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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Une réunion "très normale" a permis de confirmer le lancement du plan d’aide la Grèce et d’étudier de près la situation budgétaire de l’Espagne
12-03-2012


Le 12 mars 2012, les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis pour un Eurogroupe "très normal" mais "intense", ainsi que l’a qualifié Jean-Claude Juncker, qui en assurait la présidence, tandis que Luc Frieden y représentait le gouvernement luxembourgeois.

La forte participation des créanciers privés de la Grèce à l’opération d’échange de sa dette va permettre de faire baisser le niveau de la dette grecque à 117 % de son PIB d’ici 2020

Les ministres des Finances des États membres de la zone euro ont fait le point sur le deuxième programme d’assistance financière à la Grèce avant le lancement définitif de ce dernier. La réunion a en effet permis de confirmer le feu vert au plan d’aide à la Grèce donné en principe lors de la conférence téléphonique du 9 mars dernier. Après cette adoption politique d’un plan de 130 milliards d’euros, un "montant sans précédent pour garantir l'avenir de la Grèce dans la zone euro", a insisté Jean-Claude Juncker, la "formalisation" de ce plan d’aide va se faire lors d’une réunion du groupe de travail de l’Eurogroupe qui aura lieu le 14 mars prochain afin de vérifier notamment que toutes les procédures nationales requises sont bien remplies. Ce deuxième planJean-Claude Juncker rendant compte à la presse de la réunion de l'Eurogroupe du 12 mars 2012 (c) Le Conseil de l'UE est "une deuxième chance pour la Grèce", et elle ne saurait être manquée, a souligné le président de l’Eurogroupe en affirmant que désormais, "l'avenir de la Grèce dans la zone euro ne fait aucun doute". De son côté, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a salué "un nouveau départ pour la Grèce" avec ce deuxième programme d'aide.

Les ministres des finances de la zone euro ont salué la forte participation des créanciers privés de la Grèce à l’opération d’échange de sa dette qui va permettre, d’après les chiffres communiqués par Jean-Claude Juncker à l’issue de la réunion, de faire baisser le niveau de la dette grecque à 117 % de son PIB d’ici 2020, et ce alors que l’objectif escompté était de 120,5 %.

Jean-Claude Juncker a fait part des assurances du gouvernement grec quant au fait qu’il n’y aurait pas la moindre compensation accordée à un quelconque détenteur d’obligations grecques. Il a par ailleurs rappelé que le service de la dette devait être une priorité, ce qui sera garanti par la création d’un compte dédié à cet effet. Le ministre des Finances grec, Evangelos Venizelos, entend présenter les mesures allant dans ce sens au parlement grec dans les prochaines semaines.

"Nous attendons une contribution importante du FMI", a réaffirmé Jean-Claude Juncker en évoquant le chiffre de 28 milliards d’euros que la directrice du FMI, Christine Lagarde, a l’intention de recommander à son conseil d’administration.

Pour ce qui est du renforcement des capacités financières de l’ESM et de l’EFSF, la Commission a reçu mandat pour faire des propositions sur lesquelles les ministres devraient s’entendre lors de leur réunion informelle prévue à la fin du mois à Copenhague.

"Nous avons franchi un obstacle", estime Luc Frieden, mais "nous ne sommes pas au bout du tunnel"

Luc Frieden s’est vu interrogé par le journaliste Pierre Reyland au lendemain de cette réunion. Si le terme de "soulagement" évoqué par le journaliste de RTL Radio Lëtzebuerg ne lui semble pas adéquat, vu qu’il s’agit en fin de compte d’un deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros assorti de conditions extrêmement fortes et strictes Luc Frieden, Jean-Claude Juncker et Evangelos Venizelos en discussion lors de la réunion de l'Eurogroupe du 12 mars 2012 (c) SIP / Jock Fistickpour la Grèce, Luc Frieden explique cependant que "cela atteindra son but", qui est que la Grèce puisse se retrouver sur pied d’ici quelques années. Aux yeux du ministre luxembourgeois, il va s’agir d’un "long processus". "Nous avons franchi un obstacle", estime Luc Frieden, mais "nous ne sommes pas au bout du tunnel". Le ministre luxembourgeois est en effet d’avis que "le problème de la Grèce, comme celui d’autres pays de la zone euro, reste très difficile".

L’Eurogroupe a examiné le rapport de la troïka - Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international - sur la mise en œuvre du programme d’ajustement du Portugal en vue du versement de la 4e tranche d’aide de ce programme. "Le programme est sur les rails", a commenté Jean-Claude Juncker, évoquant une situation budgétaire sous contrôle et des mesures structurelles en cours. Le président de l’Eurogroupe a exprimé sa confiance quant au fait que le gouvernement portugais va poursuivre les réformes prévues par le programme d’ajustement.

