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La FEDIL s’inquiète des prix de l’énergie, revendique une nouvelle politique industrielle nationale et européenne et se heurte au Premier ministre sur les questions de l’indexation des salaires et la désindexation de l’économie
18-01-2012


La réception du Nouvel an 2012 de la FEDIL, la Fédération des industriels luxembourgeois, a de nouveau été l’occasion pour son président, Robert Dennewald, d’exposer devant le Premier ministre, les membres du gouvernement, une assistance concernée et les médias le point de vue du patronat sur le fonctionnement de l’économie et des politiques économiques nationale et européenne. Lors de la réception du Nouvel an de 2011, Robert Dennewald avait déjà concentré son discours sur la nécessité "d’accélérer et d’intensifier les efforts d’innovation et d’investissement", pour rompre la "relation entre la croissance économique, d’une part, et la consommation des ressources et notamment de l’énergie, d’autre part", comme il l’a rappelé lui-même ce 18 janvier 2012.

La hausse des prix de l’énergie et les exigences de la politique contre le changement climatique exposent les industriels de l’UE à des pressions qu’ils ont du mal à affronter

Un des premiers soucis des industriels est l’évolution des prix de l’énergie. Le recours progressif aux énergies renouvelables permettra selon le chef de la FEDIL de répondre "à la remontée rapide des prix de matières premières" et "aux risques politiques et militaires" des régions exportatrices. Mais en accélérant les programmes de sortie du nucléaire, l'accident de Fukushima en 2011 a indirectement posé des contraintes nouvelles aux entreprises, tenues qu'elles sont désormais d'"augmenter d’un cran la vitesse de remplacement des productions traditionnelles d’électricité" pour "rester en ligne avec leurs objectifs climatiques". Or; la tache n'est pas aisée dans un pays comme le Luxembourg, où le renouvellement des réseaux électriques induit par ces nouvelles perspectives oblige à faire face aux défenseurs des intérêts écologiques, à l’esprit de clocher mais aussi à des "procédures d’autorisation pluriannuelles (…) incompatibles avec les aspirations de modernisation du système énergétique".

Le président de la FEDIL déplore aussi l'isolement de l'UE constatée à Durban dans le cycle de négociations pour la lutte contre le changement climatique. Isolée, l'UE le serait aussi par les menaces de sanctions commerciales brandies par ses principaux partenaires de l’OCDE, à cause de sa volonté de soumettre l’aviation internationale à son régime des quotas et de l’intention de la Commission de défavoriser l’importation de certaines catégories de pétrole brut. La solitude de l'UE dans ce contexte peut "affecter le climat d’investissement", "au profit d’un processus lent, mais continu, de désindustrialisation", estime le président de la FEDIL. Cela illustrerait des "politiques parfois aléatoires et souvent isolées" qui "renchérissent la facture énergétique et compliquent la définition de projets d’investissement".

Pour une "vraie politique industrielle"

Robert Dennewald en vient ainsi à la revendication principale de son discours, la mise sur pied d'une "vraie politique industrielle" qui "doit compléter, au niveau de l’Union européenne, mais aussi au niveau du Luxembourg, les politiques énergétique et écologique". L'industrie, actuellement en déclin (au Luxembourg, le poids du secteur industriel dans l’économie luxembourgeoise est; depuis 1995, passé de 15,3 % du PIB à 8,1 %) a un rôle-clé "que ce soit par son effet multiplicateur sur d’autres secteurs, son réservoir pour l’emploi peu qualifié ou encore en tant que pôle d’innovation et de recherche". La FEDIL plaide ainsi pour le développement des structures existantes, la délocalisation ne pouvant être compensée "dans le court terme par de nouveaux projets d’investissement d’envergure". Ce nouveau développement devrait aller de pair avec la création de "niches de compétences" bâties par "l’innovation et la recherche"; suggère-t-elle dans la foulée.

fedilPour mener un tel processus, les industriels proposent, comme ils l'avaient déjà fait en octobre 2011 de mettre en place un "Haut Comité pour le développement de l’industrie", qui soit à caractère public-privé mais placé sous la tutelle du Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur. Cet organe aurait notamment pour mission de "faire l’inventaire des paramètres freinant le développement de l’industrie, éliminer blocages "de nature souvent institutionnels" et identifier ensemble les défis et opportunités sur les plans national et international.

