Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale - Opinion
L’enquête Eurobaromètre du printemps 2011 révèle un timide regain d’optimisme à l’échelle de l’UE, mais montre aussi que les écarts se creusent entre les pays selon qu’ils sont plus ou moins frappés par la crise
04-08-2011


La Commission européenne a publié le 4 août 2011 un rapport analysant les premiers résultats de l’enquête Eurobaromètre du printemps 2011 (EB75), sondage d'opinion semestriel qui a été effectué en mai 2011.

Ce rapport porte principalement sur les résultats des 27 États membres de l’UE et se divise en deux parties. eurobarometer

La première partie examine les perceptions des Européens sur la crise financière et économique actuelle, les mesures de sortie de crise en matière de gouvernance, les mesures visant à renforcer la gouvernance des marchés financiers et le rôle perçu des différents acteurs au niveau mondial.

La seconde partie analyse le point de vue des Européens sur la stratégie Europe 2020 : quelle importance revêtent les différentes initiatives de cette stratégie ? Ces objectifs sont-ils réalisables ? Et l’Union européenne avance-t-elle dans la bonne direction pour répondre à la crise et aux nouveaux défis mondiaux ?

L’optimisme gagne peu à peu dans l’UE, mais les écarts se creusent entre les pays selon qu’ils sont plus ou moins frappés par la crise

Il ressort des premiers résultats du sondage effectué que les Européens commencent à se montrer plus optimistes quant aux perspectives d'évolution de l'économie, une proportion croissante d'entre eux affirmant que le pire de la crise est passé. 43 % des Européens pensent que les répercussions de la crise sur le marché du travail ont déjà atteint leur paroxysme, ce qui représente un point de pourcentage supplémentaire par rapport à l'enquête précédente, réalisée à l'automne 2010, et 15 points de plus par rapport au printemps 2009.

Si la tendance générale au sein de l'UE est positive, un certain scepticisme demeure dans les pays qui sont encore aux prises avec la récession et un chômage croissant. On constate des différences selon que les pays sont plus "optimistes" ou plus "pessimistes". Une majorité d'États membres, notamment le Danemark (68 %), l'Estonie (64 %) et l'Autriche (62 %), considère que les répercussions de la crise économique sur le marché du travail ont déjà atteint leur point culminant. L'opinion inverse est recensée dans des pays qui luttent contre la crise, comme le Portugal (80 %) et la Grèce (78 %).

Avec la moitié de répondants jugeant que l’impact de la crise sur l’emploi a déjà atteint son apogée, le Luxembourg compte parmi les pays plutôt optimistes, la tendance étant aussi à la hausse par rapport à l’automne 2010 (+3).

L’UE apparaît comme l’acteur le mieux placé pour agir face aux effets de la crise, et ce notamment au Luxembourg

La liste des acteurs les mieux placés pour agir efficacement face aux effets de la crise financière et économique, et leur ordre d’apparition, reste quasiment identique depuis l’étude précédente à l’automne 2010 : l’UE conserve la première place (22 %, -1 point), suivie de près par les gouvernements nationaux (20 %, stable). Le G20 a perdu la troisième place au profit du Fonds Monétaire International (15 %, stable). Enfin, pour la troisième fois consécutive depuis le printemps 2010 (EB73), les États-Unis arrivent après les institutions internationales.

Bien qu’il n’y ait que deux points de pourcentage de différence entre l’UE (22 %) et les gouvernements nationaux (20 %) au niveau européen, l’opinion selon laquelle l’UE est la mieux placée pour agir efficacement face aux effets de la crise économique et financière est partagée par une majorité de répondants dans 16 États membres. L’UE est la plus largement citée en Grèce, au Luxembourg et en Pologne (34 % dans ces trois pays, + 2 points au Luxembourg par rapport à l’automne 2010). Au Luxembourg, viennent ensuite le FMI (18 %, comme à l’automne 2010), le gouvernement (17 %) qui a gagné deux points de pourcentage, suivi du G20 (15 %) qui a perdu trois points par rapport à l’automne.

Améliorer l’éducation et la formation professionnelle reste considéré comme la meilleure initiative pour renforcer la performance de l’économie européenne, mais on note l’importance nouvelle accordée au Luxembourg à l’utilisation plus efficace de l’énergie

Interrogés sur la meilleure façon d’améliorer la performance de l’économie de l’UE, les Européens privilégient l’éducation et la formation professionnelle. L’amélioration de l’éducation et de la formation professionnelle est en effet l’initiative la plus fréquemment citée, et considérée comme prioritaire par près de la moitié des répondants (48 %, +1 depuis l’automne 2010). Deux autres initiatives ont été citées par un peu plus d'un tiers des répondants : réduire les déficits publics et la dette publique (34 %, -1) et faciliter la création d’entreprise (34 %, +1).

