Internationale à leurs congrès. Mais s’ils parlent de socialisme, c’est uniquement parce que les gens veulent l’entendre."
Martin Schulz a expliqué qu’il avait déjà revendiqué devant le Parlement européen en novembre 2007 que plusieurs mesures soient prises en vue de réguler le secteur financier, notamment une directive sur les "hedge funds" et les "agences de rating", ainsi que le découplage des salaires des managers par rapport aux spéculations, et l’interdiction de différentes formes de spéculations. "Spéculer avec les prix des aliments peut par exemple mener à une pénurie d’aliments, ce qui engendre des famines dans certains pays. Or, un tel système est pervers." Martin Schulz a ajouté que "les conservateurs et les libéraux, de leur côté, avaient alors jugé peu nécessaire de prendre de telles mesures, mais en novembre 2008, ils ont tout d’un coup voté en grande majorité pour le rapport Rasmussen. Cela a montré que leurs actes ne correspondent pas à ce qu’ils disent." Et il a ajouté : "Qui veut un changement durable doit donc choisir l’original et pas une photocopie."
"Le 7 juin va montrer dans quelle direction se dirige l’Union européenne et quelle vision nous avons" a expliqué Martin Schulz. "Si nous gagnons les élections, nous pouvons introduire la justice sociale en Europe", a-t-il déclaré en ajoutant : "Il faut donner au Parlement européen une majorité de gauche, et si quelqu’un demande où on va, il faut répondre : ‘à gauche !’" Le président du PSE s’inquiète du fait que 19 Etats membres de l’Union européenne aient des gouvernements libéraux-conservateurs, qui sont homophobes comme en Pologne ou qui portent atteinte à la démocratie comme en Italie. Martin Schulz a ajouté que la Commission se compose donc aussi majoritairement de libéraux et de conservateurs. Souhaitant que le 7 juin 2009 permettra à l’Union européenne de rester un projet de paix, il a conclu : "Nous sommes un mouvement fier qui mérite de diriger l’Europe."
Ben Fayot a ensuite donné un bref aperçu des nouveautés engendrées par les modifications de la loi électorale et par des accords conclus entre les partis : listes séparées, ouverture des listes électorales jusqu’au 12 mars 2009 et engagement des candidats à accepter leur mandat de parlementaire européen s’ils sont élus. Suivaient alors un récapitulatif de l’histoire du Parlement européen et la présentation de la liste des candidats du LSAP qui vont se présenter aux élections européennes du 7 juin 2009. "Il n’est pas facile de trouver les bons candidats pour la liste européenne", a-t-il expliqué, "et nous avons beaucoup réfléchi parce qu’il fallait couvrir le territoire national, la parité des sexes, et toutes les classes d’âge".
La liste pour les élections européennes du 7 juin 2009 se compose des candidats suivants : Robert Goebbels (64 ans), député européen et ancien ministre luxembourgeois, Luxembourg. Les autres candidats sont Simone Asselborn-Bintz (42 ans), conseillère communale, Belvaux, Claude Frisoni (54 ans), directeur du Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster, Luxembourg, Ginette Jones (51 ans), assistante sociale auprès de l’ADEM, Aspelt, René Kollwelter (59 ans), professeur, conseiller communal et membre du Conseil d’Etat, Luxembourg et Jos Scheuer (65 ans), député, Echternach. C’est avec une large majorité de 82 % que les 161 délégués ont adopté la liste proposée.
Christophe Schiltz, président des JSL Stad et secrétaire international des JSL, a ensuite souligné qu’"une Europe socialement forte signifie que le Luxembourg est socialement fort." Il a expliqué qu’on n’est pas jugé à l’aune "de ce qu’on dit au Luxembourg mais à celle de ce qu’on fait en Europe", en ajoutant que "le CSV parle d’une Europe sociale mais puis, il se rend à Bruxelles et y soutient Barroso, un président de la Commission libéral-conservateur." Selon lui, "un vote pour le CSV n’est pas un vote pour une Europe sociale."