"C'est le manque de confiance qui dissuade l'industrie d'investir"

Le président de la FEDIL, Robert Dennewald; fait considérer le besoin d'un renouvellement de la confiance, "prémisse à tout engagement et à tout contrat conclu entre parties". Plutôt que de parler de la crise de l'euro, une crise que la stabilité de son taux de change dément, il préfère constater "une crise de confiance" des marchés financiers envers la zone euro, et celle des marchés envers la classe politique. Ses propos rejoignent ceux du Commissaire européen à l'industrie et à l'entreprenariat Antonio Tajani, diffusés le lendemain, 19 janvier 2012, qui commente la baisse de 1 % de la production industrielle de l’UE avec les mots suivants: "Ce qui m'inquiète le plus est que ces chiffres pourraient être meilleurs. Nos données confirment que la compétitivité de l'industrie européenne de l'Europe s'est améliorée mais c'est le manque de confiance qui dissuade l'industrie d'investir". Il en déduit que "les prix élevés de l'énergie, la consolidation budgétaire et les difficultés persistantes pour accéder au crédit continuent à affecter les dynamiques de rétablissement".

"La méthode communautaire est toujours préférable à la méthode intergouvernementale"

Robert Dennewald estime que la solution à cette situation réside "dans la capacité des Etats à mener à bien un agenda de réformes structurelles". Il constate que la crise de confiance touche l'Union européenne, incapable de se doter d'une gouvernance économique "et de discipliner ses mauvais élèves". Au choix d'un traité intergouvernemental posant "les bases d’une union budgétaire", Robert Dennewald aurait préféré voir la Commission être une partie de cet accord qui va devenir traité. "La méthode communautaire est toujours préférable à la méthode intergouvernementale, et ce en particulier pour un pays comme le [Luxembourg]"; dit-il. Il regrette d'ailleurs que le suivi des engagements pris dans les accords de coordination économique tels le semestre européen ou le pacte dit "euro plus" " ne soit pas assuré à travers un agenda réformateur ambitieux". "Le retour de la confiance ne passera que par un engagement sérieux des gouvernements de la zone euro à pousser les réformes structurelles." Celui-ci doit aussi se décliner au niveau national. "L’action nationale doit être en phase avec les discussions menées et les décisions prises au niveau de l’Union européenne. Tout décalage serait un non-sens, voire un aveu d’impuissance."

Jean-Claude Juncker dit non à la désindexation de l’économie et ne touchera pas au principe de l’indexation des salaires

Lors de son intervention, le Premier ministre Jean-Claude Juncker, directement interpellé par Robert Dennewald sur l’insuffisance des mesures prises par le gouvernement en ce qui concerne la modulation de l’indexation des salaires et sur la revendication de la FEDIL de désindexation totale de l’économie, des salaires comme des contrats, pour éviter que l’index ne continue à être un facteur d’inflation, a répondu qu’il ne toucherait pas au principe de l’indexation des salaires et ne désindexerait pas l'économie du pays telle que cela a été suggérée par la FEDIL. La dernière manipulation de décembre 2011 "suffit". "Je ne serai pas celui qui abolira l'indexation des salaires", a-t-il prévenu. Jean-Claude Juncker a par contre confirmé qu’il a effectivement une perte de confiance envers le monde financier mais aussi envers la classe politique. Mais il pense au contraire que l'UE a réagi plus rapidement depuis deux ans que les années précédentes, alors que la monnaie commune facilite toujours la création d'emplois.