La situation libyenne est à la une de l’agenda européen en cette fin de semaine. Les ministres de la Défense devaient en discuter en Hongrie, à Gödöllö, à l’occasion d’une réunion informelle à laquelle prenait aussi part le secrétaire général de l’OTAN. Les ministres de la Justice et des Affaires intérieures en ont parlé lors du Conseil JAI des 24 et 25 février 2011, abordant notamment la question de l’afflux de migrants qui fait suite aux bouleversements rencontrés dans la région, tandis que des "mesures restrictives" contre les autorités libyennes sont en voie de préparation. Il est question d’aide humanitaire, mais aussi de l’évacuation des citoyens européens encore bloqués en Libye.
Dès son arrivée à la réunion informelle des ministres de la Défense de l’UE, Catherine Ashton a annoncé qu’elle entendait commencer par évoquer la situation en Libye, soulignant qu’elle s’était entretenu la veille au soir avec Ban Ki Moon afin d’offrir au Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui doit se réunir dans l’après-midi du 25 février, le soutien de l’UE. "Ils doivent se réunir aujourd’hui et vous verrez dans la presse qu’il y aura une volonté forte, notamment de la part des pays européens, pour que le Conseil de sécurité agisse", a-t-elle annoncé.
Catherine Ashton a jugé par ailleurs qu’il était désormais temps que l’UE considère des "mesures restrictives" et "réfléchisse à ce qui peut être fait pour faire pression autant que possible afin de tenter de stopper les violences en Libye". Elle a évoqué interdictions de visas et gels des avoirs.
"Nous verrons ce que nous pouvons faire dans les prochaines jours", a-t-elle annoncé. Sa porte-parole a insisté depuis Bruxelles sur la rapidité des travaux menés pour finaliser ces mesures, expliquant à la presse qu’un certain nombre d’options étaient envisagées par les 27 qui condamnent la violence tout en appelant au dialogue.
"Nos objectifs restent les mêmes, il s’agit d’avancer, de faire en sorte que les gens soient en mesure d’avoir les démocraties qu’ils veulent de toute évidence", a encore déclaré la haute représentante, soulignant que le peuple libyen avait "besoin d’avoir en main l’avenir de son propre pays".
Certaines sources diplomatiques citées par les agences de presse mentionnaient depuis la Hongrie que les pays de l’UE étaient en train de préparer des "plans d'urgence" pour contrôler l'espace aérien libyen, un point sur lequel "l'Union européenne a d'abord besoin d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies" l'y autorisant. "C'est l'une des options" envisagées, a confirmé le ministre hongrois de la Défense, Csaba Hende, en évoquant les "moyens" dont disposait l'Otan, sans préciser lesquels.
Egalement présent à Gödöllö, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, venu discuter de la coopération UE-Otan, n'a pas écarté une telle option mais il s'est refusé devant la presse à "tout commentaire à ce stade". "Il est trop tôt pour aller dans le détail", a-t-il ajouté, avant de souligner lui aussi qu'une "décision d'une portée aussi grave nécessiterait absolument une légitimité internationale (...), un mandat clair des Nations unies".
Autre sujet qui préoccupe grandement les chancelleries et les institutions, c’est l’évacuation des ressortissants européens de Libye.
Le mécanisme de protection civile lancé le 23 février est désormais en place et la Commission faisait état à l’occasion de son briefing quotidien du 25 février 2011 de 3600 Européens qui seraient encore bloqués en Libye. 3400 citoyens auraient déjà été évacués selon cette même source.
Maja Kocijancik, la porte-parole de Catherine Ashton, a rappelé que l'évacuation des citoyens européens est "une priorité". "Nous avons demandé aux autorités de permettre ces évacuations et, à ce stade, il n'y a pas de problème majeur", a-t-elle ajouté, reconnaissant toutefois que "les circonstances sont loin d'être idéales".
Une décision est par ailleurs en voie de finalisation concernant une aide humanitaire visant notamment à venir en soutien aux personnes fuyant la Libye pour gagner l’Egypte et la Tunisie voisines.
De façon plus générale, la Commission se donne jusqu’au 16 mars pour finaliser un paquet de mesures, évoquées le 21 février dernier en Conseil Affaires étrangères, visant à aider les pays voisins de l’UE dans les processus de transition démocratique engagés.
Quant à la question de l’afflux de migrants en provenance d’Afrique du Nord, elle a été abordée au cours du Conseil JAI qui s’est tenu à Bruxelles les 24 et 25 février 2011. Les ministres ont fait le point sur les instruments techniques, financiers et légaux dont dispose l’UE pour faire face à la situation.
Mais le dossier semble diviser entre les pays du Sud, qui doivent le plus directement faire face à cet afflux de migrants et qui demandent une aide financière et la possibilité de répartir les migrants débarqués chez eux entre les différents Etats membres, et des pays plus éloignés des côtes. Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a ainsi annoncé par exemple "ne pas vouloir organiser ou provoquer de flux migratoire".
Le ministre hongrois de l’Intérieur, Sándor Pintér, n’a pas manqué cependant de lancer un appel à "l’esprit de solidarité" de l’UE lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil, soulignant que la question ne concernait "pas seulement l’Europe du Sud, mais toute l’Europe et le monde entier".
En plus de la mission Hermes lancé en début de semaine afin de venir en soutien à l’Italie, les conclusions font état de réflexions menées par la Commission au sujet des possibilités de financement offertes par différents instruments européens, comme le Fonds européen pour les réfugiés, le Fonds pour le retour et le Fonds pour les frontières extérieures.