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Economie, finances et monnaie
"Les eurobonds ne représentent pas une solution immédiate au problème", estime Luc Frieden qui s’oppose à l’idée d’émettre des obligations communes aux seuls pays de la zone euro les mieux notés
29-11-2011


Dans un entretien à la ZDF diffusé le 29 novembre 2011, le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, prend position sur les eurobonds ainsi que sur l’idée qui circule depuis quelques jours d’obligations d’élite.ZDF

"Je crois que les eurobonds ne représentent pas la solution immédiate au problème", affirme ainsi Luc Frieden qui insiste une fois de plus sur la nécessité de regagner la confiance et la stabilité avant de pouvoir avoir les conditions requises pour pouvoir imaginer l’émission d’obligations communes. Pour autant, Luc Frieden rappelle qu’il est faux de croire que les eurobonds rendraient possible un endettement sans limite en Europe. "Dans le cadre d’une discipline budgétaire plus parfaite, dans l’union de stabilité que nous appelons de nos vœux, et nous sommes là très proches de la position du gouvernement allemand, il y aura la place pour introduire des obligations communes, mais cela ne saurait être atteint à court terme", résume Luc Frieden.

Quant à l’idée d’obligations communes aux Etats membres de la zone euro les mieux notés, ce que la ZDF appelle des "obligations d’élite", - une idée avancée dans les médias au nom de l’Allemagne mais que le gouvernement allemand a récusée par la suite, - Luc Frieden affiche un refus net. "Je ne peux pas soutenir cette idée car il ne s’agit pas de régler les problèmes des Etats dotés d’un triple A, c’est-à-dire les Etats qui ont une bonne solvabilité, comme l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, mais bien les pays qui ont des problèmes pour se refinancer".

"Nous devrions d’abord essayer d’aider ces pays", plaide Luc Frieden. "Nous avons besoin d’une union de stabilité", explique le ministre, qui considère que cette aide doit être assortie de "conditions strictes pour ces pays". "Lorsque ces conditions seront remplies, nous pourrons alors imaginer d’autres idées", poursuit-il. Selon Luc Frieden, ces Etats qui ne remplissent pas les conditions aujourd’hui devraient être soumis à un contrôle plus strict des autres Etats ou des institutions européennes.

"Nous avons donc besoin de retrouver la confiance dans ces Etats et nous avons besoin de stabilité dans l’Union, et pour se faire, il faut de nouveaux instruments", déclare Luc Frieden qui précise que, si les eurobonds ne résoudront pas le problème à court terme, ils peuvent être "une partie d’un plan plus grand". Ce qui est nécessaire à court terme, c’est, selon le ministre, une plus grande force de frappe de l’EFSF. "Celle-ci va être augmentée aujourd’hui de 2 à 3 fois son volume actuel, peut-être pas autant que ce que nous avions pensé au début", indique ainsi le ministre qui devait participer le soir même à une réunion de l’Eurogroupe abordant cette question. "Nous avons besoin du FMI", ajoute Luc Frieden qui salue le fait que les Etats-Unis vont contribuer à une solution. "Nous avons besoin de toutes les possibilités que peut offrir la BCE, en toute indépendance et dans le cadre de ce que prévoient les traités", ajoute-t-il enfin.

Comme le rappelle Luc Frieden à la rédaction de la ZDF, la stabilité est dans l’intérêt tant de l’Allemagne que du Luxembourg, qui sont tous deux des pays qui exportent et qui s’en sont tenus à une stricte discipline budgétaire. "En aidant les autres, nous nous aidons nous-mêmes", lance-t-il aux téléspectateurs allemands. Mais il insiste une fois de plus sur la nécessité pour les pays aidés de respecter les règles. "Si un Etat ne s’en tient pas aux conditions fixées à moyen terme, il doit y avoir des sanctions qui doivent aller jusqu’à l’exclusion de la zone euro", avance Luc Frieden qui juge peut-être nécessaires des possibilités d’intervention de la Commission et un recours à la Cour de Justice, des objectifs qu’il voit cependant à moyen et à long terme.