Le Luxembourg est "prêt à discuter" de l'abolition du secret bancaire dans les pays de l'UE pour les non résidents a indiqué, en réaction à la proposition de la Commission européenne du 2 février 2009, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, lors d’une conférence de presse à Bourglinster le 3 février 2009.
"Bien sûr, le Luxembourg, qui en matière de secret bancaire a une position particulière, est prêt à discuter", a-t-il déclaré, en ajoutant : "Ce débat ne sera pas dramatique. [...] L'Europe est faite d'avancées par étapes ; nous allons participer à ce débat comme à d'autres débats qui ont porté sur la fiscalité où nous avons trouvé un terrain d'accord."
"Moi je défends les intérêts de mon pays lorsqu'ils sont justifiés et les intérêts de l'Europe même s'ils ne le sont pas, parce que l'Europe avance par compromis et par intersections entre les idées des uns et des autres", a-t-il ajouté. Toutefois, a prévenu Juncker, qui est aussi président de l’Eurogroupe, "la Commission aura à répondre à des questions luxembourgeoises et pas seulement le Luxembourg à des questions de la Commission". Sous-entendant ainsi, que son pays pourrait demander des amendements au projet de Bruxelles.
Dans un nouvel effort pour réduire l'évasion fiscale, la Commission européenne a proposé le 2 février 2009 que les États membres ne devraient plus être en mesure d'invoquer le secret bancaire pour refuser de coopérer les uns avec les autres. Cet "élément clé" dans les propositions de la Commission européenne vise en premier lieu le Luxembourg, l'Autriche et la Belgique, les trois Etats de l'UE qui conservent le secret bancaire, et qui ne devraient plus, selon les vœux de la Commission, pouvoir refuser de donner des informations fiscales à d'autres pays de l'UE qui le demandent concernant les contribuables de non résidents.
A noter également que les propositions de la Commission ne concernent pas la Suisse ou le Liechtenstein, alors que, pour les pays de l’Union européenne visés par ces propositions, c’est l’abolition du secret bancaire pour les non-résidents dans tous les pays tiers qui est avancée comme une condition de son éventuelle abolition chez eux.
Dès le 2 février, l'Autriche avait exprimé son opposition à la proposition de Bruxelles visant à abolir le secret bancaire pour les non résidents. "Abandonner le secret bancaire seul n'a pas de sens. Nous sommes contre une solution unilatérale au détriment de l'Autriche", avait déclaré Harald Waiglein, porte-parole du ministère des Finances. Il s'était inquiété de la perte de compétitivité que subiraient les banques autrichiennes par rapport à leurs concurrentes suisses et liechtensteinoises.