Marc Angel, député socialiste, a remercié Ben Fayot pour son travail et pour "son enthousiasme contagieux pour l’Europe". Il a souligné que le Parlement européen n’est pas une concurrence pour les parlements nationaux, mais, bien au contraire, qu’ils doivent collaborer. "Il ne faut plus dire ‘ceux de Bruxelles’", a-t-il ajouté, "parce que nous sommes Bruxelles !" En guise de conclusion, il a revendiqué que le message du LSAP soit clair, cohérent et en accord avec ce qui se passe en Europe. Il a ajouté : "Le 7 juin, il doit pleuvoir des roses rouges au Luxembourg et partout en Europe !"
Robert Goebbels, tête de liste du LSAP pour les élections européennes et vice-président du PSE, a révélé l’importance du scrutin européen pour les socialistes après avoir abordé brièvement la politique nationale : "Le Premier ministre luxembourgeois va tout faire pour conserver son mandat et il n’a même pas reculé devant une visite au congrès des Verts allemands, pour donner aux Verts luxembourgeois le signe qu’ils sont des partenaires potentiels pour former un gouvernement. Il faudra donc renforcer les socialistes pour ne pas soutenir cette coalition aventureuse dont rêve le Premier ministre en secret."
Robert Goebbels a expliqué que la Parlement européen, malgré l’absence d’une majorité absolue contre les socialistes, mène une politique libérale de droite et cela "peut s’avérer dramatique". Si l’Union européenne se fait décrier aujourd’hui par certains, c’est "parce que depuis Jacques Delors, les présidents de la Commission ont été soit faibles, soit favorables au libéralisme. Et si les présidents de la Commission sont des conservateurs", a-t-il ajouté, "ce sont Frits Bolkestein et compagnie qui décident ce qui se passe en Europe. Il faut donc plus de socialistes au Parlement européen, et si j’ai décidé de poser ma candidature encore une fois, c’est par volonté de voir deux représentants socialistes luxembourgeois au Parlement européen. Ce serait le couronnement de mon parcours politique."
Robert Goebbels a également attaqué le CSV, estimant malhonnête que Viviane Reding cherche à devenir une nouvelle fois commissaire européenne, "trompant" ainsi l'électeur luxembourgeois puisqu'elle a d'ores et déjà renoncé à son poste de député européen.
Alors que le congrès touchait à sa fin, Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et de l'Immigration, a profité de l’occasion pour souligner que le Luxembourg serait un "no man’s land politique" sans l’Europe et que la philosophie de solidarité internationale du LSAP a besoin d’un important travail pour atteindre son état idéal. Il a revendiqué que l’Europe ne soit pas toujours représentée de façon négative parce qu’elle est leader dans certains domaines. Il a cité les exemples de la coopération, de la lutte contre le réchauffement climatique, de l’euro et de la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen.
"Dans la politique étrangère", a continué Jean Asselborn, "nous devons nous serrer les coudes, sinon nous n’avons pas de chance par rapport aux Etats-Unis et à la Chine." Dans ce cadre, il a répliqué à l’intention de Nicolas Sarkozy de poser des questions au Luxembourg. "Il faut arrêter avec la mentalité du département des Forêts" (n.d.l.r. nom donné au Luxembourg entre 1795 et 1814 par les autorités françaises qui avaient annexé le duché de Luxembourg sous tutelle autrichienne à la fin de l’Ancien Régime). Il a signalé qu’il a, lui aussi, des questions à poser à Nicolas Sarkozy. "Monsieur le Président, savez-vous combien de Français viennent travailler tous les jours à Luxembourg ?", a-t-il demandé. Etant persuadé que Nicolas Sarkozy ne connaît pas la réponse, Jean Asselborn a revendiqué que les petits pays ne soient pas toujours poussés dans leur retranchement. Il a conclu en soulignant "que le Luxembourg ait sa voix à faire entendre en Europe, comme chacun des 27 Etats membres", avant que le congrès européen du LSAP ne se termine sur l’air de l’Internationale.