Les ministres des Finances de la zone euro se sont rencontrés le 14 février 2011 sous la présidence de Jean-Claude Juncker. Le ministre Luc Frieden représentait le Luxembourg au cours d’une réunion qui a notamment permis d’avancer dans les discussions sur la "réponse globale" que l’Eurogroupe doit préparer pour le Conseil européen du 24 mars 2011.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus à l’unanimité pour proposer que Peter Praet, haut responsable de la Banque nationale de Belgique, entre au directoire de la Banque centrale européenne, où il devrait remplacer fin mai, date à laquelle prendra fin son mandat, Gertrude Tumpel-Gugerell. Une autre candidate était en lice, la Slovaque Elena Kohutikova.
Cette décision arrive alors que le candidat allemand donné pour favori pour prendre la suite de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, Axel Weber, vient d’annoncer sa démission de la Bundesbank dont il était président. Les tractations vont sans doute être compliquées dans les mois à venir.
Les ministres des Finances de la zone euro ont procédé à leur habituelle analyse de la situation économique et financière, notant que "la reprise ne cesse de prendre de la vigueu"» et que "les perspectives restent encourageantes".
Comme l’a résumé Jean-Claude Juncker à l’issue de la réunion, "la situation sur les marchés mondiaux s’est relativement stabilisée mais la situation sur les marchés de la dette souveraine reste préoccupante", ce qui rend nécessaire la réponse globale sur laquelle planche actuellement l’Eurogroupe afin de maintenir la stabilité de la zone euro.
Quant à l’inflation, qui a augmenté progressivement au cours des derniers mois, elle est due notamment à une augmentation des prix du pétrole, les pressions inflationnistes sous-jacentes restant elles faibles.
Les ministres des Finances ont fait le point sur le programme d’ajustement de la Grèce, et ce quelques jours à peine après la visite à Athènes de la troisième mission conjointe de représentants de la Commission, de la BCE et du FMI. Jean-Claude Juncker, qui s'est lui-même rendu à Athènes le 9 février, a fait état de progrès impressionnants réalisés par la Grèce sur le plan tant budgétaire que structurel. Ces efforts doivent cependant être poursuivis et, dans certains domaines, intensifiés, comme l’ont noté les ministres qui saluent la décision grecque de mettre en œuvre un plan de privatisation et de réalisation d’actifs immobiliers pour un montant cible de 50 milliards d’euros dans les cinq années à venir.
Pour ce qui est du programme d’ajustement irlandais, il est mis en œuvre pour le moment "dans la ligne des recommandations" qui ont été faites lors de la décision d’octroyer l’aide.
Un des grands sujets de cette réunion de l’Eurogroupe était la "réponse globale" que les ministres des Finances de la zone euro ont pour mission de préparer d’ici le Conseil européen du 24 mars 2011. Si Jean-Claude Juncker fixe pour le moment la date du 14 mars pour finaliser les travaux, il prévoit cependant, au vu de la technicité du dossier, d’organiser si nécessaire une réunion supplémentaire de l’Eurogroupe le 21 mars 2011.
A ce stade cependant, "il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y aura pas d’accord sur tout", ainsi que l’a résumé Jean-Claude Juncker. Différentes options possibles ont été étudiées en ce qui concerne le renforcement de l’EFSF et la mise en place du futur mécanisme permanent, l’ESM, mais Jean-Claude Juncker, qui se refuse à livrer des détails sur les différentes options possibles à l’étude, explique que la réponse globale qui sera soumise au Conseil européen devra aussi prendre en compte les questions de gouvernance économique et de compétitivité.
Sur ce dernier point, Jean-Claude Juncker a rappelé qu’Herman Van Rompuy avait été chargé de mener auprès des Etats membres des consultations concernant la proposition franco-allemande de pacte de compétitivité. Il en sera donc question le 11 mars prochain, lors de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro.
Jean-Claude Juncker a d’ores et déjà annoncé qu’il avait "des idées personnelles sur le sujet" et qu’il les exposera le 11 mars 2011. Jean-Claude Juncker, qui juge que "personne n’est contre plus de compétitivité dans la zone euro", demande à voir "en quoi un tel pacte constitue une plus-value" par rapport aux instruments qui existent déjà. En plus du semestre européen qui vient d’être lancé avec l’examen annuel de la croissance, la Commission a notamment mis sur la table des propositions législatives visant à renforcer la gouvernance économique et la surveillance macro-économique sur lesquelles Olli Rehn espère une décision pour l’été 2011.
Au cours de l’échange de vues qu’ont eu les ministres des Finances de la zone euro avec leurs homologues des dix autres Etats membres de l’UE, il a été convenu de fixer le volume de capacité effective de prêt du futur mécanisme permanent, qui sera mis en place en 2013, à 500 milliards d’euros, un montant qui sera soumis à une révision régulière tous les deux ans.
Luc Frieden, pour qui le plus important est "de faire en sorte que les 440 milliards d'euros (dont est théoriquement doté le Fonds de secours) puissent être utilisés et de donner au Fonds un peu plus de flexibilité pour opérer sur les marchés", a déploré en marge de la réunion que "nous sommes trop lents pour prendre les décisions nécessaires", ce qui explique "probablement" la remontrée des taux d’intérêt des obligations de certains pays, parmi lesquels le Portugal. Les Echos rapportent dans leur édition du 15 février que, selon Luc Frieden, "pour porter la capacité de prêt du fonds à 440 milliards comme prévu initialement, il suffit d’augmenter les garanties de tous, sans complication".
Pour le ministre allemand Wolfgang Schäuble, "les marchés sont très stables pour le moment", un argument qu’il a brandi pour écarter "les discussions superflues" alors qu’il convient selon lui avant tout d’avoir "une vision d’ensemble entre le fonds, le futur mécanisme de solidarité et le pacte de compétitivité".
"Nous demeurons tous prêts à prendre même à très court terme toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la stabilité de la zone", a néanmoins assuré une fois de plus Jean-Claude Juncker.