Le 18 janvier 2010, les ministres des Finances de la zone euro ont décidé, à l'unanimité, de reconduire à la tête de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Ce nouveau mandat va durer deux ans et demi, et, comme il l’avait fait savoir dans une lettre adressée aux ministres des finances quelques jours avant sa reconduction, le président de l’Eurogroupe entend faire jouer à ce forum économique désormais institutionnalisé par le traité de Lisbonne un plus grand rôle en matière de coordination des politiques économiques. Il plaide aussi pour que l’Eurogroupe soit représenté au sein du G 20.
Le Tageblatt a publié dans son édition du 19 janvier 2010 les réactions, à chaud, d’hommes politiques luxembourgeois.
Pour Jean Asselborn, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, la reconduction de Jean-Claude Juncker au poste de président de l’Eurogroupe est une "bonne nouvelle" à laquelle il s’était préparé. A ses yeux, la nomination d’un Luxembourgeois à ce poste est importante pour le pays, mais elle est aussi bonne pour l’Europe, car il s’agit là d’un homme qui sait qu’un équilibre des forces qui n'exerce pas trop d'influence politique, par exemple sur la Banque centrale européenne, est nécessaire.
François Bausch trouve, "naturellement" précise-t-il, bon pour le Luxembourg que le Premier ministre ait été reconduit à la tête de l’Eurogroupe. Mais, selon lui, il ne faut pas pour autant surestimer le poste de président de l’Eurogroupe. Le président du groupe parlementaire Déi Greng trouve certes juste la stratégie présentée par Jean-Claude Juncker qui vise à mieux coordonner les politiques économiques, mais il souligne aussi que les décisions importantes ne sont pas nécessairement prises par l’Eurogroupe.
André Hoffmann estime quant à lui que savoir si la reconduction de Jean-Claude Juncker est bonne pour le Luxembourg ou pas dépendra surtout de la politique que ce dernier mènera dans le cadre de ces fonctions. Pour le député du parti déi Lenk, il y a "un monde" entre les déclarations en faveur de politiques sociales du Premier ministre et ses actes, y compris au niveau européen, et il espère donc que Jean-Claude Juncker s’engagera, dans la pratique, en tant que président de l’Eurogroupe, pour une Europe plus sociale et plus juste.
Claude Meisch, président du DP, a jugé que cette nomination n’était pas vraiment une surprise. Elle vient à ses yeux confirmer le travail du Premier ministre Juncker dans ses efforts pour toujours plus de compromis. Pour le président du DP, le poste de président de l’Eurogroupe n’apporte pas grand-chose, directement, au Luxembourg, comme en témoignent, selon lui, les débats sur l’échange d’information et la retenue à la source. Ce qu’il espère surtout, c’est que le président de l’Eurogroupe ait encore assez de temps pour faire son travail de Premier ministre en ces temps difficiles.
Jean-Louis Schiltz, président du groupe parlementaire chrétien-social, a pour sa part parlé de la nomination de Jean-Claude Juncker comme d’une "bonne décision pour l’Europe et pour le Luxembourg". Sa reconduction, Juncker la doit selon Jean-Louis Schiltz au bon travail qu’il a mené par le passé mais aussi aux idées qu’il a présentées en vue de développement du travail de l’Eurogroupe.
Le CSV a d’ailleurs salué par voie de communiqué la reconduction de Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe. Le vote unanime des ministres des finances apparaît aux yeux du CSV comme la preuve de la confiance qu’ils accordent aux compétences et à l’expérience de Jean-Claude Juncker pour contribuer à sortir l’Europe de la crise. Quant aux objectifs ambitieux que s’est fixés Jean-Claude Juncker en termes de renforcement de la coordination des politiques économiques et de représentation de la zone euro sur la scène internationale, le CSV est convaincu que l’Eurogroupe pourra les atteindre sous "la direction décidée" de Jean-Claude Juncker. Selon ce communiqué, sa nomination donne par ailleurs de la visibilité au Luxembourg sur le plan international.