Dans la foulée de sa dégradation choc le 13 janvier 2012 de la note de neuf Etats membres de la zone euro, l’agence de notation Standard and Poor's (S&P) a abaissé le 16 janvier 2012 d'un cran la note de l’EFSF. Jusque là, la note attribuée à ce fonds par cette agence était de AAA, c’est-à-dire la meilleure note possible, et elle est désormais de AA+ pour les obligations à long terme. Une dégradation qui était attendue de fait de la dégradation de la note de l’Autriche et de la France. En effet, la note du fonds dépend de celle attribuée aux pays qui lui apportent leur garantie. Ils étaient jusqu’au 13 janvier six à être notés d’un triple A, et ne sont désormais plus que quatre : Allemagne, Finlande, Luxembourg et Pays-Bas.
Dans son communiqué, S&P prévient qu'elle pourrait relever la note de l’EFSF. "Si nous constatons que les obligations à long terme de l’EFSF sont pleinement soutenues par les garanties des Etats membres bénéficiant d'un triple A, nous pourrions relever sa note à AAA", indique S&P. L'agence estime qu'il y a une probabilité dans les deux ans qu'elle relève la note ou au contraire l'abaisse.
Jean-Claude Juncker a réagi aussitôt par voie de communiqué, disant "prendre note" de la décision de S&P. "Nous allons en examiner les conséquences", annonce le président de l’Eurogroupe avant de souligner que l’EFSF continue de se voir attribuer par les agences Moody’s et Fitch la meilleure notation possible, ce qui est à ses yeux une preuve de sa "solidité".
"L'abaissement d'un cran de la note de l’EFSF ne va pas réduire sa capacité de prêts de 440 milliards d'euros", a-t-il déclaré, à l’unisson avec Klaus Regling, directeur de l’EFSF qui a lui aussi publié un communiqué. "L’EFSF a les moyens de remplir ses engagements actuels et éventuellement d'autres, d'ici la mise en œuvre du Mécanisme européen de stabilité (EMS) en juillet 2012", assure Klaus Regling. "L’EFSF a suffisamment de moyens pour remplir ses engagements dans le cadre des programmes d’ajustement actuels et éventuellement à venir et va continuer à être soutenu par les garanties inconditionnelles et irrévocables des Etats membres de la zone euro", affirme quant à lui Jean-Claude Juncker.
Klaus Regling souligne aussi que l’agence S&P maintient la meilleure notation possible pour le court terme. "L’EFSF est devenu une signature bien établie sur le marché obligataire supranational", rappelle le directeur du fonds qui insiste aussi sur le fait qu’il peut s’appuyer sur une base très variée d’investisseurs, tant sur le plan de la géographie que de leur typologie.
Le ministre japonais des Finances, Jun Azumi, a d’ailleurs déclaré au lendemain de la décision de S&P que cette dernière ne devrait pas " remettre en cause immédiatement la crédibilité des obligations de l’EFSF". Le Japon a acheté entre 10 et 20 % du montant des diverses émissions de l’EFSF en 2011. "Cela représente un actif valable, et il n'y aura pas de changement immédiat dans notre manière de penser", a assuré le ministre japonais.
Mario Draghi, le président de la BCE, était quant à lui devant les députés de la commission ECON du Parlement européen à l’heure où S&P annonçait sa décision sur l’EFSF. "Il faut des contributions supplémentaires des pays encore notés AAA" pour que l’EFSF conserve "la même capacité" ou puisse prêter "au même taux", même après une dégradation, a-t-il déclaré à cette occasion.
Il n'y a "pas besoin d'agir sur l’EFSF actuellement", a réagi de son côté le Ministère allemand des Finances. François Baroin, le ministre français des Finances lui a fait aussitôt écho, ajoutant que "l’EFSF conserve intacte sa capacité de prêt, avec des moyens suffisants et garantis pour remplir l'ensemble de ses engagements présents et à venir".