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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Pour Jean-Claude Juncker, il est "dans la logique du mandat de président du Conseil européen d’assurer aussi la présidence des réunions de chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro"
02-08-2011


Dans son édition datée du 1er août 2011, le quotidien français Le Monde annonçait dans le titre d’un article signé Philippe Ricard que le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, était "pressenti pour prendre la présidence de la zone euro". L’article précisait ce titre rapidement, ajoutant que cela se pourrait se faire "après l’été, au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement". L’objectif annoncé par le journaliste serait de "clarifier les rôles et de limiter la cacophonie dans la gestion de la crise de la zone euro". Le Monde

"Le président du Conseil européen occupe de fait cette fonction", ne manque pas de rappeler Philippe Ricard qui explique que c’est Herman Van Rompuy qui convoque et préside les réunions des chefs d'Etat et de gouvernement des dix-sept pays membres de l'Union monétaire. Ce fut en effet le cas le 21 juillet 2011, et il en avait été de même le 11 mars dernier, ou encore un an auparavant, le 25 mars 2010.

"Mais il agit sans attribution précise, et sans moyen défini", commente Philippe Ricard selon lequel, certains Etats, dont la France, étudient "la meilleure façon de formaliser cette situation, afin de renforcer la position de M. Van Rompuy". D’après les informations détenues par le journaliste, la France devrait ainsi "proposer à l'Allemagne d'aller en ce sens quand les deux pays feront des propositions communes en matière de gouvernance de la zone euro, a priori d'ici à la fin du mois d'août".

"M.Van Rompuy ne manquerait pas de prendre la prééminence sur M. Juncker", commente le journaliste

"L'ancien premier ministre belge pourrait, avec sa double casquette, faire naturellement le lien entre l'Europe des Vingt-Sept et les dix-sept membres de la-zone euro", estime le journaliste du Monde qui juge qu’Herman Van Rompuy, "en lice pour sa reconduction à la tête du Conseil européen au printemps 2012, n'aurait rien contre un cumul des deux fonctions". "Le 21 juillet, il a lui-même fait remarquer à ses collègues, selon un participant, que leur réunion était en quelque sorte ´illégale´", ajoute même Philippe Ricard qui rappelle qu'un tel Conseil n'est pas reconnu par les traités, à la différence de l'Eurogroupe.

Selon un autre argument avancé dans le papier publié dans le Monde, il s’agirait de régler aussi "un énorme défaut de communication". "Le relatif succès du sommet du 21 juillet peut jouer en la faveur de M.Van Rompuy, en dépit de la fébrilité persistante des marchés", analyse Philippe Ricard qui cite un proche du président du Conseil européen qui soulignait que "l'Eurogroupe avait été, dix jours plus tôt, incapable de se mettre d'accord".

Herman Van Rompuy reçu à Luxembourg par Jean-Claude Juncker le 21 juin 2011 en vue de préparer le Conseil européen des 23 et 24 juin 2011Une des conséquences d’une telle nomination formelle serait, toujours selon Philippe Ricard, que "M.Van Rompuy ne manquerait pas de prendre la prééminence sur M. Juncker", dont le mandat arrive à terme en janvier 2012.  "Son autorité est de plus en plus contestée après dix-huit mois de gestion chaotique de la crise de la zone euro", indique le journaliste.

"Les réflexions en cours cherchent à parer à l'urgence sans passer par une nouvelle réforme des traités européens", poursuit Philippe Ricard selon lequel les chefs d'Etat et de gouvernement ont bien conscience qu'une telle refonte est hors de portée à ce stade. Aussi, il ne saurait être encore question de créer un poste de ministre des Finances de la zone euro ainsi que cela a pu être proposé récemment.

Conclusion du journaliste : "Depuis Bruxelles, Herman Van Rompuy serait néanmoins en mesure de consacrer une bonne partie de son temps à l'euro, ce qui n'est pas le cas du patron de l'Eurogroupe, par ailleurs premier ministre du Luxembourg".

"C’est un processus tout naturel", juge Jean-Claude Juncker

Guy Kemp, journaliste au Tageblatt, s’est empressé, après avoir lu cet article, de contacter Jean-Claude Juncker afin de recueillir sa réaction. Le journaliste évoque dans un article daté du 2 août 2011 un président de l’Eurogroupe "placide" à l’idée de la formalisation de cette fonction d’Herman Van Rompuy, avec lequel il est d’ailleurs en contact régulier, comme il n’a pas manqué de le souligner.tageblatt

"C’est un processus tout naturel", a confié Jean-Claude Juncker à la rédaction du Tageblatt. A ses yeux, "il est dans la logique du mandat de président du Conseil européen d’assurer aussi la présidence des réunions de chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro". Jean-Claude Juncker juge même que cela éviterait qu’un fossé ne se creuse entre les 17 Etats membres de la zone euro et les autres membres de l’UE.

Pour le moment, les traités n’offrent pas la base juridique nécessaire pour faire "un saut quantique" en matière de gouvernement économique, a encore expliqué Jean-Claude Juncker qui n’entrevoit pour autant "pas d’opportunité politique d’entreprendre un changement de traité à grande échelle".