Ensuite, les quatre initiatives suivantes ont été mentionnées par un cinquième ou plus des Européens : investir dans la recherche et l’innovation (29 %, -1), utiliser l’énergie plus efficacement (25 %, +4), renforcer la réglementation des marchés financiers (21 %, -3), et faciliter l’accès au crédit pour les entreprises (20 %, -1). Les initiatives restantes n’ont été citées que par 15 % ou moins des répondants.

Pour ce qui est de l’initiative la plus fréquemment citée, le Luxembourg ne fait pas exception et c’est améliorer l’éducation qui apparaît en tête, citée par 51 % des sondés du Grand-Duché. En deuxième position, vient, comme dans l’UE, l’idée de réduire les déficits publics et la dette publique. C’est ensuite l’investissement dans la recherche et l’innovation qui est cité par 31 % des répondants au Luxembourg. Ces trois initiatives sont cependant toutes en recul par rapport à l’automne 2010 alors que la quatrième privilégiée par les répondants du Luxembourg, à savoir utiliser l’énergie plus efficacement, a fait un bon de sept points depuis l’automne pour être citée par 29 % des sondés. On peut noter aussi que la proportion de répondants ayant cité l’augmentation de l’âge de la retraite en réponse à la question posée reste minime (6 %) mais a cependant doublé depuis l’automne dernier.

Les mesures proposées par les institutions européennes pour lutter contre la crise sont plébiscitées par une large majorité de sondés

Les Européens affichent toujours un niveau de confiance élevé vis-à-vis des mesures actuellement en discussion au sein des institutions européennes pour lutter contre la crise : toutes les mesures proposées sont considérées comme efficaces par plus de sept Européens sur dix : 79 % (+2) - et même 84 % au Luxembourg - sont partisans d'une plus grande coordination de la politique économique de tous les États membres de l'Union, 78 % (+3) et 74 % au Luxembourg (- 5 par rapport à l’automne 2010) plaident pour l'exercice d'un contrôle plus strict par l'Union lorsque des fonds publics sont affectés au sauvetage de banques et d'institutions financières.

Par ailleurs, 78 % (+ 3) (LU : 84 %, - 2) pensent qu'une coordination accrue des politiques économiques et financières des pays de la zone euro serait efficace, tandis que 77 % (+2) (LU : 79 %, +1) soutiennent la mise en œuvre par l'UE d'une surveillance plus étroite des activités des grands groupes financiers et 73 % (+ 2) (LU : 78 %) considèrent qu'il serait efficace de renforcer le rôle de l'Union dans la réglementation des services financiers.

Le soutien aux mesures visant à réformer les marchés financiers s’accentue, avec une unanimité un peu plus nuancée sur certains points pour le Luxembourg

Le soutien déjà important aux mesures visant à réformer les marchés financiers mondiaux a légèrement augmenté. Les Européens semblent en effet convaincus de la nécessité de réformer ces marchés financiers : ils sont très favorables aux différentes mesures que l’Union européenne pourrait adopter à cet égard. La proportion de répondants favorables est en effet légèrement plus élevée dans l’UE qu’à l’automne 2010 et ce, pour toutes les mesures proposées.

Le niveau de soutien le plus important porte sur les mesures les plus drastiques concernant l’évasion fiscale et les paradis fiscaux (89 %, +1 depuis l’automne 2010) et le renforcement de la transparence des marchés financiers (88 %, +1). La première mesure rencontre le soutien d’environ trois sondés sur quatre au Luxembourg, mais le chiffre compte parmi les plus bas de l’UE ; quant à la seconde elle rencontre le soutien de 86 % des résidents du Grand-Duché.

Les mesures de réglementation des salaires dans le secteur financier (comme les bonus des traders) (82 %, +2 - LU 80 %) sont encouragées par plus de huit Européens sur dix.

C’est la même proportion de sondés qui affiche dans l’UE son soutien à l’idée d’une imposition des profits réalisés par les banques (82 %, +1), une idée que 73 % seulement des répondants du Grand-Duché disent soutenir, ce qui est un des chiffres les plus bas de l’UE.

À l'instar des résultats de l'étude précédente à l'automne 2010, le soutien à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières est moins net : cependant, 65 % des Européens approuvent une telle proposition, et ce soutien a davantage augmenté que pour toutes les autres mesures proposées aux répondants (+ 4). Dans 22 États membres sur 27, les répondants sont aujourd’hui plus nombreux à être favorables à cette mesure que lors de l’étude de l'automne 2010. Au Luxembourg, la hausse est nette aussi, puisque ce sont désormais 60 % (+ 5) des répondants qui y sont favorables.

