Le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes de Belgique, Didier Reynders, s’est rendu à Luxembourg le jeudi 9 février 2012 pour une visite de travail auprès de son homologue luxembourgeois, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn. A l'ordre du jour des pourparlers ont figuré, outre les relations bilatérales et la coopération dans le cadre du Benelux, les grands sujets d'actualité européenne et internationale.
Jean Asselborn a mis en avant l’entrée en vigueur du nouveau Traité Benelux le 3 février 2011. Comme Didier Reynders, il s’est prononcé en faveur d’un renforcement de la coopération au sein du Benelux, notamment dans le domaine de la politique étrangère et des questions européennes. La concertation régulière entre les trois partenaires au niveau de leurs chefs de la diplomatie- trois partenaires qui arrivent avec leurs 27,2 millions d’habitants à 27 voix sur 345 au Conseil (comme la Pologne et l’Espagne, et deux de moins que les quatre grands Etats de l’UE, Allemagne, France, Royaume Uni et Italie) -, devrait être institutionnalisée. S’ils arrivent à s’entendre sur des initiatives conjointes, les pays du Benelux pourront mieux peser sur les processus de discussion et de décision dans l’UE.
Jean Asselborn a rappelé des initiatives du Benelux qui ont déjà connu du succès au sein de l’UE. Parmi ces initiatives, il y a les propositions sur la mise en œuvre du Traité de Lisbonne, sur l’établissement du Service européen d’action extérieure, sujet sur lequel le Benelux a présenté en avril 2011 plusieurs recommandations en vue d’améliorer les méthodes de travail du service, toujours en mettant l’accent sur la méthode communautaire, et cela d’autant plus que l’UE a pris "un virage intergouvernemental". Le Benelux cherche par ailleurs à approfondir ses relations avec d’autres groupes régionaux de pays, notamment avec les trois pays baltes, les pays scandinaves et si possible avec les pays du groupe de Višegrad, c’est-à-dire la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Jean Asselborn a aussi rappelé la rencontre des ministres des Affaires étrangères des trois pays du Benelux avec le représentant du Conseil national de transition de la Libye (CNT), Mahmoud Djibril, à Bruxelles en juillet 2011, et signalé sa disposition pour de pareilles initiatives dans le futur, comme en Syrie.
Didier Reynders a expliqué dans ce contexte que l’UE défend des valeurs et les droits de l’homme dans ses relations avec des pays tiers. Dans le contexte du printemps arabe, cette manière d’aborder les choses peut se traduire par un soutien, une retenue et des sanctions, comme dans les discussions au Conseil de sécurité sur la Syrie, où le Benelux doit se manifester.
Ce nouveau Benelux renforcé et actif sur la scène internationale et au sein de l’UE serait-il une réponse à un couple franco-allemand trop puissant et peu soucieux de l'opinion des petits pays ? C'est ce que voulait savoir un journaliste lors de la conférence de presse. La réponse de Didier Reynders : le couple franco-allemand est indispensable, et il est important que ces deux pays tombent d’accord en cette période de crise budgétaire, économique et financière, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi le Benelux doit faire savoir qu’il veut être associé et consulté, et qu’il a une capacité de proposition sur les grands dossiers. Une chose qui a selon lui été favorablement accueillie à Berlin, comme il a pu le constater lors de sa visite auprès de son homologue Guido Westerwelle, le 7 février dernier.