Les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro sont parvenus le 25 mars 2010 à un accord sur un plan d'aide à la Grèce financé par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI), un mécanisme inédit depuis le lancement de la monnaie commune en 1999.
Dans une déclaration, ils ont réaffirmé leur "volonté de prendre, si nécessaire, des mesures déterminées et coordonnées, pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble, tel que décidé le 11 février. Dans le cadre d’un accord comprenant une implication financière substantielle du Fonds Monétaire international et une majorité de financement européen", ils se sont déclarés "prêts à contribuer à des prêts bilatéraux coordonnés. Ce mécanisme, complétant un financement du Fonds Monétaire International, doit être considéré comme un dernier recours, ce qui signifie en particulier que le financement de marché est insuffisant. Les déboursements des prêts bilatéraux seraient décidés par les Etats-membres de la zone euro à l’unanimité et soumis à de fortes conditionnalités, sur la base d’une évaluation menée par la Commission européenne et la BCE."
Le dispositif, qui ne sera activé qu’en cas de besoin, prévoit que "les Etats membres participent au prorata de leur part au capital de la BCE". Selon le Luxemburger Wort du 26 mars 2010, la majeure partie reviendrait ainsi à l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne. Une part de 0,26 % reviendrait au Luxembourg.
"Nous avons résolu le problème à l'intérieur de la famille européenne avec la participation du FMI (...), cela offre un solide filet de sécurité à la Grèce", a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à l'issue du sommet à Bruxelles.
Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a lui indiqué qu'il s'agissait de rassurer les marchés financiers en leur montrant que "la zone euro ne laisserait jamais tomber la Grèce".
Après des semaines de divergences entre les pays européens sur l'opportunité d'aider la Grèce et sur les modalités d'un éventuel soutien, la France et l'Allemagne ont débloqué la situation dans la journée lors d'une rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel. Si ce plan est activé, l'intervention du FMI pour un pays de la zone euro serait sans précédent.
Tandis que Nicolas Sarkozy a parlé d’un "pas majeur", le chef du gouvernement grec Georges Papandréou, dont le pays est confronté à une crise budgétaire sans précédent, a jugé l'accord européen "très satisfaisant". Il a cependant déclaré que la Grèce n’envisage pas d’avoir recours à l’aide parce qu’elle espère que cette "décision prise au plus haut niveau transmettra un message aux marchés et fera baisser les taux d’intérêt".
La Banque centrale européenne, qui était plutôt réservée au départ sur le recours au FMI, a aussi salué le dispositif. Son président Jean-Claude Trichet a déclaré à l’issue du sommet : "Je suis extrêmement content que les chefs d'Etat et de gouvernement aient été en mesure de trouver une solution viable". Il a reconnu que cela n'avait "pas été facile", en raison de divisions entre pays européens, mais il a estimé que la formule adoptée au final était du point de vue de la BCE satisfaisante car les gouvernements européens avaient assumé "leur responsabilité" puisqu’ils restent "maîtres du mécanisme". "J'ai confiance dans le fait que le mécanisme adopté aujourd'hui n'aura pas besoin en principe d'être activé et que la Grèce va progressivement regagner la confiance des marchés", a ajouté Jean-Claude Trichet.
Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker s’attend maintenant à un apaisement des marchés financiers. "Les spéculateurs savent maintenant que la Grèce n’est pas laissée seule", a-t-il déclaré à l’issue du sommet. Selon lui, la rencontre était d’ailleurs l’ultime moment pour trouver un accord sur un instrument de soutien pour la Grèce. Et d’ajouter que les marchés financiers vont réaliser que "nous n’écrivons pas seulement des poèmes, mais que nous avons trouvé un accord sur un instrument financier".
Le Premier ministre luxembourgeois est convaincu que la Grèce n’aura pas recours à cette aide parce qu’il juge le programme de consolidation grec très crédible. Il n’est cependant "pas très enthousiaste" à l’idée que l’aide du FMI et les crédits des pays de la zone euro aient été combinés. Mais il a expliqué que, face au refus de certains Etats membres de compter uniquement sur des crédits bilatéraux, on n’a pas pu faire autrement. Et de déclarer "que la décision du Conseil européen est "dans l’ensemble une réponse adéquate au problème grec".
Selon Jean-Claude Juncker, tous les pays de la zone euro sont prêts à accorder des crédits. Par ailleurs, il estime qu’il serait très probable qu’un tiers des crédits proviennent du FMI et deux tiers des pays de la zone euro. Mais cela devrait être résolu si la question se pose.
Dans le document adopté le 25 mars 2010, les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro ont par ailleurs réaffirmé leur "engagement à mettre en œuvre des politiques économiques destinées à restaurer une croissance forte, stable et durable afin de favoriser les créations d’emplois et la cohésion sociale". En outre, ils s’engagent "à promouvoir une forte coordination des politiques économiques en Europe". Dans ce contexte, ils considèrent "que le Conseil européen doit renforcer le gouvernement économique de l’Union européenne" et proposent de renforcer son rôle dans la coordination macroéconomique et la définition d’une stratégie de croissance européenne".
Selon les dirigeants politiques de la zone euro, "la situation actuelle démontre le besoin de renforcer et de compléter le cadre existant pour assurer la soutenabilité budgétaire dans la zone euro et de renforcer sa capacité à agir en temps de crise. Pour le futur, la surveillance des risques économiques et budgétaires et les instruments de leur prévention, y compris la procédure pour déficit excessif, doivent être renforcés." Et d’ajouter : "En outre, nous devons disposer d’un cadre robuste pour la résolution des crises, respectant le principe de la responsabilité budgétaire de chaque Etat-membre."
Les dirigeants européens se sont mis d'accord pour demander qu'un groupe de travail présente des mesures nécessaires d'ici à la fin 2010, "explorant toutes les options" dans le but de "renforcer le cadre juridique" de la surveillance budgétaire des Etat européens, avec l'objectif de pouvoir prendre plus facilement des sanctions contre les pays laxistes.
Suite à ces décisions, l'euro rebondissait timidement face au dollar le matin du 26 mars 2010 en Asie.