Plus des trois quarts des Européens sont favorables au renforcement de la supervision des "hedge funds" (76 %, +3), même si la proportion de réponses "ne sait pas" est la plus élevée pour cette mesure (18 %, -2). Au Luxembourg, la proportion de répondants favorables à une telle mesure atteint même 80 %, alors que la proportion de réponse "ne sait pas" y est de 12 %.

Qui a agi efficacement contre la crise ?

Les Européens sont assez critiques sur la façon dont leur gouvernement a agi pour lutter contre la crise depuis son déclenchement : 57 % (+2 points depuis l’automne 2010) estiment qu’il n’a pas agi efficacement (comparé aux 38 % qui pensent le contraire, -1).

L’opinion publique européenne est beaucoup plus divisée concernant les mesures prises par l'UE : si une majorité relative considère que l’UE n’a pas agi efficacement (45 %, +1), ils sont autant à exprimer un avis contraire (44 %, -1).

Enfin, un peu plus d’un tiers des Européens pense que les États-Unis ont agi efficacement pour lutter contre la crise (36 %, +1 contre 48 %, -1).

Bien qu’une majorité d’Européens considère qu’aucune de ces trois entités n’a agi efficacement, l'UE reste la plus efficace des trois.

Même si l’opinion semble divisée concernant les mesures prises par l’Union européenne, une analyse détaillée des résultats au niveau national montre que 14 États membres ont une perception positive concernant son rôle : une majorité de répondants considère que l’UE a agi efficacement pour lutter contre la crise. L’efficacité des mesures de l’UE est largement reconnue en Roumanie (68 %), en Bulgarie (62 %) et en Belgique (60 %).

À l’inverse, une majorité de répondants est critique vis-à-vis des mesures prises par l’UE dans 12 pays, notamment en Grèce (75 % "inefficace") et à Chypre (66 %). En République tchèque, l’opinion publique est divisée à parts égales à cet égard (46 % contre 46 %). L’opinion publique en Allemagne est également très divisée (45 % contre 46 %).

Si le Luxembourg compte parmi les pays dont les répondants sont parmi les plus nombreux (57 %, + 3) à juger efficace l’action de l’UE face à la crise, ils sont aussi très majoritairement satisfaits de l’action du gouvernement luxembourgeois pour lutter contre. Ainsi, 71 % (+ 2) ont jugé l’action du gouvernement efficace, seule la Suède affichant un taux de satisfaction plus élevé (77 %) quant à l’action du gouvernement.

Le soutien public à la stratégie Europe 2020 est encore plus marqué qu’au printemps 2010

La stratégie Europe 2020, lancée par la Commission européenne en mars 2010 afin de préparer l'économie européenne aux défis de la prochaine décennie est plébiscitée par les citoyens européens : l’ensemble des mesures prévues par cette stratégie obtient de bons résultats.

Trois initiatives sont considérées comme importantes par plus des trois quarts des Européens : "Aider les gens pauvres et socialement exclus et leur permettre de prendre une part active dans la société" (79 % important, +3 depuis l’Eurobaromètre du printemps 2010) et "Moderniser les marchés de l'emploi en visant l'augmentation du niveau des emplois" (79 %, +3) sont les deux mesures qui reçoivent le plus de réponses positives. Au Luxembourg la première initiative est considérée comme importante par 82 % des sondés, tandis que la seconde, jugée importante par 74 % des répondants, a fait un bond de 10 points en un an. Ces résultats confirment l’importance perçue des questions d’emploi et de lutte contre l’exclusion sociale aux yeux de l’opinion publique européenne.

Presqu’autant d’Européens (76 %, +3) estiment que la promotion d’une économie plus respectueuse de l’environnement est également une initiative importante. Au Luxembourg, la proportion de répondants jugeant important de soutenir une économie qui utilise moins de ressources naturelles et émet moins de gaz à effet de serre est la même que dans l’UE, mais on peut noter la forte hausse - + 12 points par rapport au printemps 2010 - d’importance accordée à un tel objectif.

Les deux initiatives suivantes sont considérées comme importantes par environ sept Européens sur dix : "Augmenter la qualité et l'attractivité du système d'enseignement supérieur de l'UE" (70 %, +3, et même 72 %, + 9 au Luxembourg)  et "Aider la base industrielle de l'UE à devenir plus compétitive par la promotion de l'esprit d'entreprise et par le développement de nouvelles compétences" (68 %, stable et 65 %, + 5 au Luxembourg).

