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"On ne pourra pas modifier les éléments qui font la substance du pacte budgétaire", estime Jean-Claude Juncker tout en annonçant qu’on va "ajouter au pacte budgétaire des éléments de croissance, pas forcément sous la forme d’un traité"
08-05-2012


Après les premières réactions suscitées par l’élection de François Hollande à la présidence de la République française, le Luxembourg décline, par les voix de son Premier ministre, de son ministre des Affaires étrangères et de son ministre de l’Economie, sa position quant à la volonté de François Hollande de compléter le pacte budgétaire par un pacte sur la croissance.Le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'UEM, plus connu sous le nom de "pacte budgétaire", lors de sa signature le 2 mars 2012 (c) Le Conseil de l'UE

"Il ne faut pas risquer de ne plus avoir de croissance du tout", déclare Etienne Schneider à Montréal

Etienne Schneider, qui était en visite à Montréal, a jugé "plutôt positive" la volonté de François Hollande de faire évoluer "la politique d'austérité qui est actuellement menée en Europe, vers une politique de croissance". "Les dernières années ont démontré qu'on ne peut pas mener une politique orientée seulement vers l'austérité. Dans ces temps difficiles, il faut avoir le courage d'investir dans notre économie, dans nos infrastructures, pour donner à l'Europe une chance de sortir de cette crise", cite ainsi l’AFP, dont un correspondant assistait à l’allocution que le ministre de l’Economie et du Commerce extérieur a tenue dans la soirée du 7 mai 2012 devant le Conseil des Relations internationales de Montréal.

Tout en reconnaissant le bien-fondé des programmes de stabilité adoptés par différents pays, Etienne Schneider a estimé qu'il "ne faut pas risquer de ne plus avoir de croissance du tout". "C'est difficile car beaucoup de pays n'ont pas d'argent pour investir", a-t-il relevé, citant l'exemple du Portugal. Mais, a-t-il plaidé, "il faut trouver cet argent". "Il y a eu déjà un mouvement du côté de la chancelière Merkel et un autre de la part de la  Commission européenne qui se trouve maintenant dans un virage après les élections en France, pour dire qu'il faut trouver des solutions, par exemple une augmentation du capital de la Banque européenne d'investissements", a expliqué le ministre luxembourgeois. Selon lui, les fonds ainsi dégagés devraient permettre des "investissements dans des infrastructures, en matière d'interconnexions dans l'énergie ou la logistique".

"Pour le Luxembourg", résume l’agence de presse, "Hollande sortira l'Europe de sa politique d'austérité".

"On ne pourra pas modifier les éléments qui font la substance du pacte budgétaire", indique Jean-Claude Juncker qui annonce toutefois qu’on va "ajouter au pacte budgétaire des éléments de croissance, pas forcément sous la forme d’un traité"

ZDFLe même soir, Jean-Claude Juncker répondait aux questions de Marietta Slomka sur la ZDF. Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe y rappelle que François Hollande plaide pour une réduction du déficit et de la dette en France qui devrait être accompagnée d’initiatives pour la croissance européenne. "Les deux vont de pair, ce n’est pas nouveau", souligne Jean-Claude Juncker qui glisse d’ailleurs que certains éléments censés impulser la croissance ont été discutés au cours des derniers mois. "Mais nous ne disposons pas encore d’une véritable stratégie de croissance", admet-il, assurant qu’il va maintenant s’agir de "regrouper ces éléments de façon stratégique".

Pour autant, Jean-Claude Juncker émet "le plus grand doute" quant au fait que le pacte budgétaire va être renégocié. "On ne pourra pas modifier les éléments qui font la substance du pacte budgétaire", indique en effet le président de l’Eurogroupe selon qui "il n’y aura pas de nouvelles négociations formelles". Mais, annonce-t-il, ce qui est "dans les tuyaux" et qui va être désormais "accéléré", c’est qu’on va "ajouter au pacte budgétaire des éléments de croissance, pas forcément sous la forme d’un traité".

Jean-Claude Juncker précise que, pour ce qu’on entend par croissance, certains plaident, "et ils n’ont pas tort", pour la mise en œuvre de réformes structurelles dans les pays de la zone euro en difficulté. Et puis, ajoute Jean-Claude Juncker, "il faut stimuler la croissance, et cela doit venir de l’Europe". "La consolidation budgétaire, qui est nécessaire et sans alternative, doit être menée par les Etats nationaux. Les impulsions de croissance peuvent être conduites au niveau européen dans les pays en difficulté", explique le président de l’Eurogroupe.

Jean-Claude Juncker, qui avait eu un entretien téléphonique avec François Hollande dans la journée, va le rencontrer le jeudi 10 mai à Paris en sa qualité de président de l’Eurogroupe. "Je lui ai clairement signifié qu’il y a des choses qui vont et d’autres qui ne vont pas" dans ses revendications, raconte Jean-Claude Juncker. "Ce qui ne va pas, c’est de reprendre complètement le pacte budgétaire sur lequel nous avons un accord", a-t-il précisé, ajoutant que beaucoup ne voudront pas s’y prêter, même si "tous sont d’accord, depuis des mois déjà, avec l’idée que nous avons besoin de stimuler la croissance en Europe". "Comme il n’est pas possible que nous ne mettions à l’ordre du jour européen que des exigences d’austérité, nous devons aussi donner des perspectives d’espoir", commente Jean-Claude Juncker qui voit dans le résultat des élections grecques "une absence absolue d’espoir". "Nous devons remédier à ce dilemme", conclut-il.

"Je ne crois pas qu’il y aura une renégociation de la substance du pacte de stabilité. Mais il y aura un rééquilibrage avec de la croissance", a confié Jean Asselborn au Quotidien

Dans un entretien qu’il a accordé au journaliste Bertrand Slézak, du Quotidien, Jean Asselborn confirme les proposLe Quotidien du Premier ministre. "Je ne crois pas qu’il y aura une renégociation de la substance du pacte de stabilité. Mais il y aura un rééquilibrage avec de la croissance", affirme-t-il en effet. "Ce ne sera pas facile mais beaucoup de pays pensent la même chose, y compris où des conservateurs sont au pouvoir", confie Jean Asselborn au journaliste. Il explique qu’il va y avoir un référendum en Irlande, que d’autres pays ont commencé à débattre au sein de leur Parlement : "il faut voir quelle image nous donnerions aux marchés et au monde si on remettait en cause le texte", argue Jean Asselborn. "Il faut être honnête, il y a déjà eu des pourparlers à Bruxelles et je pense qu’il y aura un complément axé sur des moyens de stimuler la croissance", conclut-il.