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Economie, finances et monnaie
La troïka a donné son feu vert au versement début juillet de la 5e tranche de l’aide à la Grèce, tandis que Georges Papandréou est venu discuter à Luxembourg d’un soutien financier supplémentaire
03-06-2011


Le 3 juin 2011, la troïka constituée d’experts de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, a fait état des fruits de sa quatrième mission en Grèce. Un rapport qui était très attendu au vu de la difficile situation de la Grèce sur les marchés financiers et qui devait statuer sur le versement de la cinquième tranche de l’aide accordée à la Grèce en mai 2010. Le même jour, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, était en visite de travail à Luxembourg, où il s’est entretenu avec son homologue Jean-Claude Juncker.

Feu vert de la troïka pour le versement de la cinquième tranche de 12 milliards d’euros sur la base d’un programme de mesures renforcé

Le communiqué diffusé par la troïka fait état d’un accord trouvé avec les autorités grecques sur un paquet de mesures économiques et budgétaires nécessaires pour remplir les objectifs du programme qui conditionne l’aide financière accordée à la Grèce. Leur stricte mise en œuvre permettra de "rétablir la viabilité budgétaire, maintenir la stabilité du secteur financier et de relancer la compétitivité pour créer les conditions d’une croissance durable et de l’emploi", indique le communiqué.

Les experts relèvent "les progrès considérables" accomplis, notamment en matière de consolidation budgétaire, au cours de cette première année, mais ils notent aussi "la nécessité de relancer les réformes fiscales et structurelles" pour continuer de réduire le déficit et atteindre la masse critique de réformes nécessaires en vue de la reprise.

S’ils reconnaissent que la récession a été un peu plus prononcée en 2010 que ne l’avaient laissé présager les perspectives, les représentants de la Commission, de la BCE et du FMI ont observé cependant des signes encourageants ces derniers temps, comme une reprise notable des exportations soutenue par une baisse du coût unitaire de la main d’œuvre et une inflation qui est à la baisse. C’est donc sur une stabilisation de l’économie que misent les créanciers d’ici la fin de l’année.

En matière budgétaire, le communiqué fait état "de la stratégie budgétaire ambitieuse du gouvernement" visant à maintenir ses objectifs pour 2011 et à moyen terme. Une stratégie qui inclut un nombre important de suppressions d’emplois dans le secteur public, la restructuration ou la fermeture d’entités publiques, ainsi que la rationalisation des allocations, qui se fera en protégeant les groupes vulnérables. Sur le plan des recettes, le gouvernement grec prévoit de réduire les exemptions fiscales, d’augmenter les impôts fonciers et d’accroître ses efforts pour lutter contre l’évasion fiscale.

Le gouvernement s’est engagé par ailleurs à accélérer de façon significative son programme de privatisation, indique encore le communiqué qui annonce la création d’une "agence de privatisation au management indépendant et professionnel". Une liste des avoirs qui seront privatisés a été établie, l’objectif étant d’en tirer un revenu de 50 milliards d’euros d’ici fin 2015.

Dans le secteur financier, les observateurs ont noté que la liquidité reste restreinte, mais aussi que les politiques sont en place pour assurer un approvisionnement en liquidités du système bancaire. Ce dernier reste sain et les autorités sont en train d’augmenter les marges de fonds propres nécessaires, ce afin de favoriser les solutions basées sur le marché privé. Le communiqué souligne toutefois que le mécanisme de stabilité financière (EFS) est disponible pour soutenir les banques viables qui ne peuvent lever du capital sur le marché privé.

Pour ce qui est des réformes structurelles, Commission, BCE et FMI notent des progrès : la modernisation de l’administration, la réforme du système de santé, l’amélioration du fonctionnement du marché de l’emploi, la levée des barrières pour s’établir et la libéralisation des transports et de l’énergie sont en cours. Parmi les sujets sur lesquels va se concentrer le gouvernement dans les prochains mois, le communiqué cite la revitalisation de l’industrie touristique et la levée des barrières administratives à l’exportation. 

Pour "renforcer le processus d'application" des réformes, "le FMI, les Etats-membres de l'UE et la Commission" fourniront une "assistance technique", tandis qu'un "mécanisme de suivi" sera créé, stipule enfin le communiqué.

Le versement de la prochaine et cinquième tranche de l’aide à la Grèce, dont le montant prévu est de 12 milliards d’euros, pourrait donc se faire début juillet, une fois que "les discussions sur les modalités de financement" du programme grec qui vont avoir lieu dans les prochaines semaines auront abouti.

A Luxembourg, Jean-Claude Juncker et Georges Papandréou ont discuté de la possibilité de l’octroi à la Grèce d’un financement supplémentaire, en l’échange de conditions strictes

La référence à des discussions sur les "modalités de financement" renvoie aux négociations au sein de l'Union européenne sur une rallonge du prêt accordé à la Grèce en mai 2010. A l’issue de son entrevue avec le Premier ministre grec, Jean-Claude Juncker a en effet dit s'attendre à "ce qu'un financement supplémentaire soit accordé à la Grèce, en échange de conditions strictes". Jean-Claude Juncker a reçu le Premier ministre grec Georges Papandréou à Luxembourg le 3 juin 2011 (cc) Photo provenant du site http://www.flickr.com/PrimeministerGR

Si le président de l’Eurogroupe n'a pas donné de montant pour les nouveaux prêts qui pourraient être accordés par la zone euro, l'UE et sans doute aussi par le Fonds monétaire international, le chiffre de 60 milliards d'euros a été évoqué à plusieurs reprises. La presse grecque datée du même jour évoquait l’existence d’un accord de principe pour couvrir les besoins du pays jusqu'en 2014.

"La Grèce continuera à travailler dur, et la Grèce est déterminée à totalement honorer ses obligations", a assuré quant à lui Georges Papandréou à l'issue de cette rencontre. Durant la première année de ces prêts, "il y a eu de grands sacrifices des Grecs, encore beaucoup reste à faire, et en même temps nous avons vu que les marchés restent sceptiques, et c'est pourquoi nous discutons maintenant d'un soutien financier supplémentaire", a expliqué le Premier ministre grec.

L’annonce faite à Luxembourg avait sans doute vocation à rassurer les marchés financiers inquiets des difficultés de la Grèce à emprunter au vu des hauteurs qu’atteignent les taux d’intérêt qui lui sont demandés, mais elle a aussi été l’occasion pour Jean-Claude Juncker d’annoncer "une implication du secteur privé sur une base volontaire" comme condition à cette future aide. "Cette implication du secteur privé devra être négociée avec les créditeurs privés" de la Grèce, a-t-il indiqué.

"Sur cette base, il est évident qu'il n'y aura pas de sortie de la Grèce de la zone euro, qu'il n'y aura pas de défaut" du pays sur le paiement de sa dette et que "la Grèce va remplir pleinement ses obligations", a assuré le président de l’Eurogroupe.

Georges Papandréou a reconnu que "l'un des problèmes majeurs que nous avons eu dans la mise en œuvre de notre programme est la capacité de nos fonctionnaires à faire de profonds changements et réformes". Ce qui explique l’assistance demandée dans le cadre des nouvelles mesures du programme grec. Selon lui, "cela va donner un coup d'accélérateur et c'est une garantie supplémentaire pour la mise en œuvre du programme", qui devrait "faire de la Grèce un pays très différent, faire de cette crise une opportunité pour la population grecque et pour l'Europe".