Une proportion légèrement plus faible d’Européens estime qu’augmenter l’aide aux politiques de recherche et de développement et transformer les inventions en produits est également une initiative importante si l’UE réussit à sortir de la crise économique et financière actuelle (60 %, +1) ; une proportion encore plus faible, bien que plus importante qu’un an auparavant (51 %, + 8) de répondants du Luxembourg jugeant cette initiative importante. Les Européens semblent moins intéressés par l’initiative visant à développer l'e-économie en renforçant l'internet ultrarapide au sein de l'UE (48 %, +2), les sondés du Grand-Duché affichant un intérêt encore moindre pour cette initiative jugée importante par 35 % seulement des répondants.

Les objectifs de la stratégie Europe 2020 semblent raisonnables aux yeux des Européens, mais au Luxembourg, la tendance à les juger trop modestes est nette

Les objectifs qui définissent la stratégie Europe 2020 semblent raisonnables aux citoyens européens : une majorité absolue de répondants pense que les huit objectifs de la stratégie Europe 2020 sont "comme il faut". De plus, après les résultats en baisse recueillis entre le printemps et l’automne 2010, ils sont aujourd'hui en hausse pour six objectifs ou sont restés stables, tandis que les proportions de répondants qui pensent que ces objectifs sont trop ambitieux ou trop modestes ont légèrement baissé pour sept d’entre eux. Le sentiment général au sein de l’opinion publique que ces objectifs sont réalistes semble désormais plus répandu.

Le Luxembourg fait exception, avec la Belgique, puisque la proportion de réponses "trop modeste" est d’au moins 10 points au-dessus de la moyenne européenne globale pour presque tous les objectifs : pour sept sur huit en Belgique et pour six sur huit au Luxembourg.

C’est le cas notamment pour l’objectif de réduire d'ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'au moins 20 % par rapport à 1990, objectif jugé trop modeste par 31 % (+ 5) des répondants au Luxembourg contre 18 % à partager ce point de vue dans l’UE. Mais 40 % des répondants du Grands Duché jugent cependant cet objectif "comme il faut". De même, pour ce qui est d’augmenter d’ici 2020 la part de l’énergie renouvelable de 20 %, 35 % juge l’objectif trop modeste (+ 8 par rapport à l’automne 2010), tandis que 45 % disent s’en satisfaire. Sur cet objectif on note que la proportion de répondants trouvant cet objectif trop ambitieux (17 %) a chuté de 7 points par rapport à l’automne 2010.

Dans le domaine social, les résidents du Luxembourg sont 40 % (contre 24 % en moyenne dans l’UE) à juger trop modeste l’objectif visant à réduire d’un quart le nombre d'Européens vivant sous le seuil de pauvreté d'ici 2020.

Près de la moitié des répondants du Luxembourg (47 %) juge trop modeste l’objectif visé par l’UE d’atteindre au moins 40 % de la jeune génération dotée d’un diplôme ou d’une qualification. L’écart avec la moyenne de l’UE est impressionnant puisque 16 % seulement des Européens partagent cette appréciation.

Pour ce qui est de l’objectif de décrochage scolaire, pour lequel le Luxembourg est très bien situé dans la moyenne européenne, on comprend aisément que l’objectif de l’UE apparaisse comme "trop modeste" à 41 % des répondants (+ 6). Le fait que 16 % des répondants continuent de juger "trop ambitieux" un objectif atteint par le pays laisse cependant certaines questions ouvertes.

Au Luxembourg, la majorité des répondants estime que l’UE va dans la bonne direction

46 % des Européens pensent que l’UE va dans la bonne direction pour sortir de la crise et faire face aux nouveaux défis mondiaux, un taux resté stable par rapport à l’automne 2010. Moins d’un quart est d'un avis contraire (23 %, stable), tandis que 20 % (+1) ont spontanément répondu "ni l’une, ni l’autre".

Des écarts importants sont observés entre les États membres, même si les personnes ayant répondu "dans la bonne direction" sont plus nombreuses que celles qui affirment qu'elle va "dans la mauvaise direction", à l'exception de la Grèce.

Au Luxembourg 55 % des répondants estiment que l’UE va dans la bonne direction, un taux qui a baissé de quatre point depuis l’automne 2010 au profit de ceux qui ont répondu "ni l’une ni l’autre" (19 %, + 3) et de ceux qui ne se prononcent pas (8 %, + 1). La part des répondants estimant que l’UE va dans la mauvaise direction n’a elle pas changé depuis l’automne, restant à 18 %.