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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale - Environnement
Jean-Claude Reding (OGB-L) défend une voie moyenne, entre endettement et austérité, pour relancer l'économie européenne
24-05-2012


Le 23 mai 2012, à Bruxelles, une délégation de l'OGB-L était venue gonfler les rangs des syndicats européens présents devant le bâtiment du Conseil où se tenait le sommet informel. Les syndicalistes voulaient ainsi manifester leur hostilité à la poursuite d'une politique d'austérité budgétaire et leur attachement à une nouvelle politique de l'emploi et de la croissance. Le journaliste du Tageblatt, Guy Kemp, s'est entretenu à cette occasion avec le président de l'OGB-L, Jean-Claude Reding.

Ce dernier explique le nouveau rapport de forces politiques né des derniers événements. "Il y a eu un changetageblattment politique en France. Les débats sur les questions européennes et la politique sociale et économique étaient assez clairs durant la campagne française. A côté de cela, on constate que toujours plus de pays connaissent des crises politiques, pas seulement en Grèce." Reding évoque le cas des Pays-Bas et de l'Europe centrale et orientale.

"Après la crise financière et économique, nous avons eu une crise sociale qui s'est transformée en crise politique. Cela repose sur une politique menée depuis 15 ans, qui n'a pas empêché la crise économique, bien au contraire." Elle se traduit par plus de pauvreté et plus d'inégalités en Europe." Jean-Claude Reding se sent confirmé dans son analyse par les récentes déclarations du G 8 et les réflexions autocritiques de l'OCDE, selon lesquelles "leur politique ne sort pas de la crise, mais augmente le danger d'une récession et fait augmenter les inégalités".

Le potentiel de la croissance verte

Ainsi serait-il plus judicieux de "revoir la politique d'austérité et de ne plus mettre de pression sur les salaires en Europe". Au contraire de la tendance actuelle, le développement salarial doit être plus soutenu. Jean-Claude Reding accueille ainsi comme un "signe très positif" les augmentations de salaire, "bien au-dessus de l'inflation", qui viennent d'être conclues en Allemagne. C'est "l'échappatoire au danger de la récession".

Il faut ensuite développer des projets qui indiquent "où et comment investir". Jean-Claude Reding regrette qu'il soit beaucoup question de la croissance verte, sans pour autant qu'il n'y ait encore de projets en la matière sur la table. Ni au niveau européen, ni au niveau national. Pourtant, la Confédération européenne des syndicats a, à travers une étude, montré "l'énorme potentiel" de la croissance verte, lequel a d'ailleurs été confirmé par l'OCDE.

Jean-Claude Reding déplore par ailleurs que l'Union européenne défende encore des réformes structurelles qui reposent sur la flexibilisation et le détricotage de la protection contre les licenciements. De même, toute réduction de l'indemnité chômage ne peut conduire qu'à davantage de précarité.

"Des dettes pour investir dans le futur, ce n'est absolument pas un drame"

Le président de l'OGB-L ne voit pas de contradiction entre la rigueur budgétaire et la croissance. "Cela ne peut pas aller quand on contracte des dettes pour gérer les dépenses courantes", concède-t-il. "Si c'est au contraire pour investir dans le futur, ce n'est absolument pas un drame." Jean Claude Reding considère qu'il faut "interrompre le cercle vicieux" selon laquelle la richesse créée va au capital et non pas aux salariés". Dans ce cas, " les salaires réels chutent, les gens doivent emprunter, l'endettement des ménages croît et nous nous retrouvons dans le scénario américain d'avant 2008."

Jean-Claude Reding souligne encore ne pas plaider pour l'endettement du Luxembourg et les autres pays européens. Par contre, "il faut trouver une voie moyenne pour relancer l'économie". Le Luxembourg, dépendant des autres pays, y a tout intérêt. Le président de l'OGB-L fait remarquer au passage que c'est le débat qu'il mène depuis et encore aujourd'hui avec le gouvernement. "Ce dernier a déjà flambé 0,5 % du potentiel de croissance à travers une politique d'épargne brutale et fausse."