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Economie, finances et monnaie
Le nouveau programme de consolidation présenté par le gouvernement grec remplit "dans une certaine mesure" les exigences de ses partenaires de la zone euro selon Jean-Claude Juncker
De Berlin à La Haye, Jean-Claude Juncker fait le point avec ses homologues sur la situation de la Grèce
24-05-2011


Le 23 mai 2011, le Premier ministre et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, s'est rendu à Berlin, où il a été reçu par la chancelière allemande Angela Merkel au Bundeskanzleramt. Le Premier ministre a rencontré à la même occasion le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. Cette rencontre leur a permis de discuter "de l'actualité politique européenne et notamment de la situation économique et financière des pays membres de la zone euro", ainsi que l’indique le communiqué du gouvernement.

Dans un article publié dans l’édition du Tageblatt datée du 25 mai, Guy Kemp rapporte qu’il a surtout été question de la situation de la Grèce au cours de ces discussions. Le Premier ministre luxembourgeois, la chancelière et le ministre des Finances allemands sont tous trois d’avis que la Grèce doit prendre des mesures de consolidation supplémentaires.

Dans un entretien avec Jean-Marc Sturm diffusé sur les ondes de la radio DNR le 24 mai 2011, Jean-Claude Juncker raconte avoir trouvé un accord avec Angela Merkel pour que la Grèce fasse preuve désormais du plus grand sérieux, car dans le cas contraire, "nous ne trouverons plus de majorité au sein de nos parlements pour poursuivre l’aide à la Grèce".

Les exigences de l’Eurogroupe à l’égard du gouvernement grec "ont dans une certaine mesure été remplies" par le nouveau programme de consolidation présenté

Le 23 mai 2011, le gouvernement grec se réunissait pour peaufiner un nouveau train de mesures qui devait être discuté avec l’opposition le lendemain. Un nouveau programme d’austérité que la mission d’experts de la BCE, de la Commission et du FMI. la troïka, doit commencer à analyser le 25 mai. L’enjeu est le versement de la prochaine tranche de l’aide à la Grèce qui est prévu en principe pour le 21 juin 2011.

Pour se voir versés ces fonds attendus, la Grèce devra cependant "passer à une sérieuse vague de privatisations et poursuivre ses réformes structurelles" selon Jean-Claude Juncker qui a en main le paquet proposé par le gouvernement grec le 23 mai et qui entend étudier les mesures envisagées pour voir si elles sont suffisantes.

Le mardi 24 mai 2011, Jean-Claude Juncker était à La Haye où il a participé à une réunion de travail des trois Premiers ministres du Benelux. Jean-Claude Juncker et ses homologues néerlandais, Mark Rutte, et belge, Yves Leterme, ont eux aussi évoqué dans leurs discussions la situation de la Grèce. Mark Rutte, Jean-Claude Juncker et Yves Leterme à La Haye le 24 mai 2011 (c) Gouvernement néerlandais

A l’occasion d'une conférence de presse conjointe, Jean-Claude Juncker a ainsi rappelé que lors de la dernière réunion de l'Eurogroupe, le gouvernement grec s’est vu demander "d'assurer par tous les moyens que des mesures additionnelles seraient prises afin de garantir l'objectif budgétaire défini pour 2011". "Nous leur avons demandé d'élargir leur programme de privatisations, et nous avons demandé d'autres réformes structurelles", a précisé Jean-Claude Juncker. Des exigences "qui ont dans une certaine mesure été remplies" par le gouvernement grec dans le nouveau programme.

Le président de l'Eurogroupe a expliqué que "le FMI exige, conformément à ses statuts, une garantie financière sur les prochains 12 mois, avant de pouvoir verser la prochaine tranche". "Nous attendons l'évaluation de la troïka ; si celle-ci est positive, alors nous pourrons considérer les prochaines étapes, mais il est pour l'instant trop tôt pour vous dire de quelle nature seront les prochaines étapes", a rappelé encore Jean-Claude Juncker.

"Restructuration douce" : "La Grèce doit d'abord prendre de nouveaux engagements en ce qui concerne ses objectifs budgétaires pour 2011. Ceci est une condition absolue"

Quant à l’idée d’une "restructuration douce" qu’il avait pris soin de préciser dans son entretien au Spiegel et qui est selon lui victime d’une "présentation simplifiée" dans la presse internationale, elle est toujours d’actualité pour Jean-Claude Juncker qui est cité par Guy Kemp. En aucun cas cependant il ne doit s’agir d’une alternative à des mesures de consolidation complémentaires, a martelé une fois de plus Jean-Claude Juncker.

Une position que Jean-Claude Juncker a pu développer à La Haye où il a rappelé, en réponse à une question d’un journaliste, qu'il était "absolument contre une restructuration totale de la dette grecque". "La Grèce doit d'abord prendre de nouveaux engagements en ce qui concerne ses objectifs budgétaires pour 2011. Ceci est une condition absolue", a expliqué Jean-Claude Juncker. "Si toutes ces conditions sont remplies, alors nous ne pourrons exclure une restructuration douce, dans la mesure où les périodes de remboursement seraient allongées, et où les intérêts seraient abaissés. Mais ceci n'est pas une question qui se pose immédiatement, mais qui ne se posera seulement une fois que toutes les conditions seront strictement remplies", a conclu le Premier ministre luxembourgeois.

Privatisations : créer une agence serait un moyen de mobiliser l’expertise nécessaire à un tel processus, mais c’est une décision qui doit venir de la partie grecque

Le journaliste du Tageblatt rapporte aussi qu’il a été question dans les discussions menées à Berlin de la proposition faite par Jean-Claude Juncker dans un entretien au Spiegel de créer une agence de privatisations sur le modèle de la "Treuhandanstalt" allemande. Une proposition qui n’est d’ailleurs pas passée inaperçue au Luxembourg et qui fait l’objet de quelques critiques.

"La partie allemande salue la proposition en ce qui concerne la privatisation", a confié le Premier ministre à Guy Kemp. S’il dit n’être pas lui-même "un grand ami de la privatisation", Jean-Claude Juncker estime cependant qu’une certaine expertise est nécessaire dans un tel processus, et créer une sorte de société dans cet objectif lui apparaît comme la meilleure option. Il importe en effet de se baser sur l’expérience que les autres ont pu faire, et donc sur celle de l’Allemagne. Il est clair cependant aux yeux de Jean-Claude Juncker qu’il s’agit là d’une "décision qui doit venir de la partie grecque".