Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Fiscalité
Dans un entretien accordé au Handelsblatt, Luc Frieden s’exprime sur les sujets qui font l’actualité financière : crise grecque, succession à la présidence de la BCE et achat de données fiscales
Aider financièrement la Grèce en cas de nécessité ? Pour Luc Frieden, "nous n’avons pas d’autre choix"
26-02-2010


Luc Frieden sur le site web du HandelsblattDans un entretien publié dans le quotidien économique allemand Handelsblatt le 26 février 2010, le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, a répondu aux questions du journaliste Oliver Stock. Les grands sujets qui font l’actualité financière ont ainsi été abordés par le ministre et son homologue du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, Helmut Linssen. Luc Frieden a donc pu s’exprimer sur la crise grecque, sur la succession à la présidence de la BCE ainsi que sur l’achat de données fiscales par les autorités allemandes.

Aider financièrement la Grèce en cas de nécessité ? Pour Luc Frieden, "nous n’avons pas d’autre choix"

Quand Olivier Stock lui demande s’il est inquiet au vu de la situation en Grèce, Luc Frieden est lapidaire : "La Grèce va faire ses devoirs et mettre en œuvre un plan d’économies", et lorsque le journaliste lui demande d’où il tire cette confiance, il répond "nous allons contrôler la Grèce intensivement".

Partisan connu de la plus grande rigueur budgétaire, Luc Frieden estime que "tous les Etats membres de l’Union monétaire sont conscients du fait que l’euro les a beaucoup aidés parce qu’il est stable" et il rappelle que c’est à cette fin que chaque Etat membre est tenu de respecter les règles de la zone euro. Ainsi, quand il s’agit de jauger la menace qui pèse sur l’euro, Luc Frieden se montre volontariste : "Nous ne permettrons pas que la Grèce ne devienne un risque pour la zone euro".

Pour ce qui est de savoir si les pays de la zone euro sont prêts à apporter une aide financière à la Grèce en cas de nécessité, Luc Frieden rappelle que "l’Europe est une communauté solidaire". Aussi, "nous n’avons pas d’autre choix".

L’endettement de la zone euro a atteint aux yeux du ministre luxembourgeois "un niveau qui, à moyen terme, est trop élevé" et il faut donc y remédier "pour ne pas imposer aux générations futures l’immense charge d’une montagne de dettes".

Quant aux spéculations sur les emprunts d’Etat, Luc Frieden trouve "dommageable le fait que chaque jour on spécule sur les marchés sur un nouveau pays". Car de toute façon, selon lui, "aucun pays de la zone euro ne fera faillite".

Présidence de la BCE : "Un chef allemand ne poserait aucun problème. Bien au contraire", déclare Luc Frieden

Le journaliste n’a pas manqué d’aborder la question de la succession au poste de président de la Banque centrale européenne (BCE) occupé jusqu’au mois d’octobre 2011 par Jean-Claude Trichet. Le sujet avait pris toute son actualité lors de la nomination par les ministres des Finances européens du Portugais Vitor Constancio en tant vice-président de la BCE. Jean-Claude Juncker, fervent défenseur de la candidature du Luxembourgeois Yves Mersch à ce poste, avait alors dénoncé des calculs politiques de courte vue et annoncé qu’il ne "plaiderai[t] pas à tout prix pour que l'Allemagne obtienne le poste de président de la BCE".

Luc Frieden s’est montré pour sa part très ouvert sur la question. "Quand la question se posera, les bons candidats ne manqueront sans doute pas. Un chef allemand ne poserait aucun problème. Bien au contraire. Un Allemand ne serait sans doute pas mal, tant pour la BCE que pour l’Europe", a-t-il ainsi répondu au journaliste du Handelsblatt qui voulait savoir qui devrait selon lui succéder à Jean-Claude Trichet.

Achat de données fiscales : il importe aux yeux de Luc Frieden de ne pas porter atteinte à la libre circulation des capitaux dans l’UE

Interrogé sur l’achat de données fiscales, sujet soulevé par le journaliste dans la perspective du feu vert donné par le ministre Linssen à l’achat de CD provenant de Suisse et contenant des informations sur des fraudeurs fiscaux présumés, Luc Frieden en a dit plus que dans la réponse qu’il avait adressée le 15 février dernier à une question parlementaire du député Carlo Wagner. Ce dernier lui demandait quelle était son "attitude face à l'intention du gouvernement allemand de s'adonner au recel pour être en possession de données volées pour menacer de poursuite des citoyens allemands". Luc Frieden avait répondu qu'il n’estimait pas "opportun de se prononcer sur une question qui relève de la seule compétence des autorités allemandes sur base du droit allemand et qui concerne un dossier entre l'Allemagne et la Suisse".

Dans son entretien au Handelsblatt, Luc Frieden précise maintenant sa position. "J’ai une grande compréhension pour tout ministre des Finances qui insiste pour que les citoyens paient leurs impôts", y explique-t-il avant de préciser que, "en tant que juriste et ancien ministre de la Justice, j'ai cependant mauvaise conscience quand il s’agit d’avoir à faire à des gens qui ont commis un vol". Pour Luc Frieden, il importe que, dans l’UE, "il soit assuré que tout citoyen, où qu’il place son argent, paie des taxes sur les bénéfices qu’il en tire". Il s’agit à ses yeux de ne pas porter atteinte à la liberté de circulation des capitaux et pour ce faire, un impôt à la source sur les revenus de l’épargne, tel qu’il est pratiqué au Luxembourg, est une solution.

Dans sa réponse, Luc Frieden rappelle par ailleurs qu’un avenant à la convention de non-double imposition entre le Luxembourg et l’Allemagne rend possible, sur demande, l’échange d’informations entre les administrations fiscales. Si cet accord, signé le 11 décembre 2009, n’est pas encore entré en vigueur, il n’en reste pas moins que "la protection de la sphère privée est un principe important" aux yeux du ministre luxembourgeois.