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Politique étrangère et de défense
Pleins feux sur l’Egypte et la Tunisie au Conseil Affaires étrangères, tandis que démarre au Conseil Affaires générales le premier semestre européen
31-01-2011


C’est une actualité brûlante qui s’est invitée au Conseil du 31 janvier 2011 puisque les ministres des Affaires étrangères ont évoqué notamment, sous la présidence de Catherine Ashton, les récents événements en Egypte et en Tunisie.

Les vingt-sept reconnaissent dans une déclaration commune "les aspirations légitimes et les souffrances de la population égyptienne" et appellent à des "réformes démocratiques substantielles"

Le président égyptien Hosni Moubarak doit "immédiatement" dialoguer "avec les partis d'opposition et tous les éléments de la société civile", a ainsi déclaré la chef de la diplomatie européenne en marge de la réunion. Les ministres européens ont appelé dans une déclaration commune à des "réformes démocratiques substantielles" conduisant à la tenue d'élections "libres et justes" et ils ont reconnu "les aspirations légitimes et les souffrances de la population égyptienne".Michael Spindelegger, Jean Asselborn et Karel Schwarzenberg à Bruxelles le 31 janvier 2011

Si le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a remarqué que le peuple égyptien "veut la démocratie, veut le droit de se déterminer soi-même et veut participer au destin de son pays", il a souligné que la seule solution réside dans l’organisation d’élections présidentielles. Pour autant, la déclaration sur laquelle se sont entendus les 27 n’appelle à aucun moment au départ du président. L'Egypte a "un rôle important dans tous les processus de paix et nous voulons qu'elle continue a jouer ce rôle", a souligné par exemple la ministre espagnole, Trinidad Jimenez, se faisant l’écho de ceux qui craignent les conséquences que pourrait avoir une déstabilisation du pays.

Trop "focalisés dans le passé sur la politique étrangère des nombreux pays arabes, nous avons un peu oublié que des gens vivent là, qui veulent aussi la démocratie, et le droit de se déterminer eux-mêmes", a admis Jean Asselborn, une déclaration interprétée par le Luxemburger Wort comme une forme de "mea culpa" que le ministre luxembourgeois est le seul "à avoir eu le courage de prononcer".

La journaliste Marisandra Ozolins rapporte encore que Jean Asselborn a souligné l’importance du soutien politique et matériel accordé par l’Europe à l’Egypte, laquelle a "contribué à la stabilisation de la région". Maintenant, le peuple égyptien "démontre son besoin de participer politiquement, culturellement, économiquement et socialement à la démocratie", selon Jean Asselborn qui voit là "un signal qui ne saurait être effacé désormais".

"Nous ne pouvons pas exporter des révolutions", a souligné encore Jean Asselborn, mais, que ce soit en Egypte ou en Tunisie, l'Union européenne peut apporter, sans interférer, au moins une aide matérielle à l'organisation d'élections "libres et qui puissent donner la chance d'un nouveau départ dans ces pays".

Les ministres ont d’ailleurs annoncé que l’UE aidera Tunis dans l'organisation d'élections libres tout en soulignant que "le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne est appelé à être renforcé afin d'appuyer l'affirmation de la démocratie, ainsi que les réformes économiques et sociales". Les conclusions mentionnent aussi "des mesures restrictives ciblées à l'encontre de personnes responsables de détournements de fonds publics". L’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi devraient ainsi être les premiers visés par un gel de leurs avoirs.

 Les ministres des Affaires étrangères se sont ensuite penchés sur le cas du Belarus, dont les élections du 19 décembre 2010 avaient été marquées par les violences et les nombreuses arrestations. Ils ont ainsi décidé d'imposer un gel des avoirs et une interdiction de visas au président Alexandre Loukachenko et à 157 de ses proches en raison de la répression qui frappe les opposants au régime.

Le Conseil a ensuite été le cadre de discussions portant sur la situation au Soudan suite au référendum, mais aussi sur les derniers développements en Côte d’Ivoire. Les ministres ont également eu un débat sur l’intolérance, la discrimination et la violence fondées sur la religion ou les convictions. Ils ont enfin brièvement évoqué la situation actuelle au Sahel a la lumière de la stratégie que l'UE entend mettre en œuvre dans la région, la situation actuelle en Albanie, ainsi que sur les derniers développements en Haïti suite aux irrégularités constatées lors du premier tour des élections présidentielles du 28 novembre 2010.

L’examen annuel de la croissance de la Commission, document clef dans le processus du semestre européen, a été présenté au Conseil Affaires générales

Au cours du Conseil Affaires générales qui a précédé le même jour, et qui était présidé par le ministre des Affaires étrangères hongrois, János Martonyi, les vingt-sept se sont vus présenter les priorités de la Présidence hongroise. Assurant le suivi du Conseil européen de décembre 2010, les ministres ont aussi bouclé les préparatifs de celui du 4 février 2011 qui se concentrera surtout sur la politique énergétique et sur l’innovation.

Dans le contexte du premier semestre européen, la Commission européenne a présenté aux ministres son examen annuel de la croissance, une communication qui sera instruite dans les différentes formations du Conseil en vue du Conseil européen du mois de mars 2011. Le sujet reviendra par conséquent sur la table du Conseil Affaires générales juste avant cette échéance.

Jean Asselborn et son homologue italien, Franco Frattini, au Conseil Affaires générales du 31 janvier 2011Les ministres ont abordé ensuite la question de l’intégration des Roms et ont analysé brièvement une feuille de route à ce sujet, basée sur un rapport de la Présidence hongroise et dans l’attente d’une communication de la part de la Commission européenne à ce sujet. Le Conseil a terminé son travail par une discussion sur la stratégie de l’Union européenne pour la région du Danube. Le Commissaire Hahn a présenté une communication de la Commission européenne publiée en décembre 2010. Le Conseil va revenir sur ce point lors de la session du Conseil d’avril, lors duquel il sera prévu d’adopter des conclusions en vue de l’adoption de la stratégie au Conseil européen de juin 2011.

Jean Asselborn assure Maroš Šefčovič de l’engagement du Luxembourg pour promouvoir un cadre de travail de qualité aux fonctionnaires européens qui y sont installés

En marge de ces deux réunions ministérielles, le ministre Jean Asselborn a eu une entrevue avec le vice-président de la Commission Maroš Šefčovič.

Les discussions ont porté essentiellement sur l'évaluation de l’application de l’accord Polfer- Kinnock et sur les projets immobiliers de la Commission à Luxembourg. L'accord Polfer-Kinnock, conclu en 2003, prévoyait l'augmentation des effectifs de la Commission à 3 426 postes (hors élargissement) jusqu'en 2010. Le Commissaire Šefčovič et le ministre Asselborn se sont félicités que ces engagements aient été respectés.Jean Asselborn et Maroš Šefčovič se sont rencontrés à Bruxelles le 31 janvier 2011

Jean Asselborn a rappelé que la présence de la Commission à Luxembourg était un élément important de la politique du siège du Grand-Duché qui continue à s'engager pour promouvoir un cadre de travail de qualité aux fonctionnaires européens installés à Luxembourg.

Dans ce contexte, Maroš Šefčovič et Jean Asselborn ont également évoqué le bâtiment "Jean Monnet 2" qui doit remplacer dans les années à venir l'actuel bâtiment Jean Monnet. Le complexe proposé d'une superficie de 120 000 m² pourra accueillir à terme près de 3 000 fonctionnaires. Maroš Šefčovič a assisté le 16 décembre dernier à la proclamation du concours d'architectes au Luxembourg.

 Enfin, Jean Asselborn a informé Maroš Šefčovič que les travaux de la nouvelle Ecole Européenne à Mamer avançaient conformément au planning et que celle-ci serait prête pour la rentrée 2012.