La Commission européenne a adopté le 20 juillet 2010 un plan d'action visant à réduire de moitié le nombre de morts sur les routes européennes au cours des dix prochaines années.
Les initiatives proposées, qui constituent un ensemble d’orientations politiques pour la sécurité routière de 2011 à 2020, visent notamment à établir des normes plus strictes pour la sécurité des véhicules, à améliorer la formation des usagers de la route, ou encore à renforcer le contrôle de l’application du code de la route. La Commission coopérera étroitement avec les États membres pour mettre en œuvre ce programme.
Même si, entre 2001 et 2009, le nombre de tués sur les routes a connu une baisse de 36 % dans l’UE et de 33 % au Luxembourg, plus de 35 000 personnes sont mortes en 2009 sur les routes de l’Union européenne, ce qui correspond à la population d’une ville de taille moyenne.
Pour chaque personne qui décède sur une route d’Europe, on estime que 4 personnes sont atteintes de lésions invalidantes permanentes telles que des lésions cérébrales ou spinales, 10 sont gravement blessés et 40 sont victimes de blessures légères. Les conséquences économiques pour la société sont estimées à 130 milliards d’euros par an.
Une enquête Eurobaromètre publiée le même jour par la Commission européenne montre que les Européens souhaitent que les pays de l'UE fassent plus d'efforts en faveur de la sécurité routière.
Neuf Européens sur dix (94 % des répondants dans l'UE et 88 % au Luxembourg) jugent que l'alcool au volant est le principal problème en matière de sécurité routière. 78 % des Européens interrogés (76 % des résidents du Grand-Duché) estiment que la vitesse excessive est un problème important.
Pour la plupart des personnes interrogées (52 %), les pays de l'UE devraient, en priorité, améliorer les infrastructures routières ; pour 42 %, il est prioritaire qu'ils fassent mieux respecter le code de la route et pour 36 %, que ce code soit appliqué de la même manière aux conducteurs étrangers et aux conducteurs locaux. Le Luxembourg compte parmi les pays qui voient au contraire comme prioritaire un meilleur respect du code de la route (pour 49 % des répondants). 44 % des résidents interrogés ont estimé que le gouvernement devrait faire en sorte que ce code soit appliqué de la même manière aux conducteurs étrangers et aux conducteurs locaux et ils n'étaient finalement que 32 % à voire dans l'amélioration des infrastructures routières une priorité. Les campagnes de sensibilisation apparaissent cependant de façon un peu plus nette dans les réponses des résidents du Luxembourg (34 %) comme une mesure à mettre en oeuvre par le gouvernement que dans le reste de l'UE (30 %).
Sept objectifs stratégiques ont été définis.
1. Améliorer les mesures de sécurité applicables aux véhicules
Entre 2001 et 2010 un travail considérable a déjà été réalisé en ce qui concerne les dispositifs de sécurité "passive" des véhicules tels que la ceinture de sécurité ou l’airbag. Entre 2011 et 2020, un ensemble de nouvelles mesures de sécurité "active" vont devenir obligatoires dans le cadre des équipements de sécurité, notamment :
La Commission renforcera par ailleurs la législation de l’Union sur le contrôle technique en vue de parvenir à une reconnaissance mutuelle des contrôles techniques, de sorte que les contrôles effectués dans un État membre seront reconnus dans les autres.
2. Construire des infrastructures routières plus sûres
Seules les infrastructures conformes aux exigences des directives relatives à la sécurité routière et à la sécurité des tunnels pourront bénéficier du soutien des fonds européens. Ce principe s’applique déjà au financement octroyé dans le cadre du RTE-T et la Commission veut en faire un principe général applicable à tout financement européen, par exemple au titre du fonds de cohésion.
La Commission examinera l’opportunité d’étendre au réseau secondaire rural des États membres les principes de la législation actuelle de l’UE sur la gestion de la sécurité des infrastructures. Cette législation impose la prise en compte de la sécurité au cours des phases de planification, d’avant-projet et de conception d’une infrastructure. Elle prévoit également des audits de sécurité de l’infrastructure, le recensement des "points noirs" où se concentrent les accidents, ainsi que des inspections. L’extension de ces principes au réseau rural pourrait se faire par un échange des meilleures pratiques entre États membres.
3. Promouvoir les technologies intelligentes
La Commission proposera de nouvelles spécifications techniques dans le cadre de la directive concernant les systèmes de transport intelligents, afin de permettre un échange aisé de données et d’informations entre véhicules, et entre véhicules et infrastructures (par exemple pour permettre le fonctionnement de systèmes d’information en temps réel sur les limitations de vitesse, les flux de circulation, la congestion, ainsi qu’en matière de reconnaissance des piétons).
La Commission accélérera le déploiement du système e-call et envisagera son extension aux motocyclistes, ainsi qu’aux conducteurs de poids lourds et d’autobus et autocars.
4. Intensifier l’éducation et la formation des usagers
L’usager est le premier maillon de la chaîne de la sécurité mais également le plus enclin à l’erreur. Indépendamment des mesures techniques mises en place, l’efficacité de la politique de sécurité routière dépend en dernier ressort de l’attitude de l’usager. Pour cette raison, éducation, formation, contrôles et sanctions sont essentiels.
La Commission s’attachera, avec les États membres, à élaborer une stratégie commune en matière d’éducation et de formation à la sécurité routière. Au niveau de l’Union, cela impliquera en priorité d’améliorer la qualité du système de formation et de délivrance du permis de conduire, notamment en élargissant les aspects couverts par le permis de conduire européen. Les aspects suivants seront traités :
5. Renforcer le contrôle de l’application des règles
L’efficacité des politiques de sécurité routière dépend largement de l’intensité des contrôles et du respect des exigences de sécurité. Le contrôle de l’application des règles est un facteur clé dans la création des conditions visant à réduire considérablement le nombre de victimes. Les excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse et le non-port de la ceinture de sécurité restent les trois causes principales d’accident mortel. Les mesures destinées à intensifier les contrôles de l’application des règles aux niveaux national et européen comprendront :
La principale infraction commise dans un contexte transfrontière reste l’excès de vitesse. La Commission donnera la priorité à l’adoption de mesures contraignantes sur l’échange transfrontière d’informations dans le domaine de la sécurité routière (directive proposée en 2008), pour permettre d’identifier et de sanctionner les conducteurs étrangers en infraction avec la réglementation sur le port de la ceinture de sécurité, les limitations de vitesse, la conduite sous l’emprise de l’alcool et le respect des feux de circulation.
6. Fixer des objectifs en ce qui concerne les blessés de la route
Réduire le nombre de blessés sera une priorité pour l’Europe au cours de la prochaine décennie. La Commission élaborera les éléments d’une stratégie d’action complète relative aux blessés de la route et aux premiers soins, qui comprendra les éléments suivants :
7. Une attention renouvelée aux motocyclistes
La Commission accordera une attention particulière aux motos et autres deux-roues motorisés. Contrairement à d’autres moyens de transport qui ont connu une réduction importante du nombre de tués et de blessés sur la route, on constate, pour les véhicules motorisés à deux roues, une diminution beaucoup plus faible, voire une stagnation du nombre de victimes.
Des mesures seront proposées à l’échelon européen pour les deux-roues motorisés :
Bien que l’objectif ambitieux consistant à diminuer de moitié le nombre de décès sur les routes entre 2001 et 2010 n’ait pas été entièrement atteint, les progrès réalisés n’en sont pas moins considérables. Par exemple, le nombre de décès devrait avoir diminué de plus de 40 % pour la fin 2010 (contre 25 % lors de la décennie précédente).
Le programme d’action a également permis de ramener le nombre moyen de décès sur les routes de 113 décès par million d’habitants en 2001 à 69 en 2009 pour l’ensemble des 27 États membres actuels. Ce nombre est proche de celui des États membres qui obtenaient les meilleurs résultats en 2001 (Royaume-Uni, Suède, Pays-Bas avec respectivement 61, 62 et 66 décès par million d’habitants) Au Luxembourg, le nombre de tués par million d'habitants est passé de 159 en 2001 à 97 en 2009.
La Commission conclut que le programme d’action pour la sécurité routière (2001-2010) a été un puissant catalyseur des efforts nationaux et européens pour améliorer la sécurité routière.