A l’occasion de lancement du "semestre européen" le 12 janvier 2011, la Commission européenne a appelé à augmenter la capacité de prêt du Fonds européen de Stabilité financière (EFSF).
Dans une tribune publiée dans l’édition du Financial Times du 12 janvier 2011, Olli Rehn, membre de la Commission en charge des Affaires économiques et financières, lançait en effet que "la capacité de prêt effective de l’actuel EFSF devrait être renforcée et l’objet de ses activités élargi". Il ajoutait qu’il était nécessaire de faire le point sur toutes les options en termes de taille et d’objectif pour le mécanisme de soutien financier – et ce non seulement pour le mécanisme actuel, mais aussi pour le futur mécanisme permanent.
Le jour même à Bruxelles, où ont eu lieu tant la conférence de presse présentant le lancement du semestre européen qu’une conférence sur ce nouveau processus de coordination économique et budgétaire, il répétait son plaidoyer et soulignait que "des discussions sur ces sujets sont actuellement en cours avec les Etats membres" de l’UE, ajoutant : "elles progressent".
Le président de la Commission européenne a tenu peu ou prou le même discours, insistant sur la nécessité de prendre une décision rapidement car "nous vivons toujours une période d'instabilité". "Il est tout à fait possible de prendre ces décisions pas plus tard que lors du prochain Conseil européen en février", a ainsi avancé José Manuel Barroso, soulignant qu’il est "important d'envoyer des signaux forts et de prendre des décisions fortes afin de montrer notre détermination à préserver la stabilité de la zone euro". "Nous espérons que les Etats membres vont accepter cela et je pense qu'il est important d'avoir cet engagement clair en faveur de la zone euro", a jugé enfin José Manuel Barroso pour lequel ce renforcement est une "simple mesure de précaution".
L’actuel mécanisme mis en place au mois de mai 2010 est doté de garanties à hauteur de 440 milliards d'euros, mais le Fonds de la zone euro dispose en réalité d'une capacité de prêts évaluée à quelque 250 milliards d'euros, car il est nécessaire de garder le reste comme garantie pour les emprunts effectués sur les marchés, afin d'obtenir les taux d'intérêts les moins élevés possibles.
"Il y a plusieurs alternatives en discussion actuellement", a dit Olli Rehn, ajoutant toutefois qu’il était "prématuré à ce stade de dire quoi que ce soit de plus spécifique".
Une des idées à l'étude, selon les quotidiens Wall Street Journal et Die Welt datés du 12 janvier, serait de porter la capacité de prêts effectivement à 440 milliards d'euros, ce qui nécessiterait d'en augmenter le volume total de manière substantielle, et donc les contributions des différents Etats.
Une autre piste, pour élargir la palette d'instruments du Fonds, serait de lui permettre de racheter sur les marchés de la dette publique, ce qui permettrait de soulager la Banque centrale européenne, qui le fait actuellement pour aider les pays en difficultés comme le Portugal, mais arrive à la limite de ce qu'elle peut faire.
La question a été soulevée à maintes reprises au cours des dernières semaines, un certain nombre de rumeurs planant en effet sur des risques de contagion de la crise de la dette au Portugal ou en Espagne. Si la Belgique plaide pour que le Fonds dispose à terme de ressources "illimitées" afin de rassurer les marchés, d'autres pays se sont montrés plus réticents à s’engager dès à présent.
"Nous considérons que ce Fonds inscrit dans la durée est suffisamment important pour répondre aux demandes formulées par tel ou tel pays", a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement français, François Baroin, qui a souligné que la position de la Commission "est une contribution au débat » et que le sujet n’était "pas à l'ordre du jour des prochains conseils des ministres en tant que tel".
En Allemagne, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a pour sa part jugé qu’il n’était "pas sensé ni nécessaire de discuter d'un élargissement" du Fonds européen de stabilité, tel que le souhaite la Commission européenne. "Nous sommes encore loin d'avoir épuisé" les réserves du Fonds actuel a par ailleurs renchéri Angela Merkel elle-même à l’issue d’une rencontre avec Silvio Berlusconi.