Le "Tánaiste", c’est ainsi qu’on appelle en Irlande le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et du Commerce, en l’occurrence Eamon Gilmore, a effectué une visite de travail au Luxembourg le 25 juin 2012 où il a été reçu par son homologue du Luxembourg, Jean Asselborn.
L’échange de vues a porté sur les récents développements au sein de la zone euro et sur les pistes à envisager afin de fournir une réponse globale et une solution durable à la crise de la dette souveraine, d’assurer la stabilité de la zone euro et de relancer la croissance économique.
Le ministre Asselborn a salué le résultat du référendum du 31 mai 2012 en Irlande, au cours duquel le peuple irlandais a ratifié avec une majorité de 60,7 % le nouveau traité intergouvernemental sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’UEM, autrement dit le pacte budgétaire.
Jean Asselborn a félicité son homologue pour les efforts remarquables menés par le nouveau gouvernement de coalition du Premier ministre Enda Kenny, constitué en mars 2011, dans la lutte contre les conséquences néfastes de la crise de la dette souveraine dans une Irlande ébranlée par une bulle immobilière depuis 2008-2009.
Le pays a rempli ses obligations vis-à-vis de l’Union européenne dans le cadre du programme d’assistance financière. Reste que le chômage frappe 14 % de la population, et surtout les jeunes, et le gouvernement irlandais espère une relance de l’économie et des mesures de croissance au niveau de l’UE que le Conseil européen devrait initier. "L’Irlande a moins de problèmes avec la crise qu’avec le redéploiement durable de l’économie et de la solidarité européenne", a déclaré Eamon Gilmore, qui estime cependant que de plus en plus d’acteurs dans l’UE commencent à comprendre cela et qu’il faut donc un agenda européen de sortie de crise misant sur la croissance.
Le Conseil européen des 28 et 29 juin 2012 a été évoqué sur plusieurs points. Au cours de ce sommet, le groupe constitué autour de son président Herman Van Rompuy, et dont fait aussi partie Jean-Claude Juncker, présentera un rapport intérimaire sur le futur de l’UE qui pose selon Jean Asselborn la question s’il faut approfondir l’UE ou s’il faut d’abord "d’abord résoudre les problèmes posés par la législation secondaire", autrement dit l’acquis communautaire.
En ce qui concerne l’introduction d’une taxe sur les transactions financières, l’Irlande est pour, tout comme le Luxembourg "n’est pas contre", si celle-ci n’a pas un effet négatif sur l’intégrité du marché intérieur qui doit être préservée. Pour Jean Asselborn, ce ne serait pas à partir d’une perspective marché intérieur la bonne voie à prendre que d’avoir d’un côté le centre financier de Londres sans TTF, et la TTF grevant d’autres centres financiers
Quant à l’intégration budgétaire, Jean Asselborn a mis en garde contre une tendance à trop ronger les compétences des parlements nationaux. Et puis, s’est-t-il demandé, qu’est-ce qui devrait venir d’abord : la mutualisation des dettes, pour laquelle l’Irlande s’engage aussi, ou la mutualisation des budgets. "Pour moi, ce doit d’abord être la mutualisation des dettes, et ce serait un signe fort pour les marchés", a-t-il dit. Le ministre irlandais a de son côté plaidé pour une séparation de la dette bancaire de la dette des Etats. D’où son soutier à l’idée d’une union bancaire, sur laquelle il voudrait néanmoins des détails.