La Belgique a présenté à ses partenaires les mesures de consolidation budgétaire qui sont sur le point d’être adoptées. Ce nouveau train de mesures d'un total de 1,82 milliard d'euros, qui s'ajoutent aux 11,3 milliards d'économies décidés fin 2011, a été salué comme un effort "considérable" par Jean-Claude Juncker.

L’Espagne est invitée à faire des efforts supplémentaires en 2012 en matière de consolidation budgétaire

Les ministres ont eu un échange de vues sur la situation financière et budgétaire de l’Espagne. Dans une déclaration publiée à l’issue de la réunion, les ministres "notent le dépassement important dans l’exécution du budget 2011, qui va requérir un plus large effort de consolidation en 2012". Les ministres saluent l’engagement du gouvernement espagnol de porter le déficit en-deçà de 3 % pour 2013. "Il est crucial que l'Espagne se soit engagée à respecter cet objectif budgétaire", a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, pour qui c'est "essentiel pour rétablir la confiance dans l'économie espagnole et dans celle de la zone euro dans son ensemble".Luis De Guindos Jurado, le ministre espagnol des Finances, en discussion avec Jean-Claude Juncker lors de l'Eurogroupe du 12 mars 2012 (c) SIP / Jock Fistickistick

Pour 2012 en revanche les ministres des Finances de la zone euro ont demandé au gouvernement espagnol de réduire son déficit public à 5,3 % du PIB, contre un objectif initialement prévu de 4,4 %. Ce nouvel objectif est néanmoins un peu inférieur à celui qu'avait annoncé le Premier ministre Mariano Rajoy le 2 mars à l'issue du Conseil européen, lorsqu'il avait parlé d'un chiffre de 5,8 %, suite à un déficit en 2011 beaucoup plus important que ce qui était escompté, supérieur à 8 %.  Pour cette année, "l'Eurogroupe estime que la correction du déficit excessif devrait être garantie par un effort supplémentaire de l'ordre de 0,5 point de pourcentage du Produit intérieur brut", soit 5,3 %, a ainsi déclaré à la presse Jean-Claude Juncker.   

"Nous sommes confiants dans le fait que l'Espagne parviendra à une réduction de 0,5 % en plus de ce qui a déjà été décidé", a souligné Jean-Claude Juncker, jugeant que "ce qui est plus important c'est l'objectif de 3 % en 2013". En attendant, "il appartiendra aux autorités espagnoles de sélectionner les initiatives qui devront être prises pour réduire le déficit en 2012", a-t-il dit, estimant que "les voies choisies en 2012 sont moins importantes" que l'objectif fixé pour 2013.

"Nous n'allégeons nullement les contraintes" budgétaires européennes, s’est défendu le président de l’Eurogroupe face aux remarques de journalistes qui voient là un "coup de canif" dans les engagements de la zone euro à plus de discipline budgétaire. Olli Rehn a pour sa part rappelé que le retour de l'Espagne dans la limite des 3 % de déficit public était prévu pour 2013 et pas avant, contrairement par exemple à la Hongrie qui aurait dû revenir dans les clous dès 2011 et qui ne l'a pas fait.

Luc Frieden a rappelé au micro de Pierre Reyland que "l’Espagne a toujours été un pays sur lequel nous avons gardé l’œil". L’Espagne, qui vient de constater qu’en 2011, son déficit a atteint 8,5 % du PIB, veut revenir en dessous du seuil de 3 % d’ici 2013, souligne le ministre des Finances. "C’est bien sûr un énorme problème de faire ça en deux ans", admet-il. "Nous pensons, avec les 16 autres ministres des Finances de la zone euro, que ce qui était prévu pour cette année ne suffisait pas et nous avons donc demandé hier à notre collègue espagnol (…) de faire des efforts supplémentaires pour cette année", raconte Luc Frieden. Il explique que, comme le gouvernement espagnol vient d’entrer en fonction, le budget 2012 n’a pas encore été adopté. "Ils vont voir dans les prochains jours comment ils peuvent prendre des mesures de consolidation supplémentaire, en plus des mesures qu’ils ont déjà annoncées, pour éviter que l’Eurogroupe doive aussi aider l’Espagne", ajoute Luc Frieden qui estime que ce ne serait bon ni pour l’Espagne, ni pour l’Eurogroupe.

L’Eurogroupe a discuté de la nomination d’un candidat pour un poste à pourvoir au sein du Comité de direction de la Banque centrale européenne. Trois candidats sont en lice : le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg, Yves Mersch, l'Espagnol Antonio Sainz de Vicuna et le Slovène Mitja Gaspari. Mais, comme l’a indiqué Jean-Claude Juncker, aucune position claire ne s’est dégagée des discussions. Or, la décision doit être prise à la majorité qualifiée. Le sujet reviendra donc sur la table des ministres des Finances de la zone euro lors de leur réunion informelle prévue fin mars à Copenhague.