Avec l’intention d’obtenir une limitation des dépenses de l’UE, les dirigeants allemands, finlandais, français, néerlandais et britanniques, des pays qui se considèrent comme des contributeurs nets au budget de l’Union, ont adressé une lettre au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en marge du dernier Conseil européen. Dans cette lettre, les 5 chefs d’Etats expliquent leur manière de voir "le prochain cadre financier pluriannuel (..) dans un contexte d'efforts exceptionnels d'assainissement des finances publiques de la part des États membres".
Comme les efforts des Etats membres "visent à ramener le déficit et la dette publique à un niveau soutenable, dans le respect d'un cadre de surveillance budgétaire et macro-économique renforcée", les cinq dirigeants estiment que "la dépense publique européenne ne peut s'exonérer des efforts considérables des Etats membres visant à maîtriser leurs dépenses publiques".
Ils demandent que les crédits de paiement de l’UE soient maîtrisés de manière renforcée jusqu’en 2013 et qu’ensuite, jusqu’en 2020, donc dans le cadre du nouveau cadre pluriannuel 2014-2020, "les crédits de paiement ne devraient pas augmenter davantage que l'inflation" Ils plaident pour "une règle budgétaire" qui fixerait "le niveau des crédits d'engagement" afin qu’ils n’excèdent pas "leur niveau de 2013 corrigé d'un taux de croissance inférieur à celui de l'inflation". La lettre signée conjointement par les 5 dirigeants européens contient d’autres éléments sur lesquels les signataires entendent mettre l’accent : "Un volume de dépenses stable", "une meilleure utilisation des fonds disponibles" et enfin "un suivi précis des dépenses engagées, la recherche d'un effet de levier économique et la simplification du cadre financier permettront de répondre à cette exigence".
Et de conclure avec leur exigence à l’égard de la Commission: "Dans ce contexte, nous attendons le paquet de propositions de la Commission.". À noter que cette série de propositions devrait être présentée par la Commission en juin 2011.
Les Britanniques, qui se sont fortement engagés dans la rédaction de cette lettre, avaient déjà demandé à ce que le budget 2011 de l’UE ne soit pas augmenté de 6,2 % comme le voulait le Parlement européen. Ils ont finalement eu gain de cause, le budget n’ayant été augmenté que de 2,9 %, même si de l’autre côté un compromis avec le Conseil prévoit l’implication du PE dans les discussions sur le futur cadre pluriannuel.
Le président du PE, Jerzy Buzek, a réagi en expliquant que l’on ne pourra avoir plus d’Europe avec moins d’argent. Il continue en indiquant que depuis 20 ans le budget de l’UE n’a pratiquement pas bougé par rapport au PIB européen dont il absorbe autour de 1 %, alors que le traité de Lisbonne a donnée de nouvelles tâches à l’UE dans des domaines tels que la politique extérieure et de sécurité commune, la politique énergétique et environnementale ou encore les politiques intérieures. L’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes a pour sa part réagi à la lettre en estimant que "cette façon de réfléchir n’est pas européenne ni solidaire"