Dans un article paru dans le Tageblatt daté du 26 janvier 2012, le journaliste Guy Kemp fait le point sur le dossier "roaming", actuellement en discussion au niveau des commissions au Parlement européen. En juillet 2011, la Commission européenne a en effet mis sur la table un projet de refonte du règlement sur l’itinérance, le roaming, dans l’objectif de stimuler la concurrence en la matière. Au Parlement européen, c’est la commission Industrie, recherche et énergie (ITRE) qui a été saisie et le rapporteur est Angelika Niebler (PPE). L’eurodéputé luxembourgeois Robert Goebbels (S&D), qui est membre de cette commission, suit le dossier pour son groupe politique. Si le Conseil Télécommunications a tenu un premier débat sur le sujet le 13 décembre 2011, les eurodéputés de la commission IMCO, qui doivent eux aussi prononcer un avis sur ce projet, se sont penchés sur le sujet le 20 décembre 2011. Les membres de la commission ITRE en ont discuté à leur tour le 23 janvier 2012. Pour le moment, il est prévu que le Parlement européen aborde la question en séance plénière en avril 2012.
Robert Goebbels est donc en pleine bataille pour faire valoir ses arguments. Il critique en effet vertement la proposition de la Commission qui prévoit notamment de permettre aux consommateurs d’utiliser un numéro auprès de deux opérateurs différents, selon qu’il utilise son téléphone pour des communications nationales, ou internationales. "Nous maintenons là les frontières nationales en tant que frontières fictives au sein du marché intérieur", déplore l’eurodéputé socialiste qui prend l’exemple du prix d’une communication entre Thionville et Luxembourg, qui resterait toujours plus chère qu’une communication entre Thionville et Bordeaux. A l’heure de la Grande Région et au vu de la réalité des échanges transfrontaliers en son sein, on peut aisément concevoir qu’il y a un malaise.
Et pourtant, argue Robert Goebbels, techniquement, les coûts supplémentaires engendrés par l’itinérance sont injustifiables. Et ce d’autant plus, relève l’eurodéputé, que 80 % du marché de la téléphonie mobile de l’UE sont dominés par quatre grands opérateurs. Ils gagnent beaucoup d’argent avec le roaming, indique-t-il encore : en 2009, les opérateurs de téléphonie mobile de l’UE ont dépensé 1,25 milliards d’euros de frais d’itinérance, au tarif de gros, alors que les utilisateurs ont déboursé la même année 5 milliards d’euros en frais d’itinérance. Robert Goebbels calcule donc le gain fait par les opérateurs, qui atteindrait selon lui 3,75 milliards d’euros.
Robert Goebbels pointe aussi l’échange de données pour lesquelles le prix de gros a chuté de 70 % au cours des trois dernières années alors que le prix appliqué aux consommateurs n’a lui diminué que de 15 %. "Il est absolument nécessaire que nous intervenions", juge par conséquent l’eurodéputé qui considère qu’il sera possible d’obtenir de fortes baisses des frais d’itinérance, tant pour les appels que pour les données.
Mais, en plus de veiller à ce que les tarifs de l’itinérance soient aussi bas que possibles, Robert Goebbels entend aussi pousser la Commission à proposer pour une date donnée la suppression totale des tarifs d’itinérance.