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Institutions européennes - Economie, finances et monnaie
A l’occasion d’un Conseil européen informel en grande partie consacré à la situation financière grecque, les chefs d’Etat et de gouvernement en appellent aux principes de responsabilité et de solidarité
11-02-2010


Jean-Claude JunckerRéunis à l’occasion d’un Conseil européen informel qui avait été convoqué par Herman Van Rompuy en décembre dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se sont vus obligés, au vu de l’actualité, de bouleverser quelque peu l’ordre du jour qui avait été prévu. L’objectif était en effet de discuter de la stratégie économique à long terme de l’UE, sujet sur lequel le Premier ministre Jean-Claude Juncker avait d’ailleurs exprimé ses vues dans un entretien au Wort juste avant le Conseil. Pourtant, la question est passée "à l’arrière plan", comme l’a regretté Herman Van Rompuy en raison des évolutions dans l’Eurozone.

Les chefs d’Etat et de gouvernement affichent leur soutien à la Grèce et en appellent aux principes de responsabilité et de solidarité

C’est en effet la question de la Grèce, dont la dette publique fait l’objet d’une préoccupation certaine en raison de spéculations sur l’incapacité du pays à la rembourser, et, par conséquent, de la stabilité financière de la zone Euro qui ont occupé le devant de la scène. Les chefs d’Etat et de gouvernement, après des consultations menées par téléphone la veille à l’initiative de Jean-Claude Juncker, puis en cercles restreints dans la matinée du 11 février, se sont finalement mis d’accord sur une déclaration qui appelle à la responsabilité de chacun des Etats tout en assurant la Grèce de leur solidarité.

Les chefs d’Etat et de gouvernement y affirment leur plein soutien aux efforts du gouvernement grec et à son engagement de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l'adoption de mesures additionnelles, pour garantir que les objectifs ambitieux définis dans le programme de stabilité pour 2010 et les années suivantes soient atteints. L’objectif qu’ils fixent est une réduction du déficit budgétaire grec de 4 % en 2010.

Le jour même, le Premier ministre grec Georges Papandréou s'est dit prêt à faire des économies budgétaires "supplémentaires" si nécessaire. Selon l’accord trouvé, Athènes fera l'objet d'une surveillance mensuelle de la Commission européenne mais aussi de la Banque centrale européenne et du FMI.

"Le message que nous voulions faire passer, c’est que la Grèce n’est pas seule et isolée", a déclaré Jean-Claude Juncker qui est cité dans l’édition du Tageblatt du 12 février 2010. Partant "du principe que l’engagement du gouvernement grec va convaincre les marchés", le Président de l’Eurogroupe estime en effet que "ce qui importe, c’est que les pays de la zone euro soient prêts à venir en aide à la Grèce en cas de nécessité".

Les pays de la zone euro se sont ainsi mis d'accord sur les grandes lignes des modalités d'aide financière à la Grèce en cas de besoin, qui pourraient inclure des prêts coordonnés. Si les accords obtenus devront être "affinés", ainsi que l’a déclaré à la presse le Premier ministre luxembourgeois à l’issue du Conseil,  il a précisé que "dans le cas où nous aurions besoin de mener une action coordonnée, nous savons quel instrument nous devrons utiliser" au sein de l’Eurogroupe.

Une telle aide, qui "ne doit pas être envisagée aujourd’hui", n'interviendrait que dans le cas où la Grèce aurait "pris toutes les mesures nécessaires", et que les marchés continueraient à "ne pas réagir de la façon attendue", a-t-il expliqué. Dans ce cas, les pays de la zone euro mèneraient une action "déterminée et coordonnée", qui "inclurait tous les Etats membres de la zone euro", a-t-il indiqué, et qui "pourrait prendre la forme par exemple d'efforts bilatéraux coordonnés".

Jean-Claude Juncker a cependant précisé que cette action coordonnée n’inclurait pas d’instrument européen à l’image des euro-obligations pour lesquelles il avait plaidé fin 2008 sans que cette idée d’emprunts lancés en commun par plusieurs pays  n’ait été alors retenue. "Inventer du jour au lendemain un instrument de ce type alors que nous avons besoin d'une action déterminée et coordonnée au niveau de l'Eurogroupe me paraît être une mauvaise solution", a-t-il expliqué.

De même, tout recours à une aide du FMI a été exclu. Comme le rapporte le Tageblatt, Jean-Claude Juncker a en effet clairement affirmé "it’s our business".

Le FMI a d’ailleurs salué, tout comme la BCE, l’engagement des dirigeants européens. La question reviendra sur la table des ministres des Finances de la zone euro dès la réunion de l’Eurogroupe du 15 février 2010.

Herman Van Rompuy entend donner au Conseil européen un rôle de leader en matière économique

Quant à la stratégie économique pour la croissance et pour l’emploi, les chefs d’Etat et de gouvernement sont arrivés à un "large consensus" au sujet des idées principales développées, sur la question d’une gouvernance économique, par Herman Van Rompuy, et, sur le contenu, par José Manuel Barroso.

L’ambition d’Herman Van Rompuy est donc que le Conseil européen joue un rôle de leader dans les discussions sur la stratégie EU2010 et se réunisse plus régulièrement. "Si cela dépendait de moi, ce serait tous les mois, pour traduire nos ambitions", a-t-il ainsi déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil.

Par ailleurs, Herman Van Rompuy a émis le souhait qu’un Conseil européen soit chaque année consacré au Pacte de stabilité et de croissance, au suivi de la mise en œuvre de la  stratégie pour la croissance et pour l’emploi ainsi qu’au suivi de l’agenda lié à la lutte contre le changement climatique.

En ce qui concerne la stratégie elle-même, les chefs d’Etats et de gouvernements se sont entendus sur l’idée qu’elle devrait se fixer moins d’objectifs mais que ces derniers devraient être mieux quantifiables, plus différenciés et être surtout soumis à une surveillance et à un contrôle réguliers.

Le Conseil s’est prononcé pour le lancement d’une opération d’assistance militaire européenne pour fournir des abris en Haïti

Les dirigeants de l'UE se sont par ailleurs mis d’accord sur le lancement d'une opération d'assistance militaire européenne pour fournir des abris aux Haïtiens sinistrés avant la saison des pluies, à la demande du gouvernement haïtien et des Nations unies. "Cette assistance doit compléter l'aide humanitaire et être étroitement coordonnée avec les mécanismes de protection civile de l'UE", a précisé José Manuel Barroso à l’issue du sommet.

Ce financement supplémentaire porte désormais à 609 millions d'euros l'aide européenne à Haïti, dont 309 millions d'euros d'aide humanitaire provenant de la Commission et des Etats européens. Les 300 autres millions d'euros sont destinés à la reconstruction du pays.

Quant à la question de la lutte contre le changement climatique, qui était inscrite à l’ordre du jour du Conseil, elle n’a finalement, faute de temps, par pu être abordée. Elle reviendra donc sur la table lors du prochain Conseil européen de mars 2010.