Désormais, le traité d'adhésion que la Croatie a signé en décembre 2011 devra être ratifié par chacun des 27 Etats membres de l'UE pour entériner son intégration dans le bloc européen prévue le 1er juillet 2013. Après la Slovénie en 2004, la Croatie sera la deuxième des six ex-républiques yougoslaves à adhérer à l'UE, une perspective offerte à l'ensemble des pays des Balkans occidentaux.
L'enthousiasme pro-européen des Croates, à 80 % dans les sondages en 2003, s'est estompé au fil des négociations (2005-2011) en raison des durs critères fixés par Bruxelles (lutte contre la corruption et contre le crime organisé, livrer des criminels de guerre considérés comme des héros nationaux au Tribunal pénal international, veiller à une justice indépendante, respecter les minorités, ouvrir les marchés selon les principes du marché intérieur, etc. ) dont l'intransigeance était parfois perçue comme du chantage, mais surtout en raison de la crise économique qui secoue l'UE. Les autorités se sont efforcées de dissocier la crise de la zone euro de la crise économique dont souffre la Croatie, allant jusqu'à assurer aux électeurs que l'adhésion leur apporterait "un environnement financier et macroéconomique stable (...), ce qui va relancer le développement de l'économie".
Les analystes pensent que la Croatie ne sera pas un membre facile. La Croatie a un conflit territorial ouvert dans l’Adriatique Nord avec un autre Etat membre de l’UE, la Slovénie. Les deux pays ont accepté un arbitrage sous les auspices de l’UE, mais le dirigeant slovène conservateur Janez Jansa, le probable prochain Premier ministre slovène, fait vibrer la fibre nationaliste. La Croatie et la Serbie ont un litige devant la Cour internationale. La corruption représente toujours un grand problème dans le pays. La justice s’est certes améliorée sous la pression du processus d’adhésion à l’UE, mais est loin de correspondre à des normes occidentales. Les investisseurs étrangers se heurtent à de nombreux obstacles. Le déficit budgétaire est de 6 % du PIB et le PIB vient à peine d’atteindre son niveau de 1989. L’industrie navale doit par ailleurs être restructurée, ce qui menace l’emploi d’une dizaine de milliers d’ouvriers.
Aucun communiqué venant d’instances ou organisations politiques luxembourgeoises, aucun éditorial n’a jusque là commenté le référendum en Croatie. Pourtant, la politique étrangère du Luxembourg s’engage fortement en faveur de la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux. L’opinion publique par contre est au Luxembourg très opposée à la politique d’élargissement, avec 62 % de personnes interrogées qui le refusent (56 % dans l’UE) et 34 % de personnes qui sont pour (UE : 36 %).