Le 23 juin 2011, le Parlement européen a pris position en plénière sur le paquet sur la gouvernance économique. Six rapports correspondant aux six propositions législatives faites par la Commission européenne en septembre 2010 ont ainsi été soumis au vote, sans que les discussions avec le Conseil et la Commission dans le cadre du trilogue ne soient pour autant closes. Ces six textes adoptés permettent au Parlement européen d’afficher sa position officielle en vue de la conclusion d’un accord.
Certains points du paquet, en particulier le renforcement du pacte de stabilité et de croissance, ont été approuvées par une étroite majorité : les groupes S&D, les Verts/ALE et GUE/NGL ont voté contre car, selon eux, le contrôle fiscal fait l'objet d'une attention excessive, laissant peu de place pour maintenir les investissements nécessaires à long terme pour la croissance et l'emploi. Les textes visant à empêcher les déséquilibres macroéconomiques (surchauffe économique) ont rallié une importante majorité.
Les textes adoptés tiennent compte des négociations avec la présidence hongroise datant de la semaine précédant le vote, et ils n’incluent pas les propositions de compromis faites le 20 juin dernier à l’issue de l’Ecofin.
Parmi les points qui ont avancé dans les négociations et qui figurent dans les rapports votés par les eurodéputés, le site du Parlement européen cite notamment :
Mais le Parlement européen ne s’en est pas tenu aux positions négociées avec le Conseil, renvoyant à plus tard un accord que Conseil et Commission appelaient de leurs vœux pour la date du Conseil européen.
En effet, les textes adoptés par les eurodéputés préconisent une plus grande automaticité dans le déclenchement des sanctions lorsque le Pacte de stabilité et de croissance est enfreint par un Etat membre. Les eurodéputés voudraient que la Commission puisse envoyer plus facilement un avertissement, une étape jugée cruciale, puisqu’elle ouvre la porte aux sanctions financières.
Les eurodéputés revendiquent par ailleurs dans les textes votés de pouvoir auditionner en plénière les ministres des Finances des Etats membres, un point sur lequel ils n’ont pas encore obtenu satisfaction de la part du Conseil.
Enfin, le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’un système de surveillance des déséquilibres macroéconomiques qui s’applique tant pour les pays présentant des déficits dans leur compte courant, que pour ceux qui affichent un important surplus.
L’eurodéputée Astrid Lulling est intervenue dans le débat qui a précédé le vote au nom du groupe PPE pour saluer les avancées du paquet tout en mettant l'accent sur l'urgence de la situation qui commande une refondation de l'Union économique et monétaire.
Dans son intervention, Astrid Lulling appelait ses collègues "à faire preuve d'humilité, car nous dansons au bord du gouffre". "Le Parlement européen est resté inaudible dans la crise grecque", a regretté Astrid Lulling, déplorant que le Parlement ait été "incapable d'envoyer un message fort, concret et simple, tant aux Grecs, aux gouvernements des Etats membres qu'aux citoyens européens".
L’eurodéputée a expliqué aux parlementaires qu’en votant ce paquet économique, il s’agirait de faire "peut-être accomplir à la zone euro un pas de plus vers une discipline qui nous a tant manquée". "Un pas, rien de plus qui montrera son utilité à l'avenir", ajoutait-elle.
Certes, l’eurodéputée prenait la mesure du "chemin qu'il nous reste à parcourir". "Alors que c'est de règles et de sanctions automatiques qu'il devrait s'agir, le mécanisme de la majorité qualifiée renversée continue d'agir sur certains comme un épouvantail", déplorait-elle, appelant ses collègues à "rester fermes sur le principe".
Pour Astrid Lulling, l’enjeu est de "refonder une union économique et monétaire bien malade", le paquet sur la gouvernance économique étant "un élément important" de cet objectif à ses yeux.
Le groupe des Verts s’est prononcé en faveur des rapports Ferreira, Haglund et Ford qui concernaient, pour les deux premiers, les déséquilibres macroéconomiques et pour le dernier les exigences applicables aux cadres budgétaires, notamment statistiques, des Etats membres.
Pour l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes, ces trois rapports vont dans le sens du "pacte de stabilité et de croissance ambitieux affichant un équilibre entre solidarité et responsabilité" que les Verts appellent de leurs vœux. Claude Turmes se montre satisfait par exemple du fait que des pays affichant un excédent structurel de la balance des paiements courants, comme l’Allemagne, doivent prendre à l’avenir des mesures pour rétablir un meilleur équilibre économique. De même, le rapport Ford est-il "réussi" aux yeux de l’eurodéputé qui salue le fait que ce texte établisse des sanctions plus effectives pour les Etats membres qui donneraient de fausses informations budgétaires.
Pour Claude Turmes, les trois rapports portant sur la réforme du Pacte de stabilité – les rapports Wortmann-Kool, Feio et Goulard -, misent en revanche essentiellement sur les réductions de dépenses pour réduire la dette, s’en regarder du côté des recettes publiques. Ce qui revient pour l’eurodéputé à faire porter le fardeau de la consolidation budgétaire aux classes moyennes, à ceux qui gagnent peu et aux plus pauvres.
Autre regret de l’eurodéputé écologiste, le fait que les euro-obligations ne soient envisagées que sous une forme non-contraignante dans le rapport Goulard. Mais Claude Turmes salue cependant comme un premier pas le fait que la Commission se soit engagée à soumettre une proposition législative.