Le 30 mars 2009, le Bureau d'Information de Luxembourg du Parlement européen a organisé, en collaboration avec la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg et la ville d'Ettelbruck, un Forum Citoyens sur le thème "Economie verte - Comment concilier respect de l'environnement et développement régional ?" Les intervenants étaient Jean-Paul Schaaf, député-maire de la ville d'Ettelbruck, Robert Goebbels et Claude Turmes, membres luxembourgeois du Parlement européen, Eugène Berger, député, Emile Eicher, président du Syndicat Intercommunal pour la promotion du Canton de Clervaux (SICLER) et Frank Thillen, président de la Denkfabrik Nordstad asbl.

Le but de ces Fora Citoyens est de réunir les citoyens avec le milieu politique européen et national ainsi qu'avec les représentants des associations locales afin de créer un espace interactif où ils puissent dialoguer ensemble des orientations futures de l'Europe. Dans cet ordre d’idées, les citoyens et les responsables politiques ont discuté des politiques climatiques européennes, des énergies renouvelables, de la compétitivité et de la création d’emplois. Parallèlement, ils ont abordé les sujets tels que la décentralisation des administrations de l’Etat, la création de zones industrielles régionales, le transport public au Grand-Duché, le développement régional, les politiques environnementales au niveau communal, les parcs naturels, la rénovation écologique de logements et la création d’une banque "verte".

Claude Turmes : "Nous consommons les ressources de deux planètes"

Claude Turmes a déclaré que "nous sommes dans une situation dans laquelle nous consommons les ressources de deux planètes, même si nous ne disposons que d’une seule. Nous ne pouvons donc pas continuer ainsi, mais nous devons avancer à une plus grande vitesse en ce qui concerne les énergies renouvelables, la construction de maisons énergétiquement efficaces ou les transports publics". Il est d’avis que de nombreuses mesures de protection de l’environnement ont déjà été prises au niveau européen contre les résistances des multinationales, même si celles-ci ont réussi à freiner certaines initiatives du Parlement européen.

Le paquet climat / énergie, sur lequel les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont trouvé un accord en décembre 2008, et qui veut faire de l’UE un des précurseurs en matière de lutte contre le changement climatique, représente selon Claude Turmes une avancée très importante du dossier environnemental. Il pense également que l’Union européenne dispose d’une bonne directive sur les énergies renouvelables et que l’exploitation de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne et du gaz biologique doit être poussée plus loin, aussi en vue de créer des emplois dans les régions rurales.

"Depuis 3 ans, nous voulons rapprocher l’économie et la problématique environnementale au niveau européen par la création du programme pour la compétitivité et l’innovation qui essaye d’interconnecter les réseaux d’information existants des petites et moyennes entreprises, pour les informer sur les moyens d’économiser l’eau et l’énergie et sur les possibilités d’innover", a expliqué Claude Turmes.

Dans ce même ordre d’idées, l’eurodéputé vert va voter à la Commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie du Parlement européen (ITRE) pour que 1,5 à 2 milliards des 5 milliards du plan de relance de l’Union européenne soient mises à disposition des communes, des villes et des régions afin que ces instances puissent isoler leurs bâtiments, développer des énergies renouvelables dans leurs régions et investir davantage dans les transports publics et dans les écotechnologies. "Sachez que la prochaine révolution industrielle va s’articuler autour de l’exploitation efficace des ressources", a souligné Claude Turmes en expliquant que la Corée du Sud va investir 80 % de son plan de relance dans l’environnement et dans les techniques énergétiques. Une telle politique, comparable à celle de Barack Obama, est vitale pour la compétitivité et la création d’emplois, a-t-il souligné.

Robert Goebbels : "On ne peut pas faire disparaître les voitures de notre société"

Robert Goebbels a dénoncé les fausses opinions sur le Luxembourg, comme celle qu’il serait le plus grand pollueur du monde, et il a souligné que beaucoup s’est déjà passé dans le domaine de la protection de l’environnement, notamment par le biais de règlements européens. Il s’est montré favorable à une plus grande exploitation des énergies éolienne et solaire, à l’augmentation de la part des transports public à 25 % d’ici 2020, ainsi qu’au déploiement de plus grands efforts pour économiser les ressources. Il pense cependant qu’il ne faut pas s’adonner aux utopies parce qu’"on ne peut pas faire disparaître les voitures de notre société". Il est également d’avis qu’il ne suffit pas d’ajouter simplement la notion "vert" pour régler les choses.

Robert Goebbels a souligné que le gaz naturel et le pétrole vont s’enchérir à tel point que personne ne veut plus les acheter. Il pense que le charbon est la seule alternative pour les prochains 200 à 300 ans, parce que les énergies éolienne et solaire n’ont pas suffisamment de potentiel. Il a également tenu à souligner que "nous avons besoin des petites et moyennes entreprises, parce qu’elles créent des emplois. Et même si nous utilisons les écotechnologies, il nous faut des zones industrielles."

Conclusion de la rencontre : il faut renforcer le dialogue entre citoyens et responsables politiques

En répondant à un citoyen qui a demandé si nous sommes prêts à payer un prix plus haut pour vivre de façon plus saine, Claude Turmes a expliqué qu’on ne peut plus contester aujourd’hui que certains pesticides causent différents types de cancer. Les vignerons, par exemple, sont souvent atteints d’un cancer. "Ensemble avec Erna-Hennicot Schoepges, un des rares démocrates-chrétiens au Parlement européen qui s’engagent pour la protection de l’environnement, nous avons réussi à faire adopter deux textes sur la production, l’autorisation et l’utilisation durable des pesticides", s’est réjoui Claude Turmes.

L’eurodéputé vert a également plaidé pour que tout soit fait au niveau de la médecine en vue de trouver des médicaments contre le cancer. Il a expliqué que les Verts sont contre les OGM, parce qu’ils estiment trop dangereux de faire des expériences dans les champs sans connaître les conséquences. "Nous devons être beaucoup plus ambitieux au niveau prophylactique, et assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement en veillant à une utilisation sûre des produits chimiques, comme l’exige la directive REACH".

Claude Turmes a tenu à souligner que "nous n’avons plus le temps d’avancer si lentement dans les dossiers de l’énergie et des ressources". Selon lui, l’innovation technique peut nous aider à gagner du temps parce qu’elle peut nous permettre de diminuer le niveau de pollution. Il a ajouté que la législation européenne, votée en décembre 2008, prévoit que les communes et les villes mettent leurs toits à disposition pour des installations solaires. L’eurodéputé vert a également plaidé pour la création d’un "label européen de fonds écologiques, qui pourrait drainer l’Union européenne dans la bonne direction".

Parallèlement à ces discussions sur la protection de l’environnement, les intervenants et les citoyens ont abordé les sujets tels que la décentralisation des administrations de l'Etat, la création de zones industrielles régionales, le transport public, le développement régional, les politiques environnementales au niveau communal, les parcs naturels, la rénovation écologique de logements, la création d’une banque "verte" destinée à financer des investissements écologiques à un taux d'intérêt très bas.

En fin de soirée, tous les participants au Forum Citoyens étaient d’accord sur deux points : tout le monde doit changer de mentalité afin de protéger l’environnement de façon plus efficace, et il faut renforcer le dialogue entre citoyens et responsables politiques.