A quelques jours à peine du Conseil européen des 24 et 25 mars 2011, déi gréng ont convoqué la presse pour appeler à la mise en place d’un "pacte européen social et solidaire". Le 21 mars 2011, l’eurodéputé Claude Turmes et le député François Bausch ont ainsi réitéré et étayé la position défendue par le président du groupe politique écologiste le 8 mars dernier, lors du débat qui s’est tenu à la Chambre des députés au sujet de la gouvernance économique européenne. Il faut dire qu’à leurs yeux, ce Conseil européen qui est censé être, selon Claude Turmes, "l’ultime sommet consacré à la crise", devrait permettre à l’UE de faire un bond en avant assez grand pour ne plus se laisser mener par les marchés…
Claude Turmes a tenu dans un premier temps à revenir sur les origines de cette crise dont il s’agit de sortir, insistant sur l’importance de phénomènes qui ont été sous-estimés à ses yeux. C’est le cas par exemple du plafonnement de la production pétrolière depuis 2005-2006, et ce alors que la hausse de la demande était nette dans le monde, qui a eu des conséquences sur les économies qui dépendent fortement de cette denrée précieuse dont le prix s’est envolé. C’est le cas aussi de la dérégulation financière qui est allée de pair avec une accentuation de la spéculation et une surabondance de produits financiers dérivés qui ont conduit aux bulles spéculatives.
Mais l’eurodéputé a aussi dénoncé une répartition des richesses qui, depuis 25 ans, est toujours plus déséquilibrée, voyant une concentration de richesses dans les mains d’un petit nombre qui bénéficient qui plus est d’un nivellement par le bas de l’imposition de leurs revenus, alors que le plus grand nombre a toujours moins de pouvoir d’achat. Enfin, les Verts voient dans le manque de gouvernance économique au sein de l’UE une faille qui a permis les attaques spéculatives auxquelles l’euro a fait face.
Les finances publiques ont dû par conséquent sauver dans un premier temps de nombreuses banques "systémiques" avant de financer ensuite les plans de relance et de conjoncture en 2009 et 2010.
Pourtant, les réponses apportées jusqu’à présent paraissent bien insuffisantes aux yeux des deux parlementaires qui appellent de leurs vœux un renforcement de la gouvernance économique, mais qui ne veulent pas pour autant de n’importe quelle coopération économique et budgétaire. Car pour l’instant, les gouvernements européens se sont contentés de politiques d’austérité.
En témoigne notamment le pacte de compétitivité franco-allemand qui comporte pour déi gréng "un risque évident de récession" en voulant mettre fin à l’indexation automatique des salaires ou encore en reculant l’âge de départ en retraite. François Bausch s’était déjà prononcé dans ce sens à la Chambre en déposant le 8 mars 2011 une motion qui doit encore être discutée en commission des Finances avec le Premier ministre luxembourgeois.
Les mêmes critiques s’appliquent selon les Verts au "pacte pour l’euro" auquel a abouti la réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le 11 mars dernier. Ce dernier vise "avant tout la réduction des coûts salariaux et la réduction des dépenses publiques", dénoncent-ils en effet, jugeant que cette politique est "vouée à l’échec, tant sur le plan économique que social". Dans le marché intérieur, tous les pays européens ne peuvent pas êtres des champions de l’exportation, argue en effet Claude Turmes, qui insiste d’ailleurs sur le fait que si l’Allemagne est si concurrentielle, c’est en partie lié à une forme de dumping social qui se fait au détriment de ses partenaires européens et de sa propre population.
Aussi, selon déi gréng, il faudrait :
François Bausch a insisté sur la nécessité d’accorder un peu plus d’attention aux recettes, et non pas seulement aux dépenses comme c’est actuellement le cas. Et il convient selon lui d’avancer en matière de politique fiscale.
Déi gréng appellent à mettre en place, au niveau européen, plusieurs mesures visant à donner aux 27 les moyens de leurs politiques :
François Bausch a plaidé enfin pour que les politiques de conjoncture ciblent, plutôt que le refinancement des marchés financiers via le rachat par les banques centrales de titres de dettes, l’investissement dans des programmes publics de financement d’infrastructures dont l’UE a besoin pour faire face au changement climatique.
C’est donc pour un "Green New Deal" que plaident les Verts, à savoir un programme qui aurait le mérite de relancer l’économie, de préserver les emplois, et même d’en créer, tout en décarbonant cette économie. Ce programme pourrait comprendre des investissements dans la mobilité durable ou les énergies durables. François Bausch a ainsi proposé la mise en place au Luxembourg d’un "Zukunftsfong" qui permettrait d’investir dans ce type de programmes. Ce fonds souverain pourrait être alimenté par les plus-values générées au Luxembourg.