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Politique étrangère et de défense
Après avoir débloqué 3 millions d’euros d’aide humanitaire, l’UE prend des sanctions contre le régime libyen
28-02-2011


Le 25 février 2011, la Commission décidait, en fin de journée, de débloquer 3 millions d’euros pour répondre aux besoins humanitaires en Libye et dans les pays voisins.

Ce financement est destiné à fournir une aide d'urgence aux Libyens et aux autres personnes qui fuient la Libye en proie à la violence. Elle prendra la forme d'aide médicale et alimentaire et devrait permettre de doter les réfugiés d'abris, de matelas ou de couvertures.

L'aide européenne est destinée aux personnes qui ont trouvé refuge dans les pays voisins, mais elle sera étendue aux Libyens qui se trouvent dans leur pays dès que la situation sur le terrain permettra d'évaluer les besoins de la population, ainsi que l’a précisé la Commission.

L’UE prend à son tour des sanctions contre la Libye : embargo sur les armes, gel des avoirs et interdiction de visas

Quant aux mesures restrictives qui étaient en cours de préparation ces derniers jours, elles ont finalement été adoptées le 28 février 2011 à l’occasion du Conseil Transports, Télécommunications et Energie (TTE) réuni à Bruxelles.

Ces sanctions, qui font suite à celles prises par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 26 février 2011, ont été finalisées par les ambassadeurs des 27 avant approbation formelle au Conseil. Catherine Ashton était quant à elle à Genève, où elle a insisté sur la nécessité de sanctions internationales étroitement "coordonnées" contre la Libye. "Il est très important d'agir ensemble pour avoir le plus fort impact possible", a expliqué la Haute représentante de l’UE.

En ligne avec la résolution de l’ONU, l’UE a donc adopté un embargo sur les armes et les munitions contre la Libye. L’UE est allée au-delà en interdisant aussi le commerce avec la Libye de matériel susceptible d’être utilisé à des fins de répression.

Les 27 ont par ailleurs décidé de mettre en œuvre les mesures de l’ONU interdisant la délivrance de visa à 16 personnes, dont le colonel Mouammar Kadhafi et certains de ses proches étant associés au régime, ainsi que des personnes responsables des violences contre les civils depuis le 15 février dernier. De même, ils ont décidé du gel des avoirs du colonel Mouammar Kadhafi et de cinq de ses proches ainsi que le prévoyait la résolution de l’ONU.

L’UE est allée plus loin encore en ajoutant 10 noms à la liste des personnes visées par une interdiction de visas et 20 personnes à la liste de celles visées par un gel des avoirs.

Le commissaire en charge de l’Energie, Günther Ottinger, a expliqué en marge du Conseil TTE qu’il avait été décidé "de ne pas imposer un blocus pour ne pas pénaliser les personnes qui ne seraient pas celles visées par des sanctions". Selon les informations dont il dispose, la grande majorité des champs d’exploitation de gaz et de pétrole "ne serait plus entre les mains de Kadhafi, mais se trouve sous le contrôle de tribus et de forces provisoires qui ont repris le pouvoir". Il a ajouté que si la production pétrolière "a subi un coup d'arrêt", "les exploitations devraient reprendre" en Libye, ajoutant que, sans être négligeables, "les exportations de gaz et de pétrole de la Libye (…) ne sont pas énormes". Le gaz libyen représente en effet moins de 3 % du volume total du marché de l'UE et le pétrole moins de 10 %.

Espoirs et inquiétudes des eurodéputés Frank Engel et Charles Goerens au vu de la situation en Libye

Interrogés par le journaliste Jakub Adamowicz, les eurodéputés luxembourgeois Frank Engel (PPE) et Charles Goerens (ALDE) ont fait part au Luxemburger Wort de leurs espoirs et de leurs inquiétudes concernant la situation en Libye. Le quotidien rapporte ainsi dans son édition du 28 février que les deux eurodéputés partagent l’impression que le colonel Kadhafi ne va pas démissionner mais réprimer jusqu’au bout les manifestations, ce qui rend difficile tout soutien extérieur aux mouvements de protestation en cours en Libye.

"Mouammar Kadhafi n’est de toute évidence plus responsable de ses actes", estime ainsi Frank Engel au vu des déclarations du chef d’Etat libyen qui a accusé les manifestants d’être sous l’emprise de la drogue. Le benjamin des eurodéputés luxembourgeois craint que le colonel n'aille jusqu’au bout dans la répression et préfère se suicider plutôt que de laisser le pouvoir.

Charles Goerens regrette pour sa part que l’armée, du fait de ses actes irréparables à l’encontre des manifestants, ne soit plus en mesure de jouer un rôle de leader dans la phase de transformation à venir. L’eurodéputé libéral salue la révolte contre le régime totalitaire, mais il craint aussi le vide qui pourrait suivre la chute du colonel Kadhafi.

Tandis que Frank Engel plaide pour une intervention de l’ONU en Libye, Charles Goerens relève pour sa part le manque d’interlocuteurs sur le terrain qui serait nécessaire pour l’envoi de casques bleus.