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Economie, finances et monnaie
Après les critiques formulées par Jean-Claude Juncker à l’encontre de certains libéraux allemands, Guido Westerwelle réplique dans les colonnes du Handelsblatt et du Luxemburger Wort
25-01-2011


Alors que les débats battent leur plein en Europe au sujet des solutions à apporter à la crise de la dette que connaît la zone euro, ils sont particulièrement virulents en Allemagne. Ce qui explique sans doute le ton résolu qu’a choisi Jean-Claude Juncker pour répondre aux questions souvent insistantes des journalistes du Spiegel dans l’interview publié dans l’hebdomadaire daté du 24 janvier 2011. Certains de ces commentaires ont suscité une réponse le jour même.

Ainsi, aux critiques lancées par le Premier ministre luxembourgeois au sujet du rôle de certains libéraux dans le débat sur les questions européennes en Allemagne, - Jean-Claude Juncker avait dénoncé de leur part une "tendance au populisme" -, Guido Westerwelle, a rétorqué dans les colonnes du Handelsblatt daté du même jour.

"La solidarité n’est pas une voie à sens unique", rétorque Guido Westerwelle qui se dit être "un Européen absolument convaincu"

"Je suis inquiet de voir comment certains en Europe veulent simplement, après cette crise financière, passer à l’ordre du jour et pensent que contracter de nouvelles dettes est la solution au problème", répond le vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères allemand lorsque les journalistes du Handelsblatt évoquent la critique formulée par Jean-Claude Juncker.

"La solidarité n’est pas une voie à sens unique", poursuit le leader des libéraux allemands. "Ceux qui dépendent de l’aide d’autres pays de l’UE doivent remettre en ordre leur budget et leur économie aussi vite que possible","Westerwelle attackiert Juncker", titre le Luxemburger Wort dans son édition du 25 janvier 2011. Source : www.wort.lu poursuit-il, ajoutant que "ceux qui veulent l’Europe doivent agir maintenant et s’adapter aux règles". "C’est cela le vrai patriotisme européen", conclut celui qui, un peu plus tôt dans l’entretien se disait être un "Européen absolument convaincu".

Interrogé par le Luxemburger Wort qui le cite dans son édition du 25 janvier 2011, Guido Westervelle précise que "les vrais patriotes européens sont ceux qui insistent maintenant pour que soient tirées les conséquences de la crise de la dette de certains pays particuliers de la zone euro". "Croire que l’on peut combattre une crise de la dette avec toujours plus de nouvelles dettes nuit à l’Europe", a-t-il expliqué, ajoutant que pour "priver la crise durablement des conditions qui lui sont favorables, il ne suffit pas de débattre du plan de sauvetage".

"A quoi bon débattre du plan de sauvetage ?", se demande le vice-chancelier allemand

Dans l’entretien qu’il a accordé au Handelsblatt, le vice-chancelier se demandait déjà "à quoi bon débattre sur le plan de sauvetage si l’on perd de vue les objectifs à long terme", qui sont à ses yeux de "trouver en Europe le chemin d’une politique financière et budgétaire solide". "Nous devons créer en Europe les conditions structurelles à l’autodiscipline et à des finances d’Etat solides", précise-t-il encore, appelant à ce que le pacte de stabilité et de croissance "ait des dents" par des sanctions efficaces.

Guido Westerwelle plaide pour que tous les pays européens réfléchissent à l’introduction d’un mécanisme national de frein à la dette selon le modèle allemand, mais il appelle aussi de ses vœux une meilleure coordination des politiques économiques et budgétaires dans la zone euro en vue d’une meilleure compétitivité. Ainsi qu’il l’a précisé au Wort, Guido Westerwelle est d’avis que "la politique d’endettement de certains pays doit être inversée durablement" et que "les conditions d’une augmentation de la compétitivité européenne doivent être créées".

Le vice-chancelier allemand, qui juge "erronée" les discussions que nourrissent en Allemagne l’idée selon laquelle l’Allemagne serait le "trésorier de l’Europe", se réjouit que le gouvernement allemand n’ait pas "signé un chèque en blanc à la Grèce, mais ait conditionné l’aide à des obligations strictes".

Guido Westerwelle appelle au maintien du "principe de la responsabilité nationale à l’égard de la dette"

Guido Westerwelle, qui s’oppose à l’introduction d’euro-obligations, estime ainsi qu’il convient de maintenir "le principe de la responsabilité nationale à l’égard de la dette". Il se félicite d’ailleurs de l’influence qu’ont eue les libéraux dans les discussions sur la stabilisation de l’euro ces derniers mois. Le vice-chancelier se targue en effet d’avoir "empêché la communautarisation des dettes" que, selon lui, les sociaux-démocrates et les verts auraient favorisée au sein d’une grande coalition.

"Nous allons continuer d’assumer notre responsabilité à l’égard de notre monnaie et du contribuable, tout autant que notre responsabilité à l’égard de l’Europe", annonce le vice-chancelier. Il déclare aussi, lorsque le journaliste lui demande si la crise de la dette comptera pour les élections régionales, que "tout ce qui importe au citoyen sera thématisé pour les élections régionales" qui approchent à grands pas dans plusieurs Länder allemands.

Pour ce qui est du fonds européen de stabilité financière, Guido Westerwelle souligne par ailleurs qu’il n’est sollicité que partiellement, ce qui explique la position qu’il tient avec la chancelière allemande, à savoir qu’il n’est pas nécessaire de le renflouer maintenant.

Un argument qui peut sembler un peu décalé à cette date dans la mesure où le débat s’est recentré, selon les précisions apportées par la Commission, mais aussi par Jean-Claude Juncker, sur la question de renforcer la capacité effective d’emprunt du fonds, sans pour autant nécessairement le renflouer.