Le 19 mai 2010, le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a débattu de la crise de l’euro et de la sortie de la crise économique. Une gouvernance économique renforcée, un durcissement du Pacte de stabilité et de croissance, des sanctions pour les pays qui ne respectent pas leurs engagements, une taxe sur les transactions financières, de nouveaux impôts et la création d'un Fonds monétaire européen : voilà ce à quoi les eurodéputés ont appelé pour relancer l’économie de l’Union européenne et pour sortir la zone euro de l'ornière. Toutefois, les parlementaires ont échoué à s'entendre sur une position commune.
Au nom du Conseil de l'Union européenne, Diego Lopez Garrido, secrétaire d'État espagnol pour l'Union européenne, a expliqué que devant les difficultés rencontrées par la monnaie unique, il fallait travailler à l'établissement d'une union économique.
"Nous avons mis en place une union monétaire mais non économique. Il faut une meilleure gouvernance économique", et quiconque est contre "n'a rien compris", l'a soutenu l’eurodéputé socialiste Martin Schulz.
Rebecca Harms des Verts a annoncé que son groupe politique s'associait à une telle demande, expliquant qu'il ne fallait pas s'attaquer uniquement aux symptômes de la crise mais à l'ensemble de ses mécanismes.
Abordant le Pacte de stabilité et de croissance, Joseph Daul (PPE) a rappelé la nécessité de réduire les déficits publics et souhaite que les députés européens et les fonctionnaires montrent la voie.
Olli Rehn, commissaire européen en charge des Affaires économiques, a proposé de renforcer le Pacte de stabilité. Soutenu par Timothy Kirkhope (Conservateurs et réformateurs européens), il souhaite que les Etats soumettent leur projet de budget à la Commission européenne pour un contrôle a priori.
Timothy Kirkhope a pour sa part demandé des sanctions plus sévères pour les Etats qui ne respectent pas leurs engagements en termes de déficit public. Pour Joseph Daul, des sanctions doivent également être prévues si, comme dans le récent cas de la Grèce, un pays falsifie les données concernant son déficit.
Au nom des libéraux, Guy Verhofstadt a rappelé son souhait d'un Fonds monétaire européen.
Pour la Gauche unitaire européenne, Lothar Bisky a demandé la mise en place d'une union économique et sociale, la régulation du secteur financier et l'interdiction des fonds spéculatifs et des paradis fiscaux.
Malgré la crise de l’euro, les responsables politiques de l’Union européenne veulent lancer la stratégie "Europe 2020" comme prévu lors du Conseil européen du 17 juin 2010. Cette nouvelle stratégie économique qui vient prendre la relève de la stratégie de Lisbonne vise à sortir l’Europe de la crise financière et économique et la transformer en une économie intelligente, durable et inclusive avec des niveaux d’emploi, de productivité et de cohésion sociale élevés.
Dans ce contexte, l’eurodéputé luxembourgeois Georges Bach (PPE) a insisté sur l’importance de la croissance économique, qui est à la base de la création d’emplois. A son avis, il ne faut pas uniquement s’occuper des questions financières et budgétaires, mais continuer à mener intensément les discussions dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Il pense par ailleurs que les mesures d’austérité ne devraient pas peser financièrement sur les personnes socialement défavorisées.
Le député vert Claude Turmes a déclaré dans le Luxemburger Wort du 20 mai 2010 qu’il faudrait remédier à un défaut de construction décisif de l’union monétaire en rendrant contraignante la coopération dans les domaines de politique économique et de fiscalité.
Charles Goerens (ALDE) s’est également exprimé en faveur de la mise en place d’un gouvernement économique dans l’Union européenne.