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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Juncker juge "inacceptable" l'accord franco-allemand sur la réforme du Pacte de stabilité
27-10-2010


L'entretien accordé par Jean-Claude Juncker aux journalistes du Welt sur le site Internet du quotidien le 27 octobre 2010Le Premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a qualifié d'"inacceptable" la proposition commune de la France et de  l'Allemagne sur la réforme du Pacte de stabilité dans une interview parue le 28 octobre dans le quotidien allemand "Die Welt", à la veille du Conseil européen.

 "Cet accord n'est pas acceptable tel qu'il est parce qu'il ne garantit aucun cours strict de stabilité et aucun Pacte de stabilité convaincant", a-t-il déclaré. "Le style est simplement impossible", a-t-il ajouté, affirmant ne pas avoir été consulté par Berlin et Paris sur leur accord trouvé la semaine dernière à  Deauville pour modifier d'ici à 2013 le traité de Lisbonne, en particulier pour régler à l'avenir les mécanismes de sauvetage des  pays en difficulté financière.

Juncker s'est de nouveau dit opposé à la proposition chère à l'Allemagne de durcir la discipline budgétaire en privant les pays trop laxistes de leurs droits de vote lors des décisions de l’UE. "Le retrait des droits de vote pour les pays cancres en matière de déficit  budgétaire n'est pas un chemin praticable et j'exclus toute modification du traité de l'UE sur cette question", a-t-il souligné, excluant que cette proposition puisse recueillir l'unanimité des partenaires européens. Le Premier ministre luxembourgeois est plutôt en faveur de "sanctions précoces" et automatiques, car une suspension du droit de vote ne peut être décidée qu’à la fin d’un long processus.

Au-delà de ces aspects, Juncker à une opposition de principe à l’idée d’une suspension du droit de vote : "Il y a dans l’article 7 du traité de l’Union un passage qui prévoit une suspension du droit de vote d’un Etat membre en cas de violation grave des droits de l’homme. Ce n’est absolument pas possible de tenter de placer des manquements en matière budgétaire au même niveau de sanctions que les violations des droits de l’homme."

La conclusion de Juncker : "C'est pourquoi nous ne devrions pas nous étendre sur cette question lors du  sommet" des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE qui aura lieu le jeudi 28 octobre à Bruxelles.

Néanmoins, Jean-Claude Juncker est prêt à soutenir une révision "minimale" du traité si  celle-ci était nécessaire pour permettre l'instauration d'un mécanisme permanent pour aider les pays en difficultés financières. "Je pourrais accepter une modification minimale du traité pour le mécanisme de crise, pour ainsi dire un changement light". Si pour Juncker, "un mécanisme de crise permanent pour les pays en difficultés de paiement est nécessaire, il ne doit valoir que pour la zone euro."

D’autre part, Jean-Claude Juncker s'est montré critique vis-à-vis de la proposition allemande de faire  participer le secteur privé, comme les banques et les investisseurs, au mécanisme de soutien des Etats surendettés, en introduisant une possibilité de restructurer les dettes publiques : "Cela peut conduire principalement à ce que des investisseurs en Europe ne s'engagent plus dans l'achat d'obligations parce qu'ils considèrent trop élevé  le risque qu'ils soient mis à contribution dans le cas d'une mise en faillite d'un Etat."