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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker, qui a reçu Lucas Papademos à Luxembourg, s’est dit convaincu que les leaders grecs rempliront toutes les conditions pour le versement de la 6e tranche de l’aide à la Grèce
22-11-2011


Jean-Claude Juncker et Lucas Papademos, conférence de presse à Luxembourg, le 22 novembre 2011. Copyright: SIP/NIcolas BouvyLe Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a reçu le 22 novembre 2011 à Luxembourg le nouveau chef du gouvernement de transition grec, Lucas Papademos, avec lequel il s’est entretenu sur "un large éventail de questions" concernant la Grèce et la zone euro.

Jean-Claude Juncker s’est dit convaincu que le nouveau Premier ministre grec qui est à la tête d’un gouvernement d’union nationale s’engagera fortement pour la mise en œuvre des décisions du sommet du 26 octobre 2011, comme par ailleurs l’attendent de ce gouvernement ses partenaires de la zone euro.   

Pour le versement de la 6e tranche de l’aide à la Grèce, il faut un engagement signé des leaders des principaux partis grecs

Quant au versement de la 6e tranche de l’aide à la Grèce, un prêt de 8 milliards d'euros, vital pour éviter la faillite du pays, Jean-Claude Juncker s’est dit "assez optimiste sur la possibilité de donner un avis positif" à l'occasion de la prochaine réunion de l’Eurogroupe du 29 novembre 2011 à Bruxelles.

L'Eurogroupe et le Fonds monétaire international ont posé une condition au versement de cette 6e tranche de prêt à la Grèce : ils veulent que les principaux partis grecs - socialistes et opposition conservatrice en particulier - s'engagent par écrit à appliquer les mesures d'économies budgétaires et les réformes prévues. "Nous voudrions être certains que l'opinion exprimée par le nouveau Premier ministre grec" sur la nécessité de réaliser les réformes promises aux bailleurs de fonds du pays "est entièrement partagée par les principaux dirigeants politiques en Grèce", a souligné Jean-Claude Juncker. Et il a ajouté : "Je pense que d'ici à mardi ceci va se produire de manière transparente et ensuite nous serons en mesure de prendre une décision." Actuellement, le chef du principal parti conservateur, Nea Dimokratia, qui participe au gouvernement de transition grec, Antonis Samaras, refuse toujours de signer un engagement dans ce sens.

Le Premier ministre grec Lucas Papademos a réitéré devant la presse les engagements de son gouvernement : mettre en œuvre des décisions du 26 octobre, mener les réformes correspondantes, viser l’équilibre budgétaire, arriver début 2012 à un échange volontaire d'obligations avec une décote nominale de 50 % sur la dette nationale grecque détenue par les investisseurs privés et procéder de manière accélérée à toutes les réformes nécessaires pour renforcer la compétitivité de l’économie grecque. Le vote de confiance a été massif au parlement, mais Lucas Papademos mise avant tout "sur le soutien du peuple grec pour aller de l’avant, afin qu’il puisse laisser comme gouvernement de transition un pays en ordre au gouvernement qui lui succédera."

En attendant la proposition de la Commission sur les eurobonds

Interrogé sur ce qu’il pensait du refus par l’Allemagne du principe des eurobonds et sur la proposition que la Commission  européenne présentera le 23 novembre 2011 sur des eurobonds, Jean-Claude Juncker a répondu qu’il ne connaissait pas les détails de cette proposition. Il a ajouté qu’il savait que "l’Allemagne et la chancelière, le ministre des Finances et bien d’autres n’aiment pas cette idée des eurobonds". Mais la proposition de la Commission devrait "être méditée sans préjugés par toutes les parties". Pour lui, il y a des arguments en faveur d’un certain type d’eurobonds, mais cette euro-obligation et la proposition de la Commission ne devraient pas être considérées comme une réponse à court terme. Lucas Papademos quant à lui n’a pas voulu commenter plus longuement cette proposition, sauf pour dire que l’efficacité de tels eurobonds devrait être considérée dans le cadre plus large d’une politique économique qui fixerait les conditions de telles obligations.

Le triple A de la France

Jean-Claude Juncker a aussi commenté les menaces de l’agence de notation Moody’s de dégrader la note triple A de la France. "Je ne pense pas que la notation de la France devrait être dégradée, je ne peux voir aucune raison de court ou moyen terme pour faire cela", a-t-il déclaré. Une perte du triple A aurait pour conséquence d'accroître les coûts d'emprunt de la France sur les marchés pour financer son déficit et de fragiliser tout le système de défense mis en place par la zone euro pour éviter une contagion de la crise de la dette, dans la mesure où l’EFSF repose sur le fait que les principaux pays de la zone euro préservent leur notation triple A.