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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Rainer Brüderle et Jean-Claude Juncker visent l’équilibre entre solidité et solidarité
28-02-2011


Le 28 février 2011, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a reçu à Luxembourg le ministre allemand de l’Economie Rainer Brüderle.

A quelques jours à peine de la réunion informelle des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro prévue le 11 mars, les deux ministres ont discuté notamment de gouvernance économique dans la zone euro. Rainer Brüderle est venu rendre visite à Jean-Claude Juncker le 28 février 2011

Ces deux Européens convaincus, issus de cette génération qui, sans en avoir souffert directement, porte l’héritage de la deuxième guerre mondiale et aspire à construire une Europe solidaire, intégrée et élargie, se connaissent de longue date, comme l’a souligné Jean-Claude Juncker pour présenter son invité. Rainer Brüderle a en effet été ministre de l’Economie du Land de Rhénanie-Palatinat de 1987 à 1998, ce qui lui a donné l’occasion de connaître de près son voisin luxembourgeois. Rainer Brüderle a quant à lui salué en Jean-Claude Juncker "le médiateur sensible" qu’il a su jouer à maintes reprises entre Allemagne et France.

C’est sur la nécessité de trouver un équilibre, un point d’intersection, entre solidité d’une part et solidarité d’autre part que se sont entendus les deux ministres, ainsi que l’a résumé Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre luxembourgeois a en effet lancé un appel à la responsabilité et à la solidarité. Cette solidarité doit être ressentie de façon réciproque, a précisé Rainer Brüderle qui, déplorant de trop grandes divergences d’un Etat à l’autre, a appelé à plus de cohérence en matière de politiques économiques.

Plaidoyer à deux voix pour une Europe compétitive

Rainer Brüderle, qui a rappelé les raisons historiques de l’attachement des Allemands à la stabilité économique et monétaire, a en effet insisté sur le besoin d’une Europe compétitive dans un monde qui change, ce qui représente un défi à relever ensemble.

Sur ce point, Jean-Claude Juncker lui a fait écho, jugeant "non tenables sur la durée" des divergences "massives" de compétitivité entre les Etats membres.

S’il met son bémol au terme de "pacte de compétitivité" avancé par l’Allemagne, parce qu’il ne tient pas à ce qu’il y ait confusion avec le pacte de stabilité et de croissance qui dispose lui d’un mécanisme de sanctions, Jean-Claude Juncker continue de défendre l’indexation automatique des salaires. Il reconnaît cependant la nécessité d’adapter le mécanisme luxembourgeois : il s’agit d’être moins tributaire de l’évolution des prix du pétrole d’une part, mais aussi de tenir compte de la productivité, un objectif qui vaut pour tous les pays européens pratiquant une indexation automatique. Mais il reviendra bien aux Etats de décider et d’expliquer leurs pratiques. Rainer Brüderle a abondé dans son sens, expliquant que la politique salariale devait être décidée de façon autonome par les Etats membres, et ce par branche et par région. Jean-Claude Juncker s’est par ailleurs prononcé contre une harmonisation des salaires au niveau européen.

Jean-Claude Juncker a plaidé pour une meilleure coordination de l’impôt sur les sociétés et il a souligné la nécessité d’adapter les systèmes de sécurité sociale aux évolutions démographiques. Pour autant, sur la question des retraites, il a expliqué qu’il était impossible de fixer pour toute l’UE un âge commun de départ à la retraite.

Pour Rainer Brüderle, l’enjeu en termes de compétitivité est de faire converger les différences entre Etats membres, mais aussi de rendre comparables les différents systèmes pour plus de transparence. Le ministre allemand, qui s’est exprimé contre l’idée d’un gouvernement économique, a ainsi jugé nécessaire de "préserver les différentes cultures qui existent en matière économique pour les rapprocher autant que possible".

En matière de gouvernance économique, Jean-Claude Juncker a souligné que les pays du Benelux continueraient de plaider pour des sanctions quasi-automatiques, une option pour laquelle Rainer Brüderle a fait part de sa sympathie.

Quant au futur mécanisme permanent de stabilité financière qui est en pleine gestation et qui devrait prendre forme d’ici la fin du mois de mars, Jean-Claude Juncker a expliqué que son volume, qui devrait être à ses débuts de 500 milliards d’euros, devrait être revu régulièrement, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Rainer Brüderle a insisté sur l’importance du lien qui doit rester entre une "solidarité en matière de liquidités" d’une part et "les obligations de remédier aux lacunes structurelles et budgétaires" des Etats concernés d’autre part.