Au cours d’une conférence de presse, le 19 juin 2009, le nouveau député élu de Déi Lénk, André Hoffmann, a commenté les résultats des élections européennes, ainsi que la place de l’Europe dans les négociations entre CSV et LSAP pour la constitution du nouveau gouvernement. En parallèle, il a prôné une "réorientation plus sociale de l’UE".

Pour Déi Lénk, il n’y a pas eu de déplacement des voix de la gauche vers la droite lors des élections européennes. Le CSV a perdu un large pourcentage de voix, de même l’ADR, qui n’a pas réussi à gagner un siège au Parlement européen, ce dont Déi Lénk se félicitent. En dépit des pertes du LSAP, qui tournent autour de 2,5 %, les autres partis de gauche – Déi Lénk eux-mêmes, les Verts, le Parti communiste et la Biergerlëscht - ont su augmenter leur score de 4 %. André Hoffmann a regretté que les élections européennes continuent à être tenues le même jour que les élections nationales, ce qui empêche selon lui "un vrai débat européen", qui "se déroule toujours à l’ombre du débat national".

En ce qui concerne les négociations entre les partenaires de la coalition gouvernementale, André Hoffmann s’est étonné que celles-ci ne soient pas consacrées pour un quart aux questions européennes, puisque 80 % des décisions prises au Luxembourg découlent d’initiatives qui sont d’abord prises au niveau européen.

Pour Déi Lénk, une "réorientation de l’UE" est nécessaire. Les deux volets principaux de leur politique européenne sont le fonctionnement démocratique et la dimension sociale de l’UE.

André Hoffmann pense que l’UE ne fonctionne pas de manière démocratique, comme l’a, selon lui, prouvé le débat autour de la directive temps de travail, décidée par le Conseil des ministres, mais qui a échoué au Parlement européen. Pour André Hoffmann, le PE doit devenir un vrai parlement avec de vraies prérogatives législatives et doit être placé au-dessus de l’exécutif qu’est le Conseil, ce qui n’est pas le cas selon lui. (Selon les traités, PE et Conseil ont des fonctions législatives, n.d.l.r.)

Au niveau social, André Hoffmann pense que l’UE devrait réussir à imposer des standards minima élevés, tant pour ce qui est du salaire minimum que de ce qui est dans le domaine de la sécurité sociale. Par ailleurs, il pense que l’UE doit arriver un jour à adopter une Charte des services publics. Sans ces mesures, l’UE dérivera vers "le dumping social et écologique".

"Les mesures européennes prônées par Déi Lénk ne doivent pas être comprises comme des mesures d’accompagnement de la politique actuelle", a déclaré André Hoffmann, voulant ainsi éviter toute méprise. "Ces mesures doivent au contraire servir une refondation de l’UE." C’est pourquoi André Hoffmann ne comprend pas pourquoi l’ont s’acharne à vouloir faire passer le traité de Lisbonne qui est "d’inspiration néolibérale et porte la main de Barroso". Pour le député de la Gauche, "il faut tirer les leçons de la crise, stopper le processus de ratification du traité de Lisbonne et reprendre la négociation sur un nouveau traité qui serait basé sur une réorientation plus sociale de